Les histoires racontées par Jésus: Le semeur et les graines (2ème partie), Matthieu 13.3–23

Par Peter Amsterdam

mai 25, 2017

[The Stories Jesus Told: The Sower and the Seed (Part 2), Matthew 13:3–23]

Dans la première partie de la parabole du semeur et des graines, Jésus raconte la parabole aux foules qui sont venues écouter son enseignement. Ensuite, lorsqu’Il se retrouve seul avec ses disciples, ceux-ci Lui demandent pourquoi Il se sert de paraboles pour enseigner. Il leur donne une explication en se référant à Esaïe 6.9–10 (que nous avons évoqué dans la première partie), suivie de l’interprétation de la parabole, que nous allons étudier dans cette seconde partie.

Jésus énumère quatre types de sols dans lesquels les graines sont semées : le chemin, sur lequel les oiseaux viennent manger les graines; le sol rocailleux, recouvert d’une mince couche de terre; le sol rempli de ronces; et la bonne terre, qui donne du fruit. Ecoutons-Le commencer son interprétation :

Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur : chaque fois que quelqu’un entend le message qui concerne le royaume et ne le comprend pas, le diable vient arracher ce qui a été semé dans son cœur. Tel est celui qui a reçu la semence au bord du chemin.

Dans Matthieu, la semence est appelée le message qui concerne le royaume; dans Marc, c’est la parole; et dans Luc, la Parole de Dieu. L’application de la parabole compare les graines semées dans quatre sols différents aux quatre types de réactions que les gens ont lorsqu’ils entendent le message de la Parole de Dieu.

Quand la semence tombe sur le chemin bordant le champ, elle reste à même le sol où les oiseaux peuvent facilement la manger. Dans la littérature juive de l’époque de Jésus, les oiseaux symbolisaient parfois le diable. Certaines personnes sont comme un sol dur. La semence n’a pas le temps de germer sur une terre endurcie parce que la personne n’est pas réceptive au message. Ces gens-là entendent le message avec leurs oreilles, mais ils n’écoutent pas vraiment. Et le diable n’a plus qu’à venir dérober les graines.

Ensuite, Jésus donne l’interprétation du second type de sol stérile.

Puis il y a celui qui reçoit la semence « sur le sol rocailleux » : quand il entend la Parole, il l’accepte aussitôt avec joie. Mais il ne la laisse pas prendre racine en lui, car il est inconstant. Que surviennent des difficultés ou la persécution à cause de la Parole, le voilà qui abandonne tout.

A la différence de la semence qui est tombée au bord du chemin, dans ce type de sol, la semence commence à germer. Par contre, il n’y a pas beaucoup de terre, du fait que le socle rocheux est très près de la surface. Par conséquent, la température du sol s’élève très tôt dans la saison et les plants poussent rapidement, mais à cause du manque d’eau et de leurs racines peu profondes, les pousses sont brûlées et meurent. Les graines plantées dans ce type de sol ne vivent pas longtemps.

Dans le contexte des Evangiles, ce type de sol symbolise ceux qui ont entendu le message de Jésus, qui ont été témoins de ses miracles et qui, au début, ont écouté avec beaucoup d’intérêt ses enseignements. Ils s’étaient réjouis d’entendre le message, hélas leur enthousiasme n’était pas fondé sur une conviction personnelle mais plutôt sur des émotions et une stimulation extérieure ; et une fois que le stimulant extérieur a disparu, leurs émotions sont retombées et leur enthousiasme s’est dissipé.[1] Quand les difficultés, les épreuves ou la persécution contre leur foi sont survenues, leur enthousiasme initial s’est refroidi et leur conviction s’est envolée. La foi des personnes de type « sol rocailleux » est superficielle ; leurs racines ne s’enfoncent pas profondément dans le sol. L’épreuve met fin à leur foi. Bien que ces graines germent rapidement et qu’elles poussent un peu, elles se dessèchent avant de pouvoir porter du fruit.

Puis Jésus parle de la semence qui est semée parmi les ronces.

Un autre encore a reçu la semence « parmi les ronces ». C’est celui qui écoute la Parole, mais en qui elle ne porte pas de fruit parce qu’elle est étouffée par les soucis de ce monde et par l’attrait trompeur des richesses.

