Jésus—sa vie et son message: le Sermon sur la montagne

Par Peter Amsterdam

août 9, 2018

[4 Sketches Part 1]

Quatre tableaux (1ère partie)

L'enseignement de Jésus sur la Règle d’Or conclut son discours sur la vie de disciple dans le Sermon sur la Montagne. La conclusion du sermon dans la deuxième partie du chapitre 7 consiste en quatre petits tableaux ; Ils illustrent la bonne réaction à ce qu’Il a enseigné tout au long du Sermon, et mettent en garde contre les conséquences de l’absence de réaction. Chaque exemple met en opposition les bonnes et les mauvaises réactions pour inciter les auditeurs à faire le bon choix. Jésus exprime sa position en présentant un certain nombre d’alternatives jumelées—deux chemins, deux arbres, deux déclarations, et deux maisons. A travers ces paires, Il fait valoir qu’il y a deux voies, et seulement deux. Comme nous le verrons, l’une des voies mène à la vie, à de bons fruits, à l’entrée dans le royaume des cieux et à la stabilité. Tandis que l’autre voie débouche sur la destruction, les mauvais fruits, l’exclusion du royaume et la ruine.[1]

La première paire est présentée ainsi :

Entrez par la porte étroite. En effet, large est la porte, spacieuse et facile est la route qui mène là où l’homme sera irrémédiablement perdu. Nombreux, hélas, sont ceux qui s’y engagent ! Mais, qu’elle est étroite, la porte qui donne accès à la vie, qu’il est difficile, le sentier qui y mène et qu’ils sont peu nombreux ceux qui les trouvent ![2]

Cette illustration décrit deux portes et deux routes imaginaires que tout oppose de par leur nature (large ou étroite), leur popularité (empruntée par beaucoup de gens ou par peu de gens) et leur destination (la perdition ou la vie). Jésus utilise l’opposition entre les deux routes pour souligner simplement, clairement et avec force la gravité du choix—qui déterminera le salut et l’avenir éternel. Nous voyons la similitude avec l’enseignement de l’Ancien Testament sur le choix entre deux voies :

Je vous donne le choix entre le chemin de la vie et celui de la mort.[3] —Ecoutez, je propose aujourd’hui à votre choix la bénédiction et la malédiction :la bénédiction si vous obéissez aux commandements de l’Eternel votre Dieu, ceux que je vous donne aujourd’hui ; ou la malédiction, si vous n’obéissez pas aux commandements de l’Eternel votre Dieu, et si vous vous écartez de la voie que je vous trace moi-même aujourd’hui, pour vous rallier à d’autres dieux que vous ne connaissez pas.[4]

Jésus propose clairement deux options à ceux qui entendent le Sermon : la vie ou la destruction. La question est de savoir si l’on choisira la porte large pour s’engager sur la route spacieuse avec la majorité des gens, ou si l’on sera une des rares personnes à trouver la porte étroite et le chemin difficile qui mènent à la vie. La route large et bien fréquentée, celle que choisit la grande majorité des gens sans trop réfléchir à sa destination, débouche sur la destruction. La voie étroite, moins fréquentée et moins populaire mène à une destination que Jésus appelle la vie.

Dans le contexte du Sermon sur la montagne, il est évident que le sentier qui mène à la vie est plus difficile que l’autre route. Elle restreint et confine ceux qui suivent ce chemin à suivre l’enseignement de l’Écriture, c’est-à-dire à être pieux, à vivre comme il convient, à obéir et glorifier Dieu. La vérité révélée de la Bible fixe les limites de ce que les chrétiens peuvent croire et de la façon dont ils peuvent se comporter, tout en leur enseignant à vivre d’une manière qui crée de bonnes relations avec les autres, et surtout avec Dieu. La petite porte et le sentier étroit sont moins évidents, et peu de gens les trouvent. La difficulté d’emprunter le sentier étroit est exprimée ailleurs, comme la fois où Jésus dit :

Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.[5] 

La porte qui s’ouvre sur la route étroite c’est Jésus. Il a dit de Lui-même :

C’est moi qui suis la porte. Celui qui entre par moi sera sauvé : il pourra aller et venir librement, il trouvera de quoi se nourrir.[6]

Jésus a également dit :

Le chemin, … c’est moi, parce que je suis la vérité et la vie. Personne ne va au Père sans passer par moi.[7]

John Stott a fait ce commentaire sur la porte large et la route spacieuse :

Jésus a enseigné que la route spacieuse et facile, à laquelle on accède par la porte large, mène à la destruction. Il n’a pas précisé ce qu’Il voulait dire par là, et l’on peut supposer que la nature précise de l’enfer dépasse autant notre entendement limité que la nature précise du ciel. Mais le mot terrible « destruction » (terrible parce que Dieu est précisément le Créateur, et non pas le Destructeur, et parce que l’homme a été créé pour vivre, et non pas pour mourir)semble au moins nous donner la liberté de dire qu’en enfer, tout ce qui est bon sera détruit —l’amour, la beauté et la vérité, la joie, la paix et l’espoir—et cela, pour toujours. C’est une perspective trop horrible à contempler sans que cela suscite le désespoir. [8]

