Au Cœur de la Foi : L’Homme-Dieu (1ère partie)

août 25, 2014

par Peter Amsterdam

[The Heart of it All: The God-Man, part 1]

Je vous conseille de lire  « Au cœur de la foi : Introduction » avant de lire cet article ou les suivants de la série.

Le cœur de la foi chrétienne réside dans cette question, simple mais capitale : Qui est Jésus ? Pour pouvoir comprendre notre foi, pour comprendre l’histoire de Jésus et la signification de sa vie – en particulier le sens de ses enseignements et la raison de sa venue – il est essentiel de comprendre qui Il est.

Jésus est Dieu. Il est la deuxième personne de la Trinité, qui comprend Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. (La Trinité fera l’objet d’une autre série d’articles Au cœur de la foi.)

Ce qui est formidable dans tout cela, c’est que Jésus étant Dieu, chaque personne qui, au cours des siècles, a invité Jésus dans sa vie, a reçu le pardon de ses péchés et la vie éternelle. Du fait que nous sommes pécheurs, de par notre nature humaine, et que nos péchés offensent Dieu, nous avons besoin d’être pardonnés par Dieu et d’être réconciliés avec Lui ; et la seule façon d’y parvenir, c’était que Jésus, étant Dieu, devienne un homme, qu’Il vive une vie exempte de péché et qu’Il meure pour nos péchés, avant de ressusciter d’entre les morts. Et c’est exactement ce qui s’est passé.

Nous étudierons dans un prochain article pourquoi et comment la mort de Jésus nous apporte le pardon de Dieu. Qu’il suffise de dire pour l’instant que la Bible nous enseigne que la mort du Christ pour nos péchés est le fondement du salut de l’humanité. Jésus a satisfait à toutes les conditions requises pour que Dieu pardonne leurs péchés aux êtres humains.

Le Logos

En tant que membre de la Trinité, avec Dieu le Père et Dieu le Saint-Esprit, Jésus est Dieu le Fils. En tant que tel, Il possède tous les attributs de Dieu. (Nous traiterons plus en détail des attributs de Dieu, dans une prochaine série d’articles.)

Dieu est le créateur de toutes choses. Dieu est éternel et Il existait avant que quoi que soit d’autre n’existe. Cela étant, pour que Jésus soit Dieu, Il doit obligatoirement être éternel et Il doit aussi avoir existé avant quoi que ce soit d’autre. À ce titre, Il a forcément joué un rôle dans la création de tout ce qui a été créé. Et d’après les Écritures, tout cela est vrai de Jésus.

C’est fort bien souligné dans les trois premiers versets de l’Évangile de Jean : 

Au commencement était Celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, Il était Lui–même Dieu. Au commencement, Il était avec Dieu. Tout a été créé par Lui ; rien de ce qui a été créé n’a été créé sans Lui.

Quand Jean parlait de Dieu le Fils avant qu’Il naisse ici-bas, il ne L’appelait pas Jésus, mais la Parole. Ces versets montrent que la Parole/Jésus a joué un rôle dans la création, puisque « tout a été créé par Lui. » Le mot dont Jean s’est servi et qui a été traduit en français par Parole, était Logos dans l’original grec. Le terme Logos fut employé pour la première fois au 6ème siècle avant notre ère, par un philosophe Grec nommé Héraclite, pour désigner la raison divine ou le dessein qui coordonne un univers en transformation. Ainsi un locuteur grec de l’époque, pour qui Logos signifiait raison, aurait lu le verset comme ceci : « Au commencement, il y avait la raison ou la pensée de Dieu. » Il aurait compris qu’avant la création, le Logos existait de toute éternité avec Dieu. Par conséquent, le Logos, la Parole, Dieu le Fils, existait avant que quoi que ce soit ne soit créé, y compris le temps, l’espace et l’énergie.

Comme Athanase, l’un des premiers pères de l’église, l’a écrit: « Il n’y a jamais eu un moment où le Logos n’existait pas. »[1] Il est éternel. Le Logos, Dieu le Fils, était avec Dieu le Père, et Il était Dieu.

Jean 1:14 continue en ces termes :

Celui qui est la Parole est devenu homme et Il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité !

Jean déclare clairement que le Logos, la Parole, Dieu le Fils, est devenu chair et a vécu parmi nous. Cela signifie ni plus ni moins que Dieu le Fils a vécu ici-bas comme un homme, pendant un certain temps. Cela signifie que cet être éternel et immatériel est entré dans sa création dans le temps et l’espace. Cela ne pouvait arriver que si Dieu s’incarnait, s’Il devenait un homme, et c’est exactement ce qui s’est passé lorsque Jésus de Nazareth est né. Il est devenu le Dieu-homme, le Dieu en chair humaine qui a vécu parmi nous.

Puisque c’est un élément fondamental de la foi chrétienne, j’ai pensé qu’il serait bon de revoir ce que Jésus a dit de Lui-même, concernant sa nature divine.

Les déclarations de Jésus concernant sa nature divine

Il est important de souligner que d’après les Lois de Moïse, toute personne se disant Dieu est coupable de blasphème, lequel était puni de mort. À plusieurs reprises, les Juifs saisirent des pierres pour tuer Jésus, et lors de sa comparution devant les chefs religieux juifs, ils Le condamnèrent à mort pour avoir déclaré qu’Il était Dieu. Il ne fait aucun doute que ses contemporains juifs comprenaient qu’Il revendiquait sa déité.

L’une de ses revendications directes est consignée au chapitre 8 de l’Évangile de Jean, quand Il dit :

« Abraham, votre père, a exulté de joie, rien qu’à la pensée de voir mon jour. Il l’a vu et en a été transporté de joie.  – Quoi, Lui dirent–ils alors, « Tu n’as même pas cinquante ans et Tu prétends avoir vu Abraham !  – Vraiment, Je vous l’assure, leur répondit Jésus, avant qu’Abraham soit venu à l’existence, Moi, Je suis. » À ces mots, ils se mirent à ramasser des pierres pour les Lui jeter, mais Jésus disparut dans la foule et sortit de l’enceinte du Temple.[2]

Ce que Jésus dit dans ce passage est important pour deux raisons. D’abord, bien qu’Il n’ait pas cinquante ans, Il affirme qu’Il était vivant avant Abraham – lequel vécut et mourut deux mille ans auparavant. Dieu seul a une existence éternelle, et c’est ce que Jésus disait de Lui–même. Deuxièmement, en prononçant la phrase « avant qu’Abraham soit venu à l’existence, Moi, Je suis », Il s’approprie le nom de Dieu.

En Exode 3:14, Dieu révèle à Moïse qu’Il est « Je suis Celui qui est », puis Il commande à Moïse de dire aux Israélites : « JE SUIS m’a envoyé vers vous. » Le nom de Dieu, JE SUIS, est la transcription de YHWH, ou Yahvé, dans l’Ancien Testament. C’est un nom tellement sacré que, depuis l’époque de Jésus jusqu’à nos jours, les dévots juifs évitent de la prononcer. (Comme les Juifs religieux ne prononcent pas le nom YHWH, ils emploient à la place le mot Adonaï, qui est traduit par Seigneur.) Mais Jésus s’est appliqué ce nom à Lui-même. Les Juifs qui L’écoutaient comprenaient très bien ce qu’Il  revendiquait, et c’est pour cette raison qu’ils ont pris des pierres dans l’intention de Le tuer. 

Une autre occasion où les Juifs ont compris que Jésus déclarait être Dieu nous est rapportée au chapitre 10 de l’Évangile de Jean:

Le moment vint où l’on célébrait à Jérusalem la Fête de la Consécration [du temple]. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans la cour du Temple, dans la Galerie de Salomon. Alors on fit cercle autour de Lui et on L’interpella : « Combien de temps nous tiendras–Tu encore en haleine ? Si Tu es le Messie, dis–le nous clairement. – Je vous l’ai déjà dit, leur répondit Jésus, mais vous ne croyez pas. Pourtant, vous avez vu les actes que J’accomplis au nom de mon Père : ce sont eux qui témoignent en ma faveur. Mais vous ne croyez pas. Pourquoi ? Parce que vous ne faites pas partie de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, Je les connais et elles Me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront et personne ne pourra les arracher de ma main. Mon Père, qui Me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut arracher qui que ce soit de la main de mon Père. Or, Moi et le Père, nous ne sommes qu’un. »

Cette fois encore, ils ramassèrent des pierres pour Le tuer. Alors Jésus leur dit : « J’ai accompli sous vos yeux un grand nombre d’œuvres bonnes par la puissance du Père ; pour laquelle voulez–vous Me tuer à coups de pierres ? Les Juifs répliquèrent : – Nous ne voulons pas Te tuer pour une bonne action, mais parce que Tu blasphèmes. Car, Toi qui n’es qu’un homme, Tu Te fais passer pour Dieu. »

