Par Peter Amsterdam
octobre 24, 2019
[The Barren Fig Tree]
La parabole du figuier stérile se trouve au chapitre treize de l’évangile de Luc. Luc nous dit que Jésus parlait à une foule nombreuse. On l’interrogea à propos d’un incident durant lequel Ponce Pilate avait fait tuer des gens du nord d’Israël. Il leur répondit en parlant d’une tour qui s’était effondrée en tuant dix-huit personnes. L’évocation de ces deux incidents l’amena à raconter la parabole du figuier stérile ; avant de passer à la parabole, il me donc paraît utile de lire le passage qui la précède.
A cette époque survinrent quelques personnes qui informèrent Jésus que Pilate avait fait tuer des Galiléens pendant qu’ils offraient leurs sacrifices. Jésus leur dit : « Pensez-vous que ces Galiléens ont subi un sort si cruel parce qu’ils étaient de plus grands pécheurs que tous leurs compatriotes ? Non, je vous le dis ; mais vous, si vous ne changez pas, vous périrez tous, vous aussi. Rappelez-vous ces dix-huit personnes qui ont été tuées quand la tour de Siloé s’est effondrée sur elles. Croyez-vous qu’elles aient été plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis ; mais vous aussi, si vous ne changez pas, vous périrez tous. »[1]
Quand les gens parlèrent à Jésus du terrible massacre qui s’était produit, sa réponse aborda une croyance très courante de l’époque, selon laquelle lorsque des tragédies survenaient, les victimes ne faisaient que récolter ce qu’elles avaient semé en vertu du principe « mesure pour mesure », et que ces tragédies leur arrivaient à cause de leurs péchés. Il leur demanda pour la forme si les Galiléens qui s’étaient fait massacrer étaient, à leur avis, de pires pécheurs que les autres, avant de répondre clairement que non. Il posa la même question en prenant un autre exemple et répondit une fois de plus que, non, ces malheureux qui avaient péri n’étaient pas de pires pécheurs que les autres.
Jésus expliquait que ces tragédies montrent à quel point la vie est fragile et que la mort peut survenir à tout moment ; Il soulignait ainsi l’importance de se repentir, de recevoir le pardon que Dieu seul peut donner.
Là-dessus, il leur raconta cette parabole :
« Un homme avait un figuier dans sa vigne. Un jour, il voulut y cueillir des figues, mais n’en trouva pas. Il dit alors à celui qui s’occupait de sa vigne : « Voilà trois ans que je viens chercher des figues à cet arbre, sans pouvoir en trouver. Arrache-le ; je ne vois pas pourquoi il occupe la place inutilement. Maître, lui répondit l’homme, laisse-le encore cette année ! Je bêcherai encore la terre tout autour et j’y mettrai du fumier ; peut-être qu’il portera du fruit à la saison prochaine. Sinon, tu le feras arracher. »[2]
Les figuiers sont mentionnés 41 fois dans les Écritures ; ils peuvent atteindre entre quatre et six mètres de hauteur. En Israël, leurs fruits mûrissent en août et en septembre. Plusieurs passages de la Bible parlent de personnes qui habitent « au milieu de leurs vignes » ou « de leurs figuiers » pour symboliser la paix et la prospérité.
Celles-ci mettront en pièces leurs épées pour en faire des socs de charrue, et leurs lances pour en faire des serpes : aucune nation ne prendra plus les armes contre une autre et l’on n’apprendra plus à faire la guerre. Ils habiteront chacun au milieu de ses vignes et de ses figuiers, et il n’y aura personne pour les troubler, car la bouche de l’Eternel, le maître de l’univers, a parlé.[3]
En ce jour-là — le Seigneur des armées célestes le déclare — vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier.[4]
Juda et Israël, depuis Dan jusqu’à Beer-Shéba, habitèrent en sécurité, chacun au milieu de ses vignes et de ses figuiers durant tout le règne de Salomon.[5]
Dans certains passages de la Bible, le figuier symbolise Israël.
J’ai trouvé Israël comme un plant de raisins au milieu du désert, et j’ai vu vos ancêtres comme les premiers fruits sur un jeune figuier.[6]
Un peuple est venu fondre sur mon pays. Il est puissant et innombrable. Il a les dents d’un lion, les mâchoires d’une lionne. Il a dévasté ma vigne, il a ravagé mon figuier, il l’a dépouillé, abattu. Les rameaux de la vigne ont blanchi.[7]
Dans cette parabole, le propriétaire de la vigne dans laquelle poussait un figuier vint chercher des figues sur cet arbre. N’en ayant pas trouvé, il dit à l’homme qui s’occupait de la vigne d’arracher le figuier parce qu’il n’avait donné aucun fruit pendant trois années consécutives. Le propriétaire n’était pas impatient ; il avait attendu plusieurs années que l’arbre donne des fruits, mais après tout ce temps, il était stérile. Dans le livre du Lévitique, le Seigneur avait commandé de ne pas manger les fruits d’un arbre nouvellement planté pendant les quatre premières années.
