L’influence du christianisme (3ème partie)

Par Peter Amsterdam

juillet 21, 2020

[The Effects of Christianity, Part 3)]

(Les différents points de cet article sont tirés du livre d’Alvin J. Schmidt, Comment le christianisme a transformé le monde.[1])

Dans ce troisième article de la série, nous continuons à examiner l’influence profonde que le christianisme a eue sur le cours de l’histoire humaine depuis la mort et la résurrection de Jésus. Dans cet article nous nous intéresserons plus particulièrement aux hôpitaux et aux écoles.

Les hôpitaux

Il existe des preuves de l’existence d’établissements de soins de santé antérieurement à l’essor du christianisme. Dans la Mésopotamie et l’Égypte de l’Antiquité (5000-2000 avant J.-C.), il y avait une forme d’hospices et d’hôpitaux, et en Inde, dès le 5e siècle avant J.-C., la religion bouddhiste avait créé des établissements de soins de santé. Dans la Rome antique, il existait des hôpitaux militaires pour les soldats, mais ceux-ci n’étaient pas destinés au public.

Durant les trois premiers siècles de notre ère, les chrétiens subirent périodiquement de sévères persécutions ; par conséquent, la seule façon dont ils pouvaient s’occuper des malades était de les emmener chez eux pour les soigner. Une fois que le christianisme est devenu légal et pratiqué en toute liberté, à partir de 324 après J.-C., les chrétiens étaient en bien meilleure position d’offrir des soins médicaux aux malades et aux mourants. En 325, le concile de Nicée chargea les évêques d’établir un hospice dans chaque ville abritant une cathédrale. La fonction d’un hospice était non seulement de soigner les malades, mais aussi de fournir un abri aux pauvres et aux pèlerins chrétiens. Cette démarche était conforme à l’enseignement de Jésus.

« J’étais nu, et vous m’avez donné des vêtements. J’étais malade, et vous m’avez soigné. J’étais en prison, et vous êtes venus à moi. » Alors, les justes lui demanderont : « Mais, Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ? Ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Ou étranger et t’avons-nous accueilli ? Ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Ou malade ou prisonnier, et sommes-nous venus te rendre visite ? » Et le roi leur répondra : « Vraiment, je vous l’assure : chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’avez fait. ».[2]

L’apôtre Pierre écrivait : Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans vous plaindre[3], et l’apôtre Paul disait aux dirigeants de l’église qu’un responsable (évêque) devrait être hospitalier.[4] En vertu de ce principe d’hospitalité, les dirigeants de l’église étaient censés accueillir à la fois des étrangers et d’autres chrétiens dans le besoin, et cela impliquait aussi de soigner les malades et les mourants. Le premier hôpital a été construit par Saint Basile à Césarée, en Cappadoce (l’actuelle Turquie orientale), vers 369 après J.-C. Le suivant a été construit dans une province voisine, à Édesse, en 375 après J.-C. Le premier hôpital occidental a été construit à Rome vers 390 après J.-C. par Fabiola, une veuve fortunée qui était une proche de saint Jérôme, un enseignant chrétien de premier plan. Elle fonda un autre hôpital en 398 après J.-C., à environ 80 kilomètres au sud-ouest de Rome. Saint Chrysostome (mort en 407) fit construire des hôpitaux à Constantinople à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle. Au VIe siècle, les hôpitaux faisaient partie intégrante des monastères. Au neuvième siècle, de nombreux hôpitaux furent construits sous le règne du Saint Empereur romain Charlemagne. Au milieu du XVe siècle, 37 000 monastères bénédictins soignaient les malades. À cette époque, il y avait déjà de nombreux hôpitaux en Europe.

S’il est vrai que les Croisés, qui menèrent huit guerres entre 1096 et 1291 pour libérer la Terre Sainte de la domination musulmane, méritent une sévère condamnation pour certains de leurs actes, il faut reconnaître qu’ils bâtirent des hôpitaux en Palestine et dans d’autres régions du Moyen-Orient. Ils fondèrent également des ordres hospitaliers dont la vocation était de soigner tout le monde, les chrétiens comme les musulmans. L’Ordre des Hospitaliers recrutait des femmes pour soigner les malades. Les Hospitaliers de Saint-Lazare avaient pour vocation de s’occuper des malades.  