« Si Je n’accomplis pas les œuvres de mon Père, vous n’avez pas besoin de croire en Moi. Mais si, au contraire, Je les accomplis, même si vous ne voulez pas Me croire, laissez–vous au moins convaincre par mes œuvres, pour que vous reconnaissiez et que vous compreniez que le Père est en Moi et que Je suis dans le Père. » Là–dessus, les chefs des Juifs tentèrent à nouveau de se saisir de Lui, mais Il leur échappa.[3]

Dans ces passages, Jésus fait référence aux miracles qu’Il a accomplis, et dit aux Juifs que ses œuvres devraient suffire à les convaincre que « le Père est en Moi et que Je suis dans le Père. »

Quand Jésus déclare à plusieurs reprises « Je suis », Il revendique indirectement son essence divine. Il a accompli des miracles qui prouvent la véracité de ses déclarations. Par exemple, le lendemain du jour où Il venait de donner à manger à 5 000 personnes, avec le pain et les poissons qu’il avait multipliés à partir de 2 poissons et cinq petits pains d’orge, Jésus déclarait :

« Je suis le pain de vie. Celui qui vient à Moi n’aura jamais faim et celui qui croit en Moi n’aura jamais soif ».[4]

« Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours. Le pain que Je donnerai, c’est ma chair ; Je la donne afin que le monde vive. »[5]

Les Juifs murmuraient à son sujet parce qu’Il avait dit : « Je suis le pain qui est descendu du ciel », et ils disaient : « N’est–ce pas Jésus, le fils de Joseph, celui dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc peut-Il dire: ‘ Je suis descendu du ciel ’ ? »[6]

Au chapitre 9 de l’Évangile de Jean, Jésus fait une nouvelle déclaration Je suis, suivie d’un miracle correspondant. Alors qu’Il quitte le temple, Jésus voit un homme aveugle de naissance et dit : 

« Pendant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde. » Après avoir dit ces mots, Jésus cracha par terre et fit un peu de boue avec sa salive ; Il frotta les yeux de l’aveugle avec cette boue et lui dit : « Va te laver la figure à la piscine de Siloé. » – Ce nom signifie Envoyé. – L’aveugle y alla, se lava la figure et, quand il revint, il voyait ![7]

Quand les Pharisiens interrogent cet homme pour lui demander comment il a été guéri de sa cécité, il leur explique que Jésus l’a guéri. A ces mots, ils l’expulsent alors du temple. Le chapitre enchaîne sur :

Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Il alla le trouver et lui demanda : « Crois–tu au Fils de l’homme ? Il Lui répondit : – Qui est–ce ? Dis–le moi, Seigneur, pour que je puisse croire en Lui. Jésus lui dit : – Tu Le vois de tes yeux. C’est Lui–même qui te parle maintenant. – Je crois, Seigneur, » déclara l’homme, et il se prosterna devant Lui.[8]

Un autre cas de déclaration Je suis, suivie d’un miracle à l’appui, nous est rapporté au chapitre 11 de Jean, lorsque Lazare, l’ami de Jésus, meurt. Quatre jours plus tard, Jésus se rend à Béthanie où Lazare a été enseveli. Sa sœur Marthe affirme que si Jésus avait été là, son frère ne serait pas mort.

« Je suis la résurrection et la vie, lui dit Jésus. Celui qui place toute sa confiance en Moi vivra, même s’il meurt. Et tout homme qui vit et croit en Moi ne mourra jamais. Crois–tu cela ? – Oui, Seigneur, Lui répondit–elle, je crois que Tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui devait venir dans le monde. »[9]

Sur quoi, Jésus ressuscite Lazare d’entre les morts, ce qui amène une foule de gens à croire en Lui. Les chefs des prêtres et les Pharisiens réagissent en convoquant le Sanhédrin, et « c’est ce jour–là que les chefs des Juifs prirent la décision de faire mourir Jésus. »[10]

Les autres déclarations Je suis faites par Jésus incluent:

« Je suis la porte. Celui qui entre en passant par Moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera sa nourriture. »[11]

“Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par Moi. Si vous Me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Et dès maintenant vous Le connaissez, vous L’avez vu. »[12]

