Jésus—Sa vie et son message : La naissance de Jésus (4ème partie)

Par Peter Amsterdam

février 25, 2015

[Jesus-–His Life and Message: Jesus’ birth, Part 4]

(Vous pouvez lire l’explication et la présentation d’ensemble de cette série dans l’article d’introduction.)

Quelques mois après que Marie fut revenue de sa visite à Elisabeth, et après avoir effectué la deuxième étape du processus de mariage en emménageant chez Joseph – Marie et Joseph partirent pour  Bethléem. On nous dit que la raison de ce voyage était que César Auguste avait ordonné un recensement et que Joseph devait se rendre à Bethléem, son village d’origine, étant donné qu’il était de la maison et de la lignée du roi David.[1]

Luc décrit le périple de Joseph, parti de Nazareth, dans la province de Galilée, pour se rendre à Bethléem, un village de Judée situé à une dizaine de kilomètres de Jérusalem, pour y être recensé. Marie, qui était enceinte, l’accompagnait. Durant leur séjour à Bethléem, arriva le moment où Marie devait accoucher. Elle mit au monde un fils : son premier–né. Elle lui mit des langes et le coucha dans une mangeoire parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la pièce réservée aux hôtes.[2]

Le récit traditionnel de la naissance de Jésus dépeint Marie et Joseph arrivant à Bethléem au moment où Marie entre dans la première phase de son accouchement, ou alors qu’elle est sur le point d’accoucher. Dans ce scenario, ils arrivent dans la petite ville pleine de monde et ne trouvent pas de logement pour la nuit. Ils sont éconduits par l’aubergiste local, et comme ils ne trouvent aucun endroit où se loger, ils finissent par s’abriter dans une étable, ou une cave, où sont logés les animaux, et c’est là que Jésus va naître cette nuit-là. 

D’après ce que nous connaissons de la vie en Israël à cette époque, il est probable que cela ne s’est pas tout à fait déroulé de cette façon. Examinons les coutumes de l’époque et les termes grecs employés par Luc dans son Evangile pour essayer d’imaginer le scénario le plus probable.

Luc indique que Marie et Joseph étaient à Bethléem depuis un certain temps avant que son travail ne commence; en effet, il écrit : Pendant qu’ils sont à Bethléem, le moment arrive où Marie doit accoucher.[3] Comme Bethléem n’était pas située sur une des routes principales menant à Jérusalem, il est peu probable qu’elle avait une auberge commerciale,[4] et le mot grec employé par Luc, et qui a été traduit dans certaines versions par auberge, a été traduit dans d’autres versions par chambre d’hôte ou salle réservée aux hôtes.[5] Joseph, qui était originaire de Bethléem, y avait certainement de la famille et il a probablement cherché à être logé chez eux. A cette époque, les maisons étaient constituées d’une pièce principale, dans laquelle toute la famille mangeait et dormait, et d’une chambre d’hôtes attenante à la maison. A cause d’un afflux de voyageurs à Bethléem pour cause de recensement, la famille de Joseph n’avait probablement plus de place dans leur chambre réservée aux hôtes, ce qui veut dire que Marie et Joseph auraient été obligés de rester dans la pièce principale de la maison – c'est-à-dire la pièce dans laquelle toute la famille prenait ses repas et dormait.

Ces grandes salles familiales comprenaient habituellement une partie située en contrebas de la pièce principale où les animaux domestiques de la maisonnée dormaient pendant la nuit. En général, il y avait une mangeoire, creusée à même le sol de la partie habitée de la pièce familiale, où les gros animaux pouvaient manger quand ils étaient dans la partie en contrebas. C’est probablement à ce type de mangeoire que Luc faisait référence quand il décrivait l’endroit où le bébé nouveau-né reposait. Il est probable que Joseph, ou les parents chez lesquels ils restaient, ont assisté Marie pendant son accouchement. Pour plus de détails sur la vie quotidienne dans les villages de l’époque, cliquez ici.

