Jésus—Sa vie et son message : Le contexte historique

Par Peter Amsterdam

juin 9, 2015

[Jesus—His Life and Message: The Setting]

(Vous pouvez lire l’explication et la présentation d’ensemble de cette série dans l’article d’introduction.)

Le fait de nous familiariser avec le monde dans lequel Jésus naquit permet d’éclairer certains épisodes de sa vie et les réactions des gens envers Lui : pourquoi certains L’aimèrent et devinrent des croyants et des disciples; et pourquoi d’autres rejetèrent son enseignement et Le combattirent violemment ainsi que son message.

Si l’on veut comprendre le monde tel qu’il était à l’époque de Jésus, il est essentiel de connaître l’histoire du peuple juif dans ses grandes lignes. Pour se replacer dans le contexte, en voici un bref résumé à partir de l’époque du premier roi des Juifs.

Entre deux siècles et trois siècles et demi après être entré dans la terre d’Israël, le peuple hébreu exigea d’être gouverné par un roi au lieu d’être dirigé par des prophètes, comme c’était le cas jusque-là. Dieu donna des instructions au prophète Samuel pour qu’il consacre Saul comme premier roi d’Israël. David succéda à Saul, et à la mort de David, son fils Salomon monta sur le trône.

Le royaume d’Israël atteignit son apogée durant les règnes de David et de Salomon. A la mort de Salomon, dix des douze tribus d’Israël se rebellèrent contre Roboam, le fils de Salomon qui était monté sur le trône. Le royaume fut divisé en deux. Dix des douze tribus suivirent Jéroboam, qui n’était pas de sang royal mais qui était resté loyal à Salomon. Ces dix tribus devinrent le royaume d’Israël au nord du pays[1]. Les deux tribus de montagnes, Juda et Benjamin, suivirent Roboam et devinrent le royaume de Juda.

Deux siècles plus tard, en 722 avant J.-C., l’armée assyrienne battit l’armée du royaume du nord d’Israël et entreprit de le dépeupler, en déplaçant les Israélites dans tout l’Empire assyrien. A partir de ce moment, les dix tribus d’Israël cessèrent d’exister en tant que royaume ou en tant que 10 tribus, et depuis lors, on a coutume de les appeler « les dix tribus perdues d’Israël ».

Au sud, le royaume de Juda continua d’exister pendant encore 125 ans, avant d’être entièrement détruit par les armées de Babylone. Les Babyloniens envahirent et battirent Juda à trois reprises, sur une période de 19 ans.

A la suite de la première invasion, le roi de Juda et de nombreux membres de la cour et de la haute société furent capturés pour être exilés à Babylone. A l’issue de la deuxième invasion, le pays subit encore plus de destructions et une partie de la population fut emmenée en captivité. Fait plus important encore, le temple – qui datait du règne de Salomon – fut détruit. Lors de la troisième invasion, la ville de Jérusalem fut entièrement détruite. Seuls les habitants les plus pauvres restèrent en Israël tandis que le reste de la population fut emmenée en captivité par les Babyloniens.

Environ 70 ans après la dernière invasion, l’Empire babylonien tomba aux amis des Perses. Le roi des Perses, Cyrus, autorisa les Juifs – qui vivaient à Babylone depuis déjà presque trois générations – à retourner en Israël pour rebâtir le temple et par la suite, la muraille d’enceinte de Jérusalem.

Près de deux siècles plus tard, en 331 avant J.-C., Alexandre le Grand et son armée battirent les Perses et prirent le contrôle d’un empire qui s’étendait de l’est de la Grèce à l’Inde, et au sud, à l’Egypte, et qui contenait donc le pays d’Israël. A la mort d’Alexandre, en 323 avant J.-C., ses généraux se partagèrent son empire et fondèrent plusieurs royaumes. Sur une période de plusieurs dizaines d’années, le contrôle d’Israël changea de main plusieurs fois, pour finalement passer sous la férule de l’Empire séleucide (syrien). En 175 BC, Antiochos IV monta sur le trône de l’Empire séleucide. Il entreprit d’helléniser son territoire, y compris Israël, en important tout ce qui provenait de la culture grecque, et en particulier le culte des dieux grecs. Il fit élever un autel à Zeus et fit sacrifier des porcs dans le temple juif. Indignés, les Juifs se rebellèrent, ce qui donna lieu à un soulèvement connu sous le nom de révolte des Maccabées.

A la suite de cette révolte, Israël retrouva son autonomie pendant un peu plus de cent ans, de 166 à 63 avant J.-C. Au cours de cette période, les frontières d’Israël s’élargirent au point de retrouver le contour qu’elles présentaient sous le règne du roi Salomon. En 63 avant J.-C., les Romains s’emparèrent de Jérusalem, et à partir de ce moment-là, à l’époque de Jésus et au-delà, Rome exerça une domination sans partage sur cette région. Même si les Romains avaient annexé Israël, ils confiaient parfois le gouvernement du pays à des rois ou des gouverneurs fantoches, comme les Hérode, mais il leur arrivait aussi de gouverner directement par l’intermédiaire de hauts fonctionnaires romains, comme Ponce Pilate.