Le grand–prêtre L’interrogea de nouveau et Lui demanda : «  Es–Tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? Et Jésus lui répondit : – Oui, Je le suis ! Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout–Puissant et venir en gloire avec les nuées du ciel. » Alors, le grand–prêtre déchira ses vêtements en signe de consternation et s’écria : «  Qu’avons–nous encore besoin de témoins ! Vous avez entendu le blasphème ! Qu’en concluez–vous ? » Tous, alors, Le condamnèrent en Le déclarant passible de mort.[13]

Donc, les Pharisiens comprenaient qu’en se disant Je suis et Fils de l’homme, Jésus proclamait son essence divine, ce qu’ils considéraient comme un blasphème, passible de la peine de mort.

Fils de l’Homme

Tout au long des Évangiles, Jésus emploie le terme Fils de l’homme. Chaque fois que le terme apparaît dans les Évangiles, Jésus l’emploie en référence explicite à Lui-même. Ce terme renvoie à Daniel 7:13-14, qui décrit un Fils d’homme à qui sont donnés l’autorité, la gloire, la souveraineté et un royaume éternel. Ce passage parle explicitement de quelqu’un qui existe déjà au ciel et qui reçoit la souveraineté éternelle sur le monde. Les Juifs contemporains de Jésus connaissaient bien ce passage de Daniel et savaient à qui Jésus faisait référence lorsqu’Il employait ce terme.

Pendant que je regardai dans mes visions nocturnes, quelqu’un qui ressemblait à un fils de l’homme est venu avec les nuées du ciel. Il s’est avancé vers l’Ancien des Jours, et on L’a fait approcher de Lui. On Lui a donné la domination, la gloire et le règne, et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues L’ont servi. Sa domination est une domination éternelle qui ne cessera pas, et son royaume ne sera jamais détruit.[14]

Voici quelques autres versets importants où Jésus se proclame le Fils de l’homme:

Eh bien, vous saurez que le Fils de l’homme a, sur la terre, le pouvoir de pardonner les péchés.[15]

Le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors Il donnera à chacun ce que lui auront valu ses actes.[16]

De même que Moïse a élevé le serpent de bronze sur une perche dans le désert, de même le Fils de l’homme doit être élevé, afin que quiconque croit en Lui ait la vie éternelle.[17]

En plus de ses déclarations Je suis et Fils de l’homme, Jésus a fait aussi allusion au fait qu’Il existait avec Dieu avant sa venue parmi nous :

C’est vrai : Je suis venu du Père et Je suis venu dans le monde. Maintenant, Je quitte le monde et Je retourne auprès du Père.[18]

J’ai fait connaître ta gloire sur la terre en accomplissant l’œuvre que Tu m’avais confiée. Et maintenant, Père, revêts–Moi de gloire en ta présence, donne–Moi cette gloire que J’avais déjà auprès de Toi avant les origines du monde.[19]

Le pardon des péchés

En plus des affirmations directes que Jésus a faites, Il a fait et dit des choses qui impliquent indirectement son essence divine. Dans ces exemples, Il ne dit pas: « Je suis Dieu » mais Il fait des déclarations ou accomplit des actes qui ne peuvent être attribués qu’à Dieu. Jésus leur répondit : « Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent, et Moi aussi, Je suis à l’œuvre. »[20] Par exemple, Il a pardonné les péchés. S’il est logique que des personnes peuvent pardonner à quelqu’un qui a péché contre eux, Jésus, Lui, a pardonné les péchés de gens qui avaient péché contre d’autres personnes.

C. S. Lewis l’a expliqué en ces termes: « Nous pouvons tous comprendre qu’un homme puisse pardonner des offenses commises à son encontre. Vous me marchez sur les pieds, je vous pardonne; je vous pardonne de m’avoir volé de l’argent. Mais que penser d’un homme qui, bien qu’on ne l’ait pas volé et qu’on ne lui ait pas marché sur les pieds, annonce qu’il vous a pardonné d’avoir marché sur les pieds d’un autre et d’avoir volé l’argent d’un autre ? Dire que c’est le comble du ridicule, serait la description la plus proche que nous pourrions donner de son comportement. Pourtant, c’est ce que Jésus a fait. Il a dit aux gens que leurs péchés étaient pardonnés, sans se donner la peine de consulter les personnes qui avaient souffert de ces péchés. Il n’a  pas hésité à agir comme s’Il était la personne concernée au premier chef, comme s’Il avait été Lui-même lésé par toutes ces offenses. Cela n’a de sens que s’Il est vraiment le Dieu dont les lois ont été violées et dont l’amour a été blessé à cause de chacun de ces péchés. »[21]

Dans les deux passages suivants, Jésus pardonne des péchés, et lorsqu’Il le fait, les chefs juifs se posent de sérieuses questions, car ils comprennent tout ce que cela implique. 