Dans les champs environnant Bethléem, il y avait des bergers qui gardaient leurs moutons.

Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Une grande frayeur les saisit. Mais l'ange les rassura : « N'ayez pas peur : je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d'une très grande joie. Un Sauveur vous est né aujourd’hui dans la ville de David ; c’est lui le Messie, le Seigneur. Et voici à quoi vous Le reconnaîtrez : vous trouverez un nouveau–né dans ses langes et couché dans une mangeoire. »[6]

C’est la troisième fois qu’un ange apparaît pour annoncer ce que Dieu est en train de faire en faisant venir Jésus dans le monde. La première fois, il apparaît à Zacharie dans le temple, ensuite à Marie, et maintenant voilà qu’il apparaît aux bergers. Dans ce cas précis, c’est la gloire de Dieu – sous la forme d’une lumière resplendissante – qui enveloppe les bergers, et comme chaque fois qu’un ange apparait, il y a un élément initial de crainte, mais l’ange les rassure en leur disant qu’ils n’ont rien à craindre. Pour plus de détails concernant les bergers, veuillez cliquer ici

L’ange est porteur d’une bonne nouvelle qui sera le sujet d’une grande joie pour tout le peuple. L’annonce de l’ange fait écho à la promesse faite à Abraham selon laquelle tous les peuples de la terre seront bénis à travers toi.[7] L’ange dit aux bergers que l’enfant vient de naître à Bethléem, la cité de David—faisant ainsi le lien entre l’enfant et le roi David – et il déclare qu’Il est le Messie, ce qui est le sens du nom Christ.[8]

L’ange emploie un vocabulaire que tous les gens de l’époque auraient reconnu comme étant symbolique et significatif. L’Empereur Auguste avait pacifié l’empire quelques décennies avant la naissance de Jésus, et il était perçu par ses sujets comme celui qui avait apporté la paix au monde entier. Beaucoup de ses sujets l’appelaient « sauveur » ; d’ailleurs, un des autels qui lui était consacré portait l’inscription «  sauveur et maître du monde. » Une autre inscription en l’honneur d’Auguste déclarait: « La naissance du dieu a marqué le commencement des bonnes nouvelles pour le monde. »[9] Le message de l’ange aux bergers proclamait la naissance du vrai Roi et Sauveur, et soulignait l’importance de sa naissance pour toutes les générations futures.

Le message de l’ange rappelle les paroles d’Esaïe, qui annonçait la naissance de cet enfant et ce qu’Il signifierait pour nous: Car pour nous un enfant est né, un fils nous est donné. Et il exercera l’autorité royale ; il sera appelé Merveilleux Conseiller, Dieu fort, Père à jamais et Prince de la Paix. Il étendra sa souveraineté et il instaurera la paix qui durera toujours, au trône de David et à tout son royaume. Sa royauté sera solidement fondée sur le droit et sur la justice, dès à présent et pour l’éternité.[10]

On nous dit que tout à coup apparut, aux côtés de l’ange, une multitude d’anges de l’armée céleste, qui chantaient les louanges de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »[11] Les plus anciennes traductions anglaises, comme la version King James [et certaines anciennes versions françaises], traduisent la dernière phrase par et paix sur la terre, et bienveillance envers les hommes. Les documents découverts dans le désert de Judée en 1945-46 (qu’on appelle plus généralement Les Rouleaux de la Mer Morte) ont permis d’avoir une plus grande exactitude dans la traduction et de traduire la phrase par paix sur la terre aux hommes en qui Il prend plaisir ! Bock nous explique qu’au premier siècle de notre ère, l’expression « les hommes en qui Il prend plaisir » ou « les hommes qu’Il agrée » était une formule désignant les élus de Dieu, dans laquelle le peuple de Dieu comprenait ceux qui ont reçu les actes gracieux de la miséricorde de Dieu.[12]