Ce sol parait fertile puisque la semence germe et se met à pousser, tout comme les ronces qui poussent dans la même terre. Il est clair que, dans ce cas précis, la réaction à la Parole est positive, mais celle-ci ne porte pas de fruit car d’autres choses l’étouffent et entravent sa capacité à grandir jusqu’à maturité.

Le mot grec traduit par « soucis », dans les soucis de ce monde, peut être traduit aussi par anxiété, ou préoccupations, comme dans certaines traductions qui le rendent par les préoccupations de ce monde. C’est normal de se faire du souci ; cela fait partie de la nature humaine, car nous ne savons pas ce que nous réserve chaque jour. Nous pouvons toujours envisager que certaines choses nous causeront du tort d’une manière ou d’une autre, et il y a toujours des choses que nous aimerions avoir sans que ce soit possible.[2]

Leon Morris a écrit :

Il est possible d’être obnubilé par les menaces et les occasions que nous offre la vie, au point de ne pas accorder suffisamment d’attention à la Parole que nous avons reçue de Dieu. Jésus dit que les préoccupations de ce monde étouffent la Parole. Une vie ne peut contenir qu’une quantité limitée de choses, et Il parle d’une vie tellement remplie par les soucis qu’il n’y a plus de place pour s’intéresser sérieusement à la Parole de Dieu.[3]

Associé aux soucis de ce monde, il y a l’attrait trompeur des richesses. Marc ajoute toutes sortes d’autres passions (qui pénètrent en eux)[4], tandis que Luc inclut les plaisirs de la vie[5] parmi les choses qui étouffent la Parole.

On retrouve ce concept des richesses trompeuses en Proverbes 11.28:

Ceux qui se confient dans leurs richesses tomberont, mais les justes seront verdoyants comme la frondaison nouvelle.[6]

Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus disait à ses disciples qu’ils ne pouvaient pas servir Dieu et l’argent; qu’ils ne devraient pas être anxieux ni se faire de souci pour leur nourriture, leurs finances ou leurs vêtements, mais qu’ils devraient chercher en priorité la volonté de Dieu dans leur vie. Un disciple est censé se concentrer sur Dieu et avoir foi en Lui. Cela ne veut pas dire que les autres choses sont insignifiantes, mais quand elles deviennent des préoccupations excessives ou des mauvaises priorités, elles peuvent détruire notre réceptivité spirituelle à la Parole de Dieu et mener à la stérilité.[7]

Puis Jésus explique la signification des graines qui sont semées dans la bonne terre :

Un autre enfin a reçu la semence « sur la bonne terre ». C’est celui qui écoute la Parole et la comprend. Alors il porte du fruit : chez l’un, un grain en rapporte cent, chez un autre soixante, chez un autre trente.

La bonne terre produit ceux qui écoutent la Parole et la comprennent ; Marc dit : ce sont ceux qui écoutent la Parole, qui la reçoivent[8] et que Luc décrit comme ceux qui, ayant écouté la Parole, la retiennent dans un cœur honnête et bien disposé.[9] Ils sont aux antipodes de ceux dont Jésus parlait plus tôt quand Il disait : « Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau voir de vos propres yeux, vous ne saisirez pas»[10] Ceux qui entendent et comprennent, non seulement comprennent ce que dit la Parole, mais ils l’acceptent, la croient, l’assimilent et s’engagent à la mettre en pratique. Ce sont ces gens-là qui portent du fruit.

Vous remarquerez que, même si ce type de sol donne une récolte, la productivité de la semence varie.

R. T. France l’explique ainsi:

Tous les disciples ne sont pas pareils et, par conséquent, des disciples qui sont aussi sincères les uns que les autres peuvent produire des récoltes de différente quantité, en fonction de leurs dons et de leurs circonstances. …  Ce qu’on attend d’eux, c’est que chacun produise la meilleure récolte dont il est capable, tout en reconnaissant que chaque récolte sera différente. Il convient de noter ici que, s’il y a bien une différence de « productivité » entre les différents disciples, il n’y a aucune différence entre leurs récompenses célestes.[11]

Les chrétiens qui portent du fruit sont ceux qui entendent et comprennent la Parole de Dieu, et par conséquent, cela porte du fruit dans leur vie et dans la vie des autres. En d’autres termes, les vrais chrétiens portent du fruit.