On lui amena un paralysé porté par quatre hommes. Mais ils ne purent pas le transporter jusqu’à Jésus, à cause de la foule. Alors ils montèrent sur le toit en terrasse, défirent la toiture de la maison au–dessus de l’endroit où se trouvait Jésus et, par cette ouverture, firent glisser le brancard sur lequel le paralysé était couché. Lorsqu’Il vit quelle foi ces hommes avaient en Lui, Jésus dit au paralysé : –« Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés. » Or, il y avait, assis là, quelques spécialistes de la Loi qui raisonnaient ainsi en eux–mêmes : «  Comment cet homme ose–t–Il parler ainsi ? Il blasphème ! Qui peut pardonner les péchés si ce n’est Dieu seul? » Jésus sut aussitôt, en son esprit, les raisonnements qu’ils se faisaient en eux–mêmes ; Il leur dit : «  Pourquoi raisonnez–vous ainsi en vous–mêmes ? Qu’y a–t–il de plus facile : Dire au paralysé : ‘ Tes péchés te sont pardonnés’, ou bien : ‘ Lève–toi, prends ton brancard et marche’ ? Eh bien, vous saurez que le Fils de l’homme a, sur la terre, le pouvoir de pardonner les péchés. Alors Il déclara au paralysé : – Je te l’ordonne : lève–toi, prends ton brancard, et rentre chez toi. » Aussitôt, cet homme se leva, prit son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous en furent stupéfaits et rendirent gloire à Dieu en disant : «  Nous n’avons jamais rien vu de pareil ! »[22]

Jésus pardonne les péchés de l’homme, et pour ajouter de la crédibilité à son autorité divine, Il accomplit un miracle.

Le second exemple a lieu quand Jésus rend visite à un Pharisien nommé Simon. Tandis qu’ils sont attablés, une femme, qui est une pécheresse notoire, survient, en pleurs ; elle Lui mouille les pieds de ses pleurs, les essuie avec ses cheveux, et y répand du parfum.

Puis Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi et tu ne M’as pas donné d’eau pour mes pieds ; mais elle m’a lavé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne M’as pas reçu en M’embrassant ; mais elle n’a pas cessé de M’embrasser les pieds depuis que Je suis entré. Tu n’as pas répandu d’huile sur ma tête ; mais elle a répandu du parfum sur mes pieds. C’est pourquoi, Je te le déclare : le grand amour qu’elle a manifesté prouve que ses nombreux péchés ont été pardonnés. Mais celui à qui l’on a peu pardonné ne manifeste que peu d’amour. » Jésus dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés ». Ceux qui étaient à table avec Lui se mirent à dire en eux–mêmes : « Qui est cet homme qui ose même pardonner les péchés ? » Mais Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée : va en paix. »[23]

À maintes reprises, les actes et les déclarations de Jésus affirmant directement ou indirectement sa revendication à la divinité, étaient parfaitement compris comme tels par les responsables juifs, qui Le considéraient comme un blasphémateur. 

Le jugement des hommes

Une autre affirmation indirecte de Jésus était qu’Il jugerait les hommes dans l’au-delà, ce que les Juifs savaient être un monopole réservé à  Dieu, d’après leurs écritures.

« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous ses anges, Il prendra place sur son trône glorieux. Tous les peuples de la terre seront rassemblés devant Lui. Alors Il les divisera en deux groupes – tout comme le berger fait le tri entre les brebis et les boucs. Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Après quoi, le roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père : prenez possession du royaume qu’Il a préparé pour vous depuis la création du monde. »… Puis Il se tournera vers ceux qui seront à sa gauche : « Retirez–vous loin de Moi, vous que Dieu a maudits, et allez dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. »[24]

« Et le Père ne juge personne, mais Il a donné au Fils tout le pouvoir de juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui L’a envoyé. »[25]

Sa relation au Père

Jésus a également affirmé qu’Il avait une relation spéciale et unique avec le Père.