Un peu plus tôt, on nous avait dit que Marie avait mis au monde Jésus et qu’elle L’avait enveloppé de langes, avant de Le coucher dans une mangeoire. Le signe qui permettrait aux bergers de Le reconnaître était : « Vous trouverez un nouveau–né dans ses langes et couché dans une mangeoire. »[13] Dès le départ de l’ange, ils se rendirent à Bethléem pour chercher l’enfant. Quand ils L’eurent trouvé, ils racontèrent à tout le monde ce qui était arrivé, « et tous ceux qui entendirent leur récit en furent très étonnés. » Marie, elle, conservait le souvenir de toutes ces paroles et y repensait souvent.[14]

Marie et Joseph, se conformant à ce que l’ange avait commandé, appelèrent leur bébé Jésus, nom que l’ange avait indiqué avant que sa mère devienne enceinte.[15] Suivant la coutume juive de l’époque, Joseph et Marie firent circoncire leur fils huit jours après sa naissance, et 33 jours plus tard, ils firent une offrande au temple pour la purification de Marie, comme le prescrivait la loi de Moïse.[16] En même temps, ils rachetèrent leur fils pour obéir au commandement de Dieu selon lequel tout fils premier né devait être racheté.[17] Ces actes nous montrent que Marie et Joseph étaient des Juifs pieux, qui observaient les commandements de Dieu et qui enseigneraient à Jésus les voies de la foi.

Alors qu’ils étaient dans le temple, Joseph et Marie firent la connaissance de Siméon. C'était un homme droit et pieux ; il vivait dans l'attente du salut d'Israël, et le Saint–Esprit reposait sur lui.  L’Esprit Saint lui avait révélé qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie, l’Envoyé du Seigneur. … Quand les parents de Jésus apportèrent le petit enfant pour accomplir les rites qu’ordonnait la Loi, Siméon le prit dans ses bras et loua Dieu.[18]

La prière de Siméon est le troisième cantique de louange de l’introduction de l’Evangile de Luc. Ce cantique est connu sous le nom de Nunc Dimittis (les deux premiers mots de la version latine).[19] Siméon déclare que ses yeux ont vu le Sauveur qui vient de toi, et que tu as suscité en faveur de tous les peuples : il est la lumière pour éclairer les nations, il sera la gloire d’Israël ton peuple.[20] Sa déclaration affirme que le salut de Dieu est pour tous les peuples de l’humanité. Sa référence à Jésus la lumière rappelle ce que Zacharie avait prophétisé dans son cantique, quand l’astre levant viendra pour nous d’en haut, pour éclairer tous ceux qui habitent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, et pour guider nos pas sur la voie de la paix.[21] Le cantique de Siméon rappelle aussi certains passages du livre d’Esaïe.[22] [23] Joseph et Marie étaient émerveillés, ou tout étonnés, de ce que Siméon disait au sujet de leur Fils.[24]

Siméon continue en prononçant une bénédiction pour les parents de Jésus, puis il prophétise:

Dieu a destiné cet enfant à causer la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de Dieu auquel les gens s’opposeront, et Il mettra ainsi en pleine lumière les pensées cachées dans le cœur de beaucoup. Quant à toi, Marie, la douleur te transpercera l’âme comme une épée.[25] Siméon prédit que beaucoup de Juifs en Israël allaient rejeter Jésus.