Les Chevaliers de l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem ne se contentaient pas de gérer et de veiller au fonctionnement d’hôpitaux, ils admettaient aussi les aliénés. Ils fondèrent un asile d’aliénés chrétien en 1409 à Valence, en Espagne.[5]

Aux États-Unis, l’un des tout premiers hôpitaux fut fondé par les Quakers au début du XVIIIe siècle, et ce fut l’un des deux seuls hôpitaux américains existant jusqu’au début du XIXe siècle. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux autres hôpitaux furent construits, généralement par des églises locales et des confessions chrétiennes. Les hôpitaux portaient le nom de la dénomination qui les avait fondés, comme Hôpital baptiste, Hôpital luthérien, Hôpital méthodiste et Hôpital presbytérien. D’autres reçurent des noms comme St. John’s, St. Luke’s, St. Mary’s, etc.

L’éducation

Un autre domaine qui a été fortement influencé par le christianisme est celui de l’instruction publique pour tous les enfants. Aujourd’hui, les écoles publiques gratuites sont monnaie courante ; cependant, cela n’a pas toujours été le cas. Avant le XIVe siècle, l’éducation en Europe, surtout au niveau élémentaire, était principalement financée et assurée par l’Église dans des écoles épiscopales. Malheureusement, peu de personnes savaient lire et écrire du fait que très peu de gens fréquentaient les écoles confessionnelles.

Martin Luther (1498-1546) prônait un système scolaire public dans lequel les élèves des deux sexes recevraient un enseignement, dans la langue locale dans les écoles primaires, suivi d’un enseignement en Latin dans les écoles secondaires et les universités.[6] Son disciple et collaborateur Philippe Mélanchthon (1497-1560) persuada les autorités civiles allemandes d’instaurer le premier système s’enseignement public. Luther préconisait également que les autorités civiles obligent les enfants à aller à l’école. Au fil des ans, l’idée de Luther de rendre l’enseignement obligatoire s’imposa dans d’autres pays. Aujourd’hui, l’idée que chaque enfant doit aller à l’école est inscrit dans la loi de la plupart des pays.

L’éducation des sourds

L’enseignement aux sourds d’une langue inaudible est largement dû à trois hommes chrétiens—l’abbé Charles-Michel de L’Épée, Thomas Gallaudet et Laurent Clerc. L’abbé de L’Épée était un prêtre qui inventa une langue des signes pour l’enseignement des sourds à Paris en 1775. Son objectif était que les sourds puissent entendre le message de Jésus.[7] Thomas Gallaudet et Laurent Clerc introduisirent la langue des signes de l’abbé de L’Épée aux États-Unis.

Laurent Clerc, naquit en France dans un petit village situé au nord-est de Lyon et perdit l’ouïe à l’âge d’un an. Il fréquenta l’Institut national des jeunes sourds de Paris et y devint répétiteur. Thomas Gallaudet était un prêtre épiscopalien américain qui voulait venir en aide aux sourds ; en France, il fréquenta l’école où Laurent Clerc enseignait, dans le but d’apprendre la langue des signes. Ces deux hommes décidèrent de se rendre aux États-Unis pour y ouvrir la première école pour sourds. Avant de retourner en Europe pour se perfectionner dans son travail avec les sourds, Gallaudet dit à une jeune fille sourde : « J’espère qu’à mon retour, je pourrai t’enseigner beaucoup de choses sur la Bible, sur Dieu et sur le Christ. »[8] Les deux hommes fondèrent une école pour les sourds en 1817. En 1864, son fils, Edward Gallaudet, fonda le premier collège pour sourds, qui devint en 1986 l’Université Gallaudet à Washington, D.C.