Foi et Politique

L’importance religieuse que les Juifs ont toujours accordée au fait de pouvoir gouverner eux-mêmes leur pays trouve son origine dans la promesse que Dieu fit à leur ancêtre Abraham, environ 2 000 ans avant la naissance de Jésus:

Je ferai de toi l’ancêtre d’une grande nation ; Je te bénirai, Je ferai de toi un homme important et tu deviendras une source de bénédiction pour d’autres. Je bénirai ceux qui te béniront et Je maudirai ceux qui t’outrageront. Tous les peuples de la terre seront bénis à travers toi.[2]

Plus tard, dans le pays de Canaan, Dieu dit à Abraham:

Lève les yeux et regarde depuis l'endroit où tu es, vers le nord, le sud, l'est et l'ouest : tout le pays que tu vois, Je te le donnerai, à toi et à ta descendance pour toujours.[3]

Par la suite, ces deux promesses furent renouvelées à Isaac puis à Jacob, et elles ont toujours été ancrées au cœur de la religion juive. Le peuple hébreu deviendrait une grande nation, bénie de Dieu, et il posséderait le pays qu’Abraham contemplait – la terre d’Israël – pour toujours. Après avoir vécu quatre siècles en Egypte, les descendants d’Abraham, conduits par Josué, conquirent le pays de Canaan qui devint par la suite Israël. Les descendants d’Abraham avaient enfin un pays à eux. Les Hébreux voyaient l’accomplissement de la Parole de Dieu qui leur avait promis de faire d’eux une grande nation et de leur donner le pays où séjournait Abraham. La possession de la Terre Promise, au sens politique, constituait (et constitue aujourd’hui encore) l’un des aspects fondamentaux de la foi juive.

Ils possédèrent le pays pendant des siècles, jusqu’à leur défaite aux mains des Babyloniens et à l’exil qui s’ensuivit. Bien que Cyrus les autorisât à retourner en Israël, à partir de ce moment jusqu’à la révolte des Maccabées, ils vécurent dans le pays mais perdirent leur souveraineté politique. Même après avoir reconquis le contrôle politique pendant un siècle, en se libérant du joug des Séleucides, ils le perdirent à nouveau lorsqu’ils tombèrent sous la férule des Romains, en 63 avant J.-C., et ils ne retrouvèrent plus jamais leur indépendance. A l’époque où Jésus commence son ministère, Israël a été annexé et est devenue une province romaine depuis environ 90 ans.

Dans les années qui suivirent l’annexion d’Israël par Rome, il y eut plusieurs révoltes fomentées par différentes composantes du peuple juif. Un certain nombre de meneurs de ces révoltes prétendaient être le Messie, en arguant qu’ils avaient été choisis par Dieu pour vaincre les envahisseurs et les expulser du pays. On estime que pendant les trente années d’occupation romaine jusqu’à l’intronisation du roi Hérode le Grand, pas moins de 150 000 hommes juifs périrent au cours des différents soulèvements, soit en moyenne 5 000 par an.[4]

Les Juifs attendaient le Messie depuis des siècles, et ils espéraient que ce serait un roi ou un chef militaire qui les libérerait du joug de l’oppresseur romain et le chasserait de leur pays, pour que le peuple d’Israël puisse à nouveau rentrer en possession de leur pays. Ils étaient désespérés, mais aussi remplis d’espoir, et de nombreux Juifs étaient toujours prêts à se rallier à ceux qui se manifestaient pour les conduire à la victoire. Mais toutes ces révoltes furent écrasées dans un bain de sang. Les gouverneurs romains postés en Israël étaient toujours à l’affût du moindre signe de soulèvement ou de révolte, ou de quelqu’un qui prétendrait être le messie; pour eux, le messie était synonyme de graves problèmes, il représentait une menace pour leur suprématie politique et, par conséquent, il fallait à tout prix l’éliminer. C’est dans ce contexte politique et historique que Jésus vint au monde.


NB :

Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright ©2000 par Société Biblique Internationale. Tous droits réservés. Avec permission. Les autres versions citées sont la Bible en français courant (BFC), la Parole de Vie (PDV) et la Bible Segond 21 (SEG21).


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[1] Un jour que Jéroboam était parti dans la campagne en dehors de Jérusalem, le prophète Ahiya de Silo, vêtu d'un manteau neuf, l’aborda. Il déchira son manteau en douze morceaux et dit à Jéroboam de prendre (pour lui) dix de ces morceaux, car Dieu allait arracher le royaume des mains de Salomon et lui donner dix tribus à gouverner. Lorsqu’il l’apprit, Salomon tenta d’éliminer Jéroboam, mais ce dernier s’enfuit en Egypte où il resta jusqu’à la mort de Salomon ; il revint ensuite en Israël et prit la tête de la rébellion contre Roboam. Lisez toute l’histoire en 1 Rois 11:28–40.

[2] Genèse 12:2–3.

[3] Genèse 13:14–15.

[4] Yancey, Ce Jésus que je n’ai jamais connu, 57.

 

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