« Vraiment, Je vous l’assure : le Fils ne peut rien faire de sa propre initiative ; Il agit seulement d’après ce qu’Il voit faire le Père. Tout ce que fait le Père, le Fils le fait également, car le Père aime le Fils et Lui montre tout ce qu’Il fait. Il Lui donnera même le pouvoir d’accomplir des œuvres plus grandes que toutes celles que vous avez vues jusqu’à présent, et vous en serez stupéfaits. »[26]

« Or, Moi et le Père, nous ne sommes qu’un. »[27]

“Mon Père a remis toutes choses entre mes mains. Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; et personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.[28]

John Stott, un pasteur anglican, qui fut un des leaders du mouvement évangélique et un auteur de renom, a expliqué la relation unique de Jésus au Père en ces termes:

Jésus s’identifiait si étroitement à Dieu qu’il Lui était tout naturel d’assimiler l’attitude qu’un homme avait envers Lui [Jésus] à l’attitude de cet homme envers Dieu. Ainsi,

Le connaître revenait à connaître Dieu;

Le voir revenait à voir Dieu;

Croire en Lui revenait à croire en Dieu;

Le recevoir revenait à recevoir Dieu;

Le haïr revenait à haïr Dieu;

L’honorer revenait à honorer Dieu.[29]

Que Jésus ait affirmé qu’Il était Dieu ne prouve pas forcément qu’Il l’était, mais ces revendications montrent qu’Il avait l’absolue certitude d’être Dieu. Bien entendu, un fou peut se prendre pour Dieu, mais Il n’est pas Dieu pour autant. Dans son ouvrage: Le Christ: la parole est à la défense, Lee Strobel a interrogé le Dr. Gary R. Collins, l’auteur de 45 livres de psychologie appliquée, à propos de la santé mentale de Jésus. Collins a avancé un certain nombre de raisons montrant que Jésus semblait être parfaitement sain d’esprit. Je citerai un bref passage de ce livre, et pour ceux qui souhaitent en savoir davantage, je vous conseille de lire cet excellent ouvrage.

« Les gens qui souffrent de difficultés psychiques peuvent présenter des troubles de la pensée — ils n’arrivent pas à tenir une conversation logique, ils tirent des conclusions erronées et sont irrationnels. Jésus ne présente aucun de ces signes. Il s’exprimait clairement, avec beaucoup de conviction et d’éloquence. Il était brillant et avait une connaissance extraordinaire de la nature humaine.

« Un comportement inapproprié est un autre signe de troubles mentaux, comme le fait de porter un accoutrement bizarre ou d’être incapable d’avoir des rapports sociaux normaux. La conduite de Jésus était conforme à ce que l’on pouvait attendre, et Il avait des rapports étroits et durables avec une grande diversité de personnes d’origines sociales différentes.

« Il était aimant mais Il ne laissait pas sa compassion Le paralyser; Il n’avait pas un ego surdimensionné, bien qu’Il fût entouré par des foules qui L’adoraient. Il était bien équilibré, en dépit d’un mode de vie souvent très exigeant. Il savait toujours ce qu’Il faisait et où Il allait; Il aimait beaucoup les gens, y compris les femmes et les enfants, qui n’étaient pourtant pas considérés comme très importants à son époque. Il savait accepter les gens sans pour autant cautionner leur péché. Il réagissait vis-à-vis des gens en tenant compte de leur situation particulière et de leurs besoins uniques. »

« Donc, quel est votre diagnostic, Docteur? » m’enquis-je.

« Au final, je ne vois chez Jésus aucun signe d’un quelconque trouble mental, conclut-il en ajoutant dans un sourire: Il était beaucoup plus sain d’esprit que qui que ce soit que je connaisse, y compris moi-même! »[30]

Il existe un célèbre argument, avancé par C. S. Lewis, qu’on appelle le trilemme de Lewis, qui pose la question de savoir si Jésus était Dieu ou un simple fou. On le désigne souvent sous le terme « Seigneur, menteur, ou dément. » Dans ses Fondements du Christianisme, Lewis écrit:

Je voudrais ici empêcher les gens de répéter les déclarations absurdes que l’on entend trop souvent à Son propos, du genre: « Je veux bien admettre que Jésus était un grand philosophe, un grand professeur de moralité, mais je ne puis accepter qu’Il déclare être Dieu. » Il y a là une contradiction flagrante! Si un simple mortel se permettait de dire ce que Jésus a dit, il ne serait pas un grand sage ni un grand philosophe, il ne pourrait être qu’un malade mental—pas plus crédible qu’un aliéné qui se prendrait pour un morceau de gruyère—ou alors il serait le diable en personne. Il vous faut choisir: ou bien cet homme était, et Il est toujours, le Fils de Dieu; ou alors c’est un dément, voire pire ! Traitez-Le de fou si vous voulez, crachez-Lui au visage, condamnez-Le à mort pour sorcellerie, ou alors prosternez-vous devant Lui et appelez-Le Seigneur et Dieu. Mais n’ayez pas la condescendance ni la bêtise de L’appeler « un grand philosophe ». Il ne nous a pas laissé cette option, Il n’en a jamais eu l’intention.[31]

D’aucuns réfutent le trilemme de Lewis en arguant qu’il y a d’autres options. Dans leur ouvrage intitulé Manuel d’Apologétique Chrétienne, Peter Kreeft et Ronald Tacelli reprennent l’argument « Seigneur, menteur, ou fou » de Lewis, en y ajoutant deux autres possibilités, qui sont « gourou » et « mythe ». Ils font valoir de façon convaincante que Jésus n’était ni un menteur, ni un dément, ni un gourou, ni un personnage mythique, mais qu’Il était exactement ce qu’Il affirmait être, Dieu le Fils.[32]

Lorsqu’à ses revendications directes à la divinité, on ajoute les miracles de Jésus, sa résurrection d’entre les morts et son ascension au ciel, ainsi que les prophéties accomplies de l’Ancien Testament Le concernant, il n’y a pas l’ombre d’un doute que Jésus est Dieu.

Et Il n’était pas le seul à l’avoir dit. Dans le prochain article de cette série, nous découvrirons l’avis de ceux qui L’ont personnellement connu.


NB

Sauf indication contraire, toutes les citations bibliques sont extraites de La Sainte Bible, Version du Semeur, copyright © 2000 Société Biblique Internationale. Tous droits réservés. Avec permission. Les autres versions les plus fréquemment citées sont la Bible en Français Courant (BFC), la Bible Segond 21 (SEG21).


Bibliographie

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[1] Phillip Cary, Histoire de la théologie Chrétienne, une série de conférences (Chantilly: The Teaching Company, 2008), Conférence N°10.

[2] Jean 8:56–59 SEM.

[3] Jean 10:22–33, 37–39 SEM.

[4] Jean 6:35 BFC.

[5] Jean 6:51 BFC.

[6] Jean 6:41–42 SEG21.

[7] Jean 9:5–7 BFC.

[8] Jean 9:35–38 SEM.

[9] Jean 11:25–27 SEM.

[10] Jean 11:53 SEM.

[11] Jean 10:9 BFC.

[12] Jean 14:6–7 BFC.

[13] Marc 14:61–64 SEM.

[14] Daniel 7:13–14 SEG21.

[15] Matthieu 9:6 SEM.

[16] Matthieu 16:27 SEM.

[17] Jean 3:14–15 BFC.

[18] Jean 16:28 SEM.

[19] Jean 17:4–5 SEM.

[20] Jean 5:17 SEM.

[21] C. S. Lewis, Mere Christianity (Les fondements du christianisme), livre 2, chapitre 3, « The Shocking Alternative » (L’alternative choquante) (Harper Collins ebooks, 2009), p.51–52.

[22] Marc 2:3–12 SEM.

[23] Luc 7:44–50 BFC.

[24] Matthieu 25:31–34, 41 SEM.

[25] Jean 5:22–23 BFC.

[26] Jean 5:19–20 SEM.

[27] Jean 10:30 SEM.

[28] Matthieu 11:27 SEM.

[29] J. Stott, Basic Christianity (Fondements du christianisme) (IVP 2006), p.34.

[30] Lee Strobel, The Case for Christ (Jésus: la parole est à la défense) (Zondervan 1998), p.147.

[31] C. S. Lewis, Mere Christianity(Les fondements du christianisme),  livre 2, chapitre 3, “The Shocking Alternative” (L’alternative choquante) (HarperCollins ebooks, 2009), p.53.

[32] Pour bien comprendre cet argument, je vous conseille de lire le chapitre 10 de Manuel d’apologétique chrétienne.