Voici comment Brown décrit la scène:

Il ne faudrait pas ignorer le cadre dramatique dans lequel s’inscrit la prédiction des malheurs d’Israël. Le vieux Siméon, arrivé à la fin de sa vie, tient dans ses bras un enfant qui commence tout juste la sienne. Siméon a entrevu le futur distant et il a vu le salut que cet enfant apportera à Israël et aux nations. Mais en vrai prophète, il voit aussi le rejet et la catastrophe qui s’ensuivra. Et cette deuxième vision, tragique celle-ci, il l’adresse à la mère de l’enfant, à celle qui fut la première à entendre la bonne nouvelle concernant Jésus; car étant la première à avoir entendu et accepté la parole, elle doit maintenant affronter dans son âme son défi et la tragédie de son rejet par tous ceux, nombreux en Israël, que Jésus aurait pu aider.[26]

Alors que Joseph et Marie sont encore dans temple, ils font la rencontre d’Anne, une prophétesse de 84 ans, qui était devenue veuve très jeune, après seulement 7 ans de mariage, et qui servait Dieu fidèlement, en jeûnant et en priant dans le temple. Ses paroles exactes n’ont pas été consignées dans l’Evangile de Luc, mais il fait le lien entre ces faits et une prophétie du livre de  Joël: vos fils et vos filles deviendront prophètes.[27] Luc nous dit qu’un homme et une femme ont tous deux prophétisé sur Jésus. On peut constater, tout au long de son Evangile et du livre des Actes, dont il est également l’auteur, qu’il inclut souvent des femmes comme acteurs de premier plan dans son récit de la vie de Jésus et de l’histoire de l’église primitive.

Le récit de Luc relatant la naissance de Jésus se termine ici, dans le temple, mais Matthieu décrit d’autres aspects de la naissance de Jésus qui n’apparaissent pas dans l’Evangile de Luc.

Matthieu raconte la visite des rois-mages:

Des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et dirent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? En effet, nous avons vu son étoile en orient, et nous sommes venus pour l’adorer.»[28]

Un certain temps s’était écoulé, peut-être même deux ans (comme nous allons le voir quand Hérode va ordonner le massacre des enfants mâles de Bethléem jusqu’à l’âge de deux ans), avant l’arrivée des rois-mages.

On ne sait pas précisément d’où venaient les rois-mages. Les trois pays qui reviennent le plus souvent parmi les différentes possibilités sont la Perse, vu qu’à l’origine le mot mage désignait une tribu mède qui fournissait les devins chez les Perses ; Babylone, vu que les Babyloniens et les Chaldéens s’intéressaient beaucoup à l’astronomie et à l’astrologie ; et, comme une importante communauté de Juifs vivaient à Babylone, les astrologues auraient très bien pu être au courant des attentes messianiques des Juifs ; l’Arabie ou le désert de Syrie, à cause des cadeaux d’or et d’encens, qui étaient associés aux caravanes de chameaux qui sillonnaient le désert en provenance de Madian, en Arabie.[29]

Nul ne peut savoir avec certitude d’où venaient les rois-mages, mais on s’accorde à dire qu’ils venaient d’Arabie. Cela dit, le plus important n’est pas de savoir d’où ils venaient, mais plutôt de savoir qu’ils venaient d’un pays extérieur à Israël. Matthieu, tout comme Luc, indique que Dieu fait quelque chose d’entièrement nouveau, en soulignant le fait qu’à la naissance de Jésus, les gentils sont attirés par la lumière du Fils de Dieu.[30]

On nous dit que les rois mages virent « son étoile » apparaître en orient. Plusieurs théories ont vu le jour à propos de cette étoile; Voici le résumé que nous en fait Morris: Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer le phénomène de l’étoile, comme une conjonction de planètes ou l’explosion d’une supernova, ou encore l’apparition d’une comète, mais aucune de ces explications n’est véritablement convaincante. Ce qui est clair, c’est que les rois mages observèrent un phénomène astronomique qui les amena à faire le lien avec un roi particulier, le roi des Juifs. Mais ils ne précisèrent pas ce que c’était.[31]