L'impression qui en ressort est que les gens choisissent la porte d’entrée et la voie qu’ils empruntent. Dans ce contexte, cela semble indiquer qu'ils ne sont pas ignorants ou inconscients du fait qu’ils font un choix. A ce titre, ce tableau semble ne concerner que ceux qui ont eu la possibilité de prendre une décision pour ou contre le Christ, et ne semble pas s’appliquer à ceux qui n'ont jamais entendu parler de Lui ou de son message.

Jésus fait valoir que chacun est confronté au choix de L’accepter ou de Le rejeter. Il y a deux portes, deux chemins, deux groupes de personnes et deux destinations. Il n’y a pas de demi-mesure. Cela ne donne pas aux croyants le droit de se croire supérieurs ou de condamner les autres ; au contraire, cela devrait nous inciter à partager avec amour l’évangile et à être des exemples vivants de son message. Le message que Jésus donne ici et dans le reste de la conclusion du Sermon indique clairement que chaque individu choisit en connaissance de cause le chemin qu'il prend ; et même si certains croient ou prétendent que le choix n’a aucune d’importance, Jésus dit qu’il en a, et la différence entre les deux options est capitale.

Dans le second des quatre tableaux, Jésus met en garde contre les faux prophètes/enseignants/dirigeants.

Gardez-vous des faux prophètes ! Lorsqu’ils vous abordent, ils se donnent l’apparence d’agneaux mais, en réalité, ce sont des loups féroces. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Est-ce que l’on cueille des raisins sur des buissons d’épines ou des figues sur des ronces ? Ainsi, un bon arbre porte de bons fruits, un mauvais arbre produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits. Tout arbre qui ne donne pas de bons fruits est arraché et jeté au feu.[9]

Dans l’Ancien Testament, Dieu parlait à Israël par le truchement de vrais prophètes, et leurs messages étaient souvent des avertissements et des révélations de jugements à venir. Il y avait aussi des faux prophètes qui donnaient des messages fallacieux, destinés à plaire aux auditeurs.

Des choses stupéfiantes, des abominations, ont lieu dans le pays. Dans leurs prophéties, les prophètes ne disent que mensonges, et les prêtres dominent au nom de leur autorité. Mon peuple, lui, trouve cela très bien…[10] Car tous, petits ou grands, sont avides de gains. Tous, du prophète au prêtre, pratiquent la duplicité.[11] Mais, à Jérusalem, et parmi ses prophètes, j’ai vu des abominations ! On commet l’adultère, on vit dans le mensonge, on encourage ceux qui font le mal en sorte qu’ils ne se détournent pas de leur méchanceté. ... Voici ce que déclare le Seigneur des armées célestes : « N’écoutez pas ce que proclament les prophètes dans leurs discours : ils vous bercent sans fin d’illusions mensongères car ce qu’ils vous racontent, ce ne sont que révélations de leur propre invention et non pas ce qui sort de la bouche de l’Eternel. »[12]

Jésus nous met en garde contre ceux qui prétendent dire les paroles du Seigneur, mais le font de manière à tromper, qu’il s’agisse de prophètes, d’enseignants ou de dirigeants. Nous n’avons aucun moyen de savoir si Jésus avait un groupe particulier de personnes à l’esprit lorsqu’Il a prononcé ces paroles, mais l’avertissement s’avéra nécessaire, puisque de faux enseignants apparurent par la suite dans l’église primitive. Ainsi, l’apôtre Pierre écrivit :

Autrefois, il y a eu des prophètes de mensonge parmi le peuple d’Israël ; il en sera de même parmi vous. Ces enseignants de mensonge introduiront subtilement parmi vous des erreurs qui mènent à la perdition. Ils renieront le Maître qui les a rachetés et attireront ainsi sur eux une perdition soudaine. Beaucoup de gens les suivront dans leur immoralité et, à cause d’eux, la voie de la vérité sera discréditée. Par amour de l’argent, ils vous exploiteront avec des histoires de leur propre invention.[13] 

Quant à l’apôtre Paul, il écrivit :

Je le sais : quand je ne serai plus là, des loups féroces se glisseront parmi vous, et ils seront sans pitié pour le troupeau. De vos propres rangs surgiront des hommes qui emploieront un langage mensonger pour se faire des disciples.[14] Car nombreux sont ceux qui refusent de se soumettre à la vérité. Ce sont de vains radoteurs qui tournent la tête aux gens et égarent les esprits par leurs discours pernicieux. Il s’en trouve surtout parmi les convertis issus du judaïsme. Il faut leur fermer la bouche, car ils bouleversent des familles entières en enseignant, par vil intérêt, des doctrines qui ne correspondent pas à la vérité.[15]