L’éducation des aveugles

On sait peu de choses sur les soins médicaux donnés aux aveugles au cours des premiers siècles qui suivirent la mort et la résurrection de Jésus. Au IVe siècle, les chrétiens géraient quelques établissements pour aveugles. En 630, un typholocomium (de typholos = aveugle et komeo = soigner) fut construit à Jérusalem. Au XIIIe siècle, le roi de France Louis IX (Saint Louis) fonda l’hospice des Quinze-Vingts pour recueillir les aveugles de Paris. Dans les années 1830, Louis Braille, un chrétien engagé français qui avait perdu la vue très jeune, mit au point une méthode permettant aux aveugles de lire. Il découvrit un système utilisé par les militaires qui incorporait des points en relief permettant de lire des messages dans l’obscurité. À partir de cette idée de base, il développa son propre système de points saillants qui permettait aux aveugles de lire. Sur son lit de mort, il déclara : je suis convaincu que ma mission sur terre est terminée; j’ai goûté hier au délice suprême ; Dieu a daigné illuminer mes yeux de la splendeur de l’espoir éternel.[9]

Les universités

Il est communément admis que la plus ancienne université d’Europe est l’université italienne de Bologne, fondée en 1158. Elle se spécialisait dans le droit canonique (droit ecclésiastique). En Europe, l’université suivante fut l’université de Paris, fondée en 1200. À l’origine elle était spécialisée dans l’étude de la théologie, mais en 1270 on y ajouta l’étude de la médecine. Bologne devint la marraine de plusieurs universités en Italie, en Espagne, en Écosse, en Suède et en Pologne. L’université de Paris devint la marraine d’Oxford et d’universités au Portugal, en Allemagne et en Autriche. L’Emmanuel College, une faculté chrétienne au sein de l’université de Cambridge, devint la marraine de Harvard en Amérique.[10]

L’université de Harvard, l’une des plus réputées d’Amérique, fut fondée afin de former des ministres de l’évangile. À l’origine, sa devise était La Vérité pour le Christ et pour l’Église (en latin, Veritas Christo et Ecclesiae). Elle fut fondée par l’Église congrégationnelle. D’autres universités américaines célèbres furent également fondées par des églises chrétiennes, comme le College of William and Mary (épiscopalien), l’université de Yale (congrégationnelle), l’université Northwestern (méthodiste), l’université de Columbia (épiscopalienne), l’université de Princeton (presbytérienne) et l’université Brown (baptiste).

Le christianisme a joué un rôle important dans l’histoire et le développement des établissements d’enseignement et des hôpitaux, et a ainsi contribué à faire du monde un endroit meilleur.


Note

Sauf indication contraire, tous les passages bibliques cités sont extraits de la Bible du Semeur, copyright © 1992, 1999 by Biblica, Inc.® Tous droits réservés.



[1] Alvin J. Schmidt, How Christianity Changed the World [Comment le christianisme a transformé le monde] (Grand Rapids: Zondervan, 2004).

[2] Matthieu 25.36–40.

[3] 1 Pierre 4.9.

[4] 1 Timothée 3.2, et Tite 1.7–8.

[5] W. E. H. Lecky, History of European Morals (Histoire de la morale européenne] New York: Vanguard Press, 1926), 81.

[6] Martin Luther, “Preface,” Small Catechism, in The Book of Concord, [Petit Cathéchisme, in Formule de Concorde] ed. Theodore G. Tappert (Philadelphia: Fortress Press, 1959), 338.

[7] Harlan Lane, When the Mind Hears (New York: Random House, 1984), 58.Quand l’esprit entend (Paris 75005, Odile Jacob, octobre 1991)

[8] Idem, page 185.

[9] Etta DeGering, Seeing Fingers: The Story of Louis Braille [Des doigts qui voient : L’histoire de Louis Braille] (New York: David McKay, 1962), 110.

[10] Schmidt, How Christianity Changed the World, 187. [Comment le christianisme a changé le monde.]

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