Il y a aussi la question des termes employés dans l’original grec et la manière dont ils ont été traduits. De nombreuses traductions rendent le texte par : « Nous avons vu son étoile apparaître en Orient », tandis que d’autres traduisent : « Nous avons vu son étoile » ou « Nous avons vu se lever son étoile ». Voici les explications de Brown : Si nous écartons la traduction « en orient/à l’orient » pour rendre « en te anatole » [les mots exacts du texte grec], rien n’indique que les mages suivirent l’étoile jusqu’à Jérusalem. Par contre, comme ils avaient vu apparaître une étoile qu’ils associaient au roi des Juifs, ils décidèrent de se rendre à Jérusalem, la capitale des Juifs, pour y chercher de plus amples informations.[32]

Les lecteurs de l’Evangile de Matthieu vivant au premier siècle de notre ère n’auraient pas trouvé étrange qu’une étoile apparaisse pour proclamer la naissance d’un nouveau roi, car l’idée que la naissance et le décès de personnages importants soient annoncés par des signes dans le ciel était largement acceptée. [33]

Alors que les mages étaient venus pour rendre hommage au « Roi des Juifs » nouveau-né, Matthieu précise que, tout comme le roi Juif régnant, ses scribes et les chefs des prêtres ignoraient totalement qu’Il venait de naître. Pour des raisons évidentes, Hérode fut troublé lorsqu’il apprit que les mages cherchaient un nouveau roi. Cela se passait peu de temps avant sa mort, alors qu’il faisait face à des dissensions entre ses fils qui cherchaient tous à lui succéder. (Voir Dirigeants et Religion ici.) En apprenant la nouvelle, Hérode convoqua les chefs des prêtres et les spécialistes de la loi pour leur demander devait naître le Messie. Puis il fit venir secrètement les mages et leur demanda quand ils avaient vu pour la première fois le signe de l’étoile. Au vu des actes commis ultérieurement par Hérode, nous pouvons supposer qu’ils l’avaient vue au cours des deux années précédentes. Ensuite, Hérode dit aux mages d’aller trouver l’enfant et de l’informer de l’endroit exact où il vivait afin qu’il puisse, lui aussi, rendre hommage au nouveau roi. 

Lorsque les rois-mages arrivèrent à Bethléem, ils trouvèrent la maison où Marie, Joseph et Jésus demeuraient.

Ils entrèrent dans la maison, virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, tombant à genoux, ils lui rendirent hommage. Puis ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent en cadeau de l’or, de l’encens et de la myrrhe.[34]

Il est intéressant de noter qu’à aucun moment, on ne nous dit combien de mages étaient présents, bien que la tradition veuille qu’il y en ait eu trois, si l’on se base sur les trois présents mentionnés – l’or, l’encens et la myrrhe. Le récit de mages, venus d’une lointaine contrée pour rendre hommage à un roi et lui apporter des présents, n’aurait pas été un concept étranger pour les premiers lecteurs de cet Evangile. Il existe de nombreux récits de la même période qui décrivent des personnages rendant hommage et offrant des présents à des rois.[35]

Dieu avertit [les mages] par un rêve de ne pas retourner auprès d’Hérode. Ils regagnèrent donc leur pays par un autre chemin.[36] Dans un rêve, Joseph reçoit, lui aussi, la visite d’un ange qui lui dit: « Lève–toi, prends l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte. Tu y resteras jusqu'à ce que je te dise de revenir, car Hérode fera rechercher l'enfant pour le tuer. »[37] Joseph et sa famille partirent de nuit pour se réfugier en Egypte, où ils demeurèrent jusqu’à la mort d’Hérode – en se servant probablement des présents que leur avaient faits les mages pour payer leur voyage et leurs dépenses courantes durant leur séjour là-bas. La fuite de la famille en Egypte suit un schéma fréquent dans l’histoire : les Juifs ont souvent trouvé refuge en Egypte lorsqu’ils étaient menacés par un danger en Palestine.[38]