Quand vous serez entrés dans le pays promis et que vous planterez toutes sortes d’arbres fruitiers, vous considérerez pendant trois ans leurs fruits comme impurs, vous n’en mangerez donc pas. La quatrième année, tous leurs fruits seront consacrés à l’Eternel en témoignage de reconnaissance. La cinquième année, vous en mangerez les fruits. Ainsi vous aurez des récoltes abondantes. Je suis l’Eternel, votre Dieu.[8]
Alors que la parabole nous dit que l’homme avait attendu trois ans qu’il donne des fruits, il se pourrait que dans l’esprit de ceux qui l’écoutaient, il avait attendu plus longtemps, puisque le propriétaire n’aurait pas prévu d’en manger les fruits durant les quatre premières années. Les auditeurs pensaient peut-être que l’arbre avait été planté sept ans auparavant, et que pendant les quatre premières années, le propriétaire n’avait pas eu le droit de manger les fruits, mais qu’il avait encore attendu trois ans de plus. Quoi qu’il en soit, cet homme avait attendu patiemment pendant pas mal de temps, et il était à juste titre fatigué d’attendre, parce que cela commençait à être long et que l’arbre occupait inutilement de la place dans la vigne, privant ainsi le sol et les autres plantes de nourriture. Le propriétaire estimait que le vignoble serait en meilleure santé sans la présence de l’arbre. Mais l’homme qui s’occupait de la vigne demanda de lui donner une saison de plus, pendant laquelle il soignerait le figuier, et que si cela ne marchait pas, il l’arracherait, à la demande du propriétaire. Comme dans d’autres paraboles, on ne nous dit pas comment se termine l’histoire—nous ne savons pas si le propriétaire donna ou non une année de plus au figuier.
Les commentateurs des paraboles de Jésus interprètent généralement cette parabole de deux façons. La première est que la parabole parle de la nation d’Israël ou du rôle dirigeant d’Israël. Cette parabole fait suite à une référence à Pilate—le préfet romain—qui avait fait exécuter un grand nombre de Galiléens, ce qui ne manquait pas de rappeler à l’auditoire de Jésus que la nation d’Israël était soumise à Rome. A cause des péchés d’Israël, ou de ses chefs religieux, on suppose que Jésus a raconté cette parabole pour avertir le peuple ou les chefs religieux qu’ils devaient se repentir, car Dieu était sur le point de les juger. Ce message faisait écho à l’avertissement de Jean-Baptiste :
Attention ! La hache est sur le point d’attaquer les arbres à la racine : tout arbre qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu.[9]
Le message de Jésus et de Jean était que les jugements de Dieu sur Israël étaient imminents et que la nation devait absolument se repentir. Dans le contexte de cette interprétation, la parabole peut être comprise à la lumière des écrits juifs dans lesquels les attributs de Dieu sont personnifiés, et où l’attribut de la justice discute avec l’attribut de la miséricorde. Si Dieu appliquait à Israël (ou à ses chefs religieux) une justice sévère, Israël périrait. Mais s’Il faisait preuve de miséricorde, ils pourraient se repentir. Dans cette parabole, le propriétaire et le vigneron sont respectivement la voix du jugement et celle de la miséricorde.
D’après cette interprétation, Jésus insistait sur le fait que le peuple d’Israël et/ou les dirigeants religieux juifs devaient se repentir avant qu’il ne soit trop tard. Dieu, dans sa miséricorde, leur donnait le temps de le faire, mais à la fin de ce répit, le jugement tomberait, et il est effectivement tombé. Quelques décennies plus tard, Jérusalem et le temple furent détruits par les Romains.
Selon une autre interprétation, cette parabole insiste sur l’urgence de la repentance avant qu’il ne soit trop tard. Pilate a tué des gens qui n’étaient ni meilleurs ni pires que d’autres. En s’effondrant, la tour de Siloé a tué accidentellement dix-huit personnes qui s’y trouvaient ou qui se trouvaient à proximité. Contrairement à la croyance très répandue de l’époque selon laquelle de telles tragédies frappaient les gens à cause de leurs péchés, Jésus explique que ces gens n’ont pas péri à cause de leurs péchés. Au contraire, d’après cette interprétation, Il insiste sur le fait que la vie est fragile et imprévisible, et que, par conséquent, il est important que chacun se repente sans attendre.