Chez certains, la Parole de Dieu entre par une oreille et sort par l’autre, sans jamais prendre racine. D’autres reçoivent le message avec enthousiasme, ils sont emballés pendant un temps, mais quand les difficultés ou les problèmes surviennent, ces épreuves révèlent la faiblesse de leur engagement. Certaines personnes embrassent l’Evangile, mais petit à petit, d’autres sujets d’intérêt le délogent de sa place prépondérante[12]. Ces trois types de personnes ont ceci de commun qu’ils ne portent pas de fruit.

Ces types de sols stériles, tout comme ceux qui produisent du fruit, décrivaient les personnes qui étaient venues écouter Jésus prêcher et enseigner. Des foules nombreuses, composées parfois de plusieurs milliers de personnes, venaient L’écouter—et elles restaient parfois plusieurs jours de suite avec Lui.[13] Mais tout le monde ne recevait pas et ne croyait pas la parole qu’Il leur donnait, et parmi ceux qui L’écoutaient et croyaient, tous ne persévéraient pas. Certains tombaient en chemin. Néanmoins, Jésus continuait à prêcher et à enseigner—même quand beaucoup de ses disciples L’abandonnèrent et cessèrent de L’accompagner.[14]

Il était fidèle à prêcher le message, indépendamment des résultats, nous donnant ainsi l’exemple à suivre dans notre témoignage, notre enseignement et notre façon de gagner des disciples. Tous ceux auxquels nous allons témoigner ne croiront pas, et tous ceux qui croiront ne continueront pas à grandir ni même à garder la foi. Certains disparaîtront et d’autres seront distraits par les soucis de ce monde. Notre travail est de faire tout ce que nous pouvons pour partager l’Evangile avec les autres, les nourrir spirituellement et les inciter à grandir. Mais le résultat final dépendra de leurs décisions et de leur détermination à grandir spirituellement.

Lorsque nous réfléchissons au message de cette parabole et que nous nous l’appliquons, à nous-mêmes et à notre foi, nous constatons qu’il nous arrive de refléter un des trois types de sols stériles. A certains moments, nous sommes peut-être comme le chemin rocailleux, du fait que nous avons perdu tout intérêt pour la parole de Dieu et que nous ne sommes plus réceptifs. Dans ces moments-là, Dieu essaie peut-être de nous parler, mais comme nous sommes dans un état d’esprit peu réceptif, ses paroles ne pénètrent pas dans notre cœur et elles restent sans effet.

La joie que nous ressentions au début de notre nouvelle vie de chrétien est peut-être retombée, et notre foi et notre engagement dépérissent, comme la semence tombée dans le sol rocailleux. Ou peut-être que les soucis de la vie quotidienne, les fardeaux, les problèmes, les maladies, ou d’autres préoccupations nous ont distraits. Ou bien la soif d’argent—soit parce que nous en avons désespérément besoin, soit parce que nous voulons à tout prix en gagner davantage—étouffe notre foi, comme les ronces, et nous empêche de porter du fruit.

En tant que disciples qui s’emploient à mettre en pratique les enseignements de Jésus, nous avons la responsabilité de discerner dans quelle condition se trouve le sol de notre cœur. Il incombe à chacun de s’attacher fermement à la Parole de Dieu et de porter patiemment du fruit ; de rester une bonne terre, réceptive et fertile, afin de porter du fruit pour le Seigneur en fonction de nos dons et de notre appel. Comme le disait Jésus : Ce qui manifeste la gloire de mon Père, c'est que vous portiez beaucoup de fruit. Vous serez alors vraiment mes disciples.[15]

La parabole du semeur, Matthieu 13.3–23

3  « Un semeur sortit pour semer.