Lorsqu’il apprit qu’il avait été dupé par les mages, Hérode devint fou furieux et ordonna qu’on massacre tous les enfants mâles de Bethléem, âgés de deux ans et moins, une tuerie que l’on a appelée le Massacre des Innocents. On a estimé que le village et ses environs comptaient à peu près un millier d’habitants, et en supposant qu’il y avait tous les ans 30 nouvelles naissances, il devait y avoir entre vingt et trente enfants âgés de moins de deux ans.[39]

A la mort d’Hérode, Joseph reçut une nouvelle fois la visite d’un ange qui lui donna des instructions dans un rêve. Cette fois-ci, il devait retourner en Israël avec sa famille, ce qu’il fit. A son retour, il apprit qu’Archélaos régnait en Judée, et il fut averti une nouvelle fois de ne pas se rendre en Judée ; il alla donc s’installer à Nazareth pour y élever sa famille.

Tout au long de son Evangile, Matthieu relie des épisodes de la vie de Jésus à des événements de l’Ancien Testament, afin de montrer le lien qui existe entre Jésus et les prophéties de l’Ancien Testament. La fuite en Egypte et le retour en Israël rappellent l’histoire du people d’Israël. Quand Israël était enfant, Je l’ai aimé, alors J’ai appelé mon fils à sortir de l’Egypte.[40]  Le sauvetage de l’enfant des griffes du roi Hérode rappelle le sauvetage du bébé Moïse de la colère du pharaon d’Egypte, et le sauvetage du people de Dieu, qui s’enfuit d’Egypte des années plus tard, sous la conduite de Moïse. Le massacre des enfants mâles sur l’ordre d’Hérode rappelle l’ordre du Pharaon d’exécuter tous les premiers-nés mâles des Hébreux.[41] Les paroles de l’ange ordonnant à Joseph de rentrer en Israël sont comparables au message reçu par Moïse, l’enjoignant de rentrer en Egypte pour retourner auprès de son peuple afin de le délivrer : « Mets–toi en route, retourne en Egypte, car tous ceux qui voulaient te faire périr sont morts.[42] Dans un rêve, un ange dit à Joseph : « Lève–toi, prends l'enfant et sa mère et retourne avec eux dans le pays d'Israël, car ceux qui voulaient tuer l'enfant sont morts. »[43] Nous verrons d’autres similitudes tout au long de l’Evangile de Matthieu, comme les 40 jours que Jésus passa dans le désert après son baptême, et qui sont symboliques des 40 années d’Israël dans le désert.

Alors que nous arrivons au terme du récit de la naissance de Jésus, telle que nous l’ont rapportée Luc et Matthieu, nous voyons que la promesse de Dieu d’envoyer un Messie pour sauver l’humanité commence à se réaliser. Etant donné que sa promesse devait s’accomplir dans le monde, Dieu a choisi d’entrer dans le temps et la dimension physique du monde, comme le montre le récit de la naissance. La naissance physique de Dieu le Fils est rendue possible grâce à l’intervention du Saint-Esprit et la coopération d’une jeune femme. La création d’un foyer familial, avec un père et une mère, fut rendue possible grâce à l’intervention de Dieu, par le truchement de messages angéliques transmis à Joseph dans ses rêves, et grâce à la bonne volonté de Joseph qui accepta d’obéir aux instructions qu’il avait reçues. Dieu confia son Fils aux bons soins de deux croyants fidèles, Il le protégea de ceux qui cherchaient à Le tuer, et accomplit les prophéties bibliques annonçant la venue du Messie, tout en préparant le terrain pour le salut et la restauration qu’Il avait promis.

Le fait que Dieu se soit incarné et qu’Il soit entré dans le monde pour vivre parmi sa création, afin de se réconcilier avec l’humanité par sa mort et sa résurrection, était l’événement le plus significatif de l’histoire de l’humanité. Les Evangiles nous apprennent que la vie de Jésus, depuis sa naissance jusqu’à sa mort et au-delà, accomplit et démontre son immense amour pour l’humanité, en nous permettant de devenir ses enfants.