Avec cette parabole, Jésus dit clairement que chacun devra rendre compte de sa vie à Dieu et que personne ne sait quand ce moment arrivera. Le peu de temps qu’il nous reste est un don de Dieu qu’Il nous accorde en raison de sa patience et de sa miséricorde. Ce n’est pas par complaisance que Dieu nous donne du temps mais parce qu’il fait preuve de patience en ne nous rétribuant pas pour les péchés que nous avons commis contre Lui. Il laisse aux gens le temps de répondre à son amour, de venir à Lui, et de se repentir. Comme l’a écrit l’apôtre Paul :
Ou alors, méprises-tu les trésors de bonté, de patience et de générosité déployés par Dieu, sans te rendre compte que sa bonté veut t’amener à changer ?[10]
Son amour et sa miséricorde doivent amener tous les hommes à Lui, mais à un moment donné—et souvent, sans prévenir—le temps nous est compté et la vie touche à sa fin pour chacun de nous ; et, à ce moment-là, nous devrons rendre compte de notre vie.
Au lieu de privilégier une interprétation plutôt qu’une autre, je crois qu’elles sont toutes les deux correctes. Jésus était certainement très attristé de savoir ce qui allait arriver à Jérusalem, comme on peut le voir dans sa complainte :
Ah, Jérusalem ! Jérusalem ! Toi qui fais mourir les prophètes et qui tues à coups de pierres ceux que Dieu t’envoie ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes habitants auprès de moi comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! Mais vous ne l’avez pas voulu ![11]
Comme Il l’expliquait dans cette parabole, l’arbre ne portait pas de fruit et, donc, il méritait d’être arraché, mais à cause de la miséricorde et de l’amour de Dieu, il bénéficiera d’un sursis pour lui donner le temps de donner des fruits.
Nous qui sommes chrétiens devrions bien comprendre que chaque jour qui passe est un don de la miséricorde de Dieu ; chaque jour est aussi une occasion pour nous d’aider d’autres personnes à Le trouver. En tant que croyants qui avons à cœur d’aimer le Seigneur, nous pouvons aussi appliquer cette parabole à nous-mêmes en reconnaissant qu’à un moment donné, nous rendrons notre dernier souffle, et que chaque jour où nous sommes en vie est une bénédiction du Seigneur. Nous vivons par sa grâce, et par conséquent nous devrions faire de notre mieux pour vivre conformément à sa Parole. Bien entendu, nous ne sommes pas toujours à la hauteur de ses attentes, et nous devrions Lui demander pardon et nous repentir de nos péchés, en priant comme Il nous l’a enseigné : Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.[12]
Le figuier stérile, Luc 13.1–9
1 A cette époque survinrent quelques personnes qui informèrent Jésus que Pilate avait fait tuer des Galiléens pendant qu’ils offraient leurs sacrifices.
2 Jésus leur dit : —Pensez-vous que ces Galiléens ont subi un sort si cruel parce qu’ils étaient de plus grands pécheurs que tous leurs compatriotes ?
3 Non, je vous le dis ; mais vous, si vous ne changez pas, vous périrez tous, vous aussi.
4 Rappelez-vous ces dix-huit personnes qui ont été tuées quand la tour de Siloé s’est effondrée sur elles. Croyez-vous qu’elles aient été plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
5 Non, je vous le dis ; mais vous aussi, si vous ne changez pas, vous périrez tous.
6 Là-dessus, il leur raconta cette parabole :—Un homme avait un figuier dans sa vigne. Un jour, il voulut y cueillir des figues, mais n’en trouva pas.
7 Il dit alors à celui qui s’occupait de sa vigne : « Voilà trois ans que je viens chercher des figues à cet arbre, sans pouvoir en trouver. Arrache-le ; je ne vois pas pourquoi il occupe la place inutilement. »
8 « Maître, lui répondit l’homme, laisse-le encore cette année ! Je bêcherai encore la terre tout autour et j’y mettrai du fumier ;
9 peut-être qu’il portera du fruit à la saison prochaine. Sinon, tu le feras arracher. »
Note :
Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de La Bible Du Semeur Copyright © 1992, 1999 by Biblica, Inc.® L’autre version citée est la Segond 21 (SG21). Tous droits réservés.
[1] Luc 13.1–5.
[2] Luc 13.6–9.
[3] Michée 4.3–4 SG21.
[4] Zacharie 3.10.
[5] 1 Rois 5.5 SG21.
[6] Osée 9.10.
[7] Joël 1.6–7 SG21.
[8] Lévitique 19.23–25.
[9] Luc 3.9.
[10] Romains 2.4.
[11] Luc 13.34.
[12] Matthieu 6.12; Luc 11.4; Marc 11.25.
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