4 Alors qu’il répandait sa semence, des grains tombèrent au bord du chemin ; les oiseaux vinrent et les mangèrent.

5 D’autres tombèrent sur un sol rocailleux et, ne trouvant qu’une mince couche de terre, ils levèrent rapidement parce que la terre n’était pas profonde.

6 Mais quand le soleil fut monté haut dans le ciel, les petits plants furent vite brûlés, et comme ils n’avaient pas vraiment pris racine, ils séchèrent.

7 D’autres grains tombèrent parmi les ronces. Celles-ci grandirent et étouffèrent les jeunes pousses.

8 D’autres grains enfin tombèrent sur la bonne terre et donnèrent du fruit avec un rendement de cent, soixante, ou trente pour un.

9 Celui qui a des oreilles, qu’il entende !

10 Alors ses disciples s’approchèrent et Lui demandèrent : —Pourquoi te sers-Tu de paraboles pour leur parler ?

11 Il leur répondit : —Vous avez reçu le privilège de connaître les secrets du royaume des cieux, eux ne l’ont pas reçu.

12 Car à celui qui a, on donnera encore, jusqu’à ce qu’il soit dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.

13 Voici pourquoi je me sers de paraboles, pour leur parler : c’est que, bien qu’ils regardent, ils ne voient pas, et bien qu’ils écoutent, ils n’entendent pas et ne comprennent pas.

14 Pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe : ‘ Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau voir de vos propres yeux, vous ne saisirez pas.

15 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible, ils ont fait la sourde oreille et ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, et que leurs oreilles n’entendent, de peur que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se tournent vers moi et que je les guérisse.’

16 Vous, au contraire, vous êtes heureux, vos yeux voient et vos oreilles entendent !

17 Vraiment, Je vous l’assure : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, mais ne l’ont pas vu ; ils ont désiré entendre ce que vous entendez, mais ne l’ont pas entendu.

18 Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur :

19 Chaque fois que quelqu’un entend le message qui concerne le royaume et ne le comprend pas, le diable vient arracher ce qui a été semé dans son cœur. Tel est celui qui a reçu la semence « au bord du chemin ».

20 Puis il y a celui qui reçoit la semence « sur le sol rocailleux » : quand il entend la Parole, il l’accepte aussitôt avec joie.

21 Mais il ne la laisse pas prendre racine en lui, car il est inconstant. Que surviennent des difficultés ou la persécution à cause de la Parole, le voilà qui abandonne tout.

22 Un autre encore a reçu la semence « parmi les ronces ». C’est celui qui écoute la Parole, mais en qui elle ne porte pas de fruit parce qu’elle est étouffée par les soucis de ce monde et par l’attrait trompeur des richesses.

23 Un autre enfin a reçu la semence « sur la bonne terre ». C’est celui qui écoute la Parole et la comprend. Alors il porte du fruit : chez l’un, un grain en rapporte cent, chez un autre soixante, chez un autre trente. »


NB:

 

Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright ©2000 par la Société Biblique Internationale. Tous droits réservés. Avec permission. L’autre version citée est la Bible Segond 21 (SEG21).



[1] R. T. France, The Gospel of Matthew [l’Evangile de Matthieu] (Grand Rapids: William B. Eerdmans Publishing Company, 2007), 520.

[2] Leon Morris, The Gospel According to Matthew [l’Evangile selon Matthieu] (Grand Rapids: William B. Eerdmans Publishing Company, 1992), 347.

[3] Idem

[4] Marc 4.19.

[5] Luc 8.14.

[6] Proverbes 11.28.

[7] Darrell L. Bock, Luc Volume 1: 1:1–9:50 [Luc, volume 1: de 1.1 à 9.50] (Grand Rapids: Baker Academic, 1994), 737.

[8] Marc 4.20.

[9] Luc 8.15.

[10] Matthieu 13.14.

[11] France, The Gospel of Matthew [l’Evangile de Matthieu], 522.

[12] Craig S. Keener, The Gospel of Matthew: A Socio-Rhetorical Commentary [l’Evangile de Matthieu: un commentaire socio-rhétorique.] (Grand Rapids: William B. Eerdmans Publishing Company, 2009), 384.

[13] Matthieu 15.32.

[14] Jean 6.66.

[15] Jean 15.8 SEG21.

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