NB:

Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright © 2000 par  Société Biblique Internationale. Tous droits réservés. Avec permission. Les autres versions citées sont la Bible en français courant (BFC), la bible Segond 21 (S21), la nouvelle bible Segond (NBS), la Parole de Vie (PDV), et Parole vivante (PVV).


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[1] Luc nous dit que ce recensement eut lieu lorsque Quirinus était gouverneur de la Syrie. Les exégètes biblistes ne sont pas d’accord sur le fait de savoir si la date avancée par Luc est la bonne, car il semblerait que Quirinus ait été gouverneur à une date postérieure à la naissance de Jésus. Plusieurs théories circulant pour expliquer cette différence ont donné lieu à des discussions académiques fastidieuses, visant à déterminer si le recensement était un fait historiquement prouvé —qui aurait été décrété parce que César Auguste était en colère contre Hérode au moment de la naissance de Jésus, mais qui aurait eu lieu sur une période de plusieurs années – ou si Luc se serait trompé de dates ; ou s’il se serait servi du recensement comme d’une péripétie littéraire pour attirer l’attention du monde gouverné par César sur le petit village de Bethléem où Jésus était né. D’après les informations disponibles, et considérant que les faits en question ont eu lieu il y a plus de deux mille ans, n’importe laquelle de ces interprétations est plausible. Toutefois, il ne m’a pas paru utile de consacrer beaucoup de temps à l’exposition de ces diverses théories, étant donné qu’aucune d’entre elles n’est véritablement concluante.

[2] Luc 2:6–7.

[3] Luc 2:6 PDV.

[4] Green, L’Evangile de Luc, 128–29.

[5] Luc 22:11, Marc 14:14.

[6] Luc 2:9–12.

[7] Genèse 12:3.

[8] Il alla tout d'abord voir son frère Simon et lui dit : – Nous avons trouvé le Messie – ce qui veut dire le Christ. (Jean 1:41).

[9] Brown, La naissance du Messie, 415–16.

[10] Esaïe 9:6–7.

[11] Luc 2:13–14.

[12] Bock, Jésus à la lumière des Ecritures, 67.

[13] Luc 2:12.

[14] Luc 2:18–19.

[15] Luc 2:21 BFC.

[16] Lévitique 12:2–6.

[17] Dieu avait commandé au peuple d’Israël de Lui consacrer tous les premiers-nés mâles, qu’il s’agisse d’un garçon ou d’un animal, il Lui appartiendrait. L’animal serait sacrifié, ou bien il pourrait être racheté, c'est-à-dire qu’un agneau pourrait être sacrifié à sa place. Le Seigneur avait commandé que les garçons premiers-nés soient rachetés par un agneau. (Exode 13:2,12,15).

[18] Luc 2:25–28.

[19] Bock,  Jésus d’après les Ecritures, 68.

[20] Luc 2:30–32.

[21] Luc 1:78–79.

[22] Esaïe 52:9–10; 49:6; 46:13; 42:6; 40:5.

[23] Brown, La naissance du Messie, 458.

[24] Luc 2:33.

[25] Luc 2:34–35.

[26] Brown, La naissance du Messie, 460.

[27] Joël 2:28 BFC.

[28] Matthieu 2:1–2 S21.

[29] Brown, La naissance du Messie, 168–69.

[30] Idem, 459.

[31] Morris, L’Evangile selon Matthieu, 36.

[32] Brown, La naissance du Messie, 174.

[33] Idem, 170.

[34] Matthieu 2:11.

[35] Brown, La naissance du Messie, 174.

[36] Matthieu 2:12.

[37] Matthieu 2:13.

[38] Morris, L’Evangile selon Matthieu, 42.

[39] Brown, La naissance du Messie, 204.

[40] Osée 11:1.

[41] Exode 1:22.

[42] Exode 4:19.

[43] Matthieu 2:20.

 

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