Comme le disaient Pierre et Paul, les chrétiens doivent être conscients qu’il y a malheureusement des enseignants et des dirigeants qui prétendent à tort enseigner la vérité mais qui, en fait, égarent les gens. Certains dirigeants religieux trompent les autres pour servir leurs intérêts personnels. Jésus les dénonce en disant qu’ils se déguisent en brebis mais que leur vraie nature est celle de loups voraces. Il dit clairement que de telles personnes existent et Il avertit ses disciples de se méfier d’elles, et leur donne des instructions sur la façon de les reconnaître—par leurs fruits.

Il emploie d’abord la métaphore d’une cueillette de raisins sur des buissons épineux et de figues sur des chardons. Or nous savons que des fruits comme le raisin et la figue ne poussent pas sur des plantes épineuses. Ensuite, il passe aux arbres, en soulignant que les arbres produisent uniquement le genre de fruits qui correspond à leur nature fondamentale ; un arbre malade produit des fruits de qualité inférieure, des mauvais fruits, tandis qu’un arbre en bonne santé produit des bons fruits.

De quels bons fruits Jésus parle-t-Il ? Le bon fruit c’est de se conformer à ce qu’Il a enseigné tout au long du Sermon. C’est la justice, la sainteté, l’humilité, c’est faire confiance au Père, aller vers Lui dans la prière, c’est l’obéissance aux paroles de Jésus, c’est l’amour, la générosité, c’est refuser d’être hypocrite, etc. C’est vivre, croire et enseigner d’une manière qui est conforme aux enseignements de Jésus et des Écritures, et qui manifeste la vraie allégeance à Dieu. C’est être un authentique disciple.

Les faux prophètes, les faux enseignants et les dirigeants indignes se révèlent à travers leurs croyances, leur caractère et leur conduite. S’ils n’enseignent pas ce que l’Écriture enseigne, s’ils ne montrent pas les fruits de l’Esprit—l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi[16]– alors peu importe qu’ils soient doués pour enseigner et diriger, s’ils ne reflètent pas la nature et le caractère du Christ, il est légitime de se demander s’ils sont un bon arbre ou non. Bien sûr, personne n’est parfait, et il arrive à tout le monde de ne pas être à la hauteur, mais Jésus ne parle pas d’erreurs. Il parle précisément de la façon de reconnaître ceux qui, tout en professant de L’aimer, de croire en Lui et de Le représenter devant les autres, sont en fait des loups déguisés en moutons. Comme Il le dit dans cet autre passage :

Considérez ou bien que l’arbre est bon et que son fruit est bon, ou bien que l’arbre est mauvais et que son fruit est mauvais, car c’est à son fruit que l’on reconnaît l’arbre. Espèces de vipères ! Comment pouvez-vous tenir des propos qui soient bons alors que vous êtes mauvais ? Car ce qu’on dit vient de ce qui remplit le cœur.[17]

Cela devrait nous donner à réfléchir de lire que les faux prophètes, les enseignants et les dirigeants qui portent de mauvais fruits (du fait de leurs mauvaises motivations, et parce qu’ils ne pratiquent pas ce qu’ils prêchent et enseignent) sont comme des arbres qui ne portent pas de bons fruits et qui par conséquent seront coupés et jetés au feu. C’est assurément un avertissement sérieux pour nous inciter à marcher et vivre dans la foi plutôt que de nous contenter d’en parler. En tant que disciples de Jésus, nous sommes responsables de connaître, de croire et de vivre les enseignements du Christ, et cela s’applique particulièrement à ceux d’entre nous qui enseignent et guident les autres dans la foi.


NB:

Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright ©2000 par la Société Biblique Internationale. L’autre version citée est la Parole Vivante (PVV). Tous droits réservés. Avec permission.


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[1] Carson, Jesus’ Sermon on the Mount and His Confrontation with the World [Le Sermon de Jésus sur la Montagne et sa confrontation avec le monde], 129–30.

[2] Matthieu 7.13–14 PVV.

[3] Jérémie 21.8.

[4] Deutéronome 11.26–28.

[5] Marc 10.25.

[6] Jean 10.9.

[7] Jean 14.6.

[8] Stott, The Message of the Sermon on the Mount [Le message du Sermon sur la Montagne].

[9] Matthieu 7.15–20.

[10] Jérémie 5.30–31.

[11] Jérémie 6.13.

[12] Jérémie 23.14,16.

[13] 2 Pierre 2.1–3.

[14] Actes 20.29–30.

[15] Tite 1.10–11 PVV.

[16] Galates 5.22–23.

[17] Matthieu 12.33–34.

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