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Christianisme vivant : les Dix Commandements (La protection de la vie humaine, 3e partie)
janvier 25, 2025
par span> Peter Amsterdam
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Christianisme vivant : les Dix Commandements (La protection de la vie humaine, 3e partie)
Le suicide
[The Ten Commandments (Safeguarding Human life, Part 3—Suicide]
(Les principaux points de cet article sont tirés de Christian Ethics, de Wayne Grudem.[1])
En faisant des recherches sur le thème du suicide, j’ai lu une introduction pertinente et imprégnée d’un esprit de prière qui, selon moi, montrait la difficulté d’écrire sur ce sujet. Sachant que je ne saurais mieux l’exprimer, je me contenterai de la citer :
Le suicide est un sujet extrêmement douloureux et c’est difficile, ne serait-ce que de l’évoquer, mais surtout d’en parler, pour ceux qui ont perdu un membre de leur famille ou un ami qui a mis fin à ses jours. Par conséquent, toute discussion sur le sujet doit être abordée avec tact et compassion, et en gardant à l’esprit que le souvenir d’un suicide survenu il y a de nombreuses années peut être toujours extrêmement douloureux et pénible. Néanmoins, s’agissant de questions morales liées à la protection de la vie, il est nécessaire d’aborder le sujet du suicide.[2]
L’Organisation mondiale de la santé révèle que :
Chaque année, près de 800 000 personnes mettent fin à leurs jours ; cela veut dire que toutes les 40 secondes quelqu’un se donne la mort. Le suicide est un phénomène mondial qui touche toutes les tranches d’âge. On estime que pour chaque adulte ayant mis fin à ses jours, plus de 20 autres personnes ont fait une tentative de suicide.[3]
La Fondation américaine pour la prévention du suicide déclare :
En 2017, on estimait qu’il y avait eu 1 400 000 tentatives de suicide aux États-Unis.[4]
Comme nous l’avons vu dans Les dix commandements : La protection de la vie humaine (1ere partie), le sixième commandement stipule : Tu ne commettras pas de meurtre.[5] Le mot hébreu ratsach, que l’on traduit par meurtre, signifie ôter délibérément la vie à quelqu’un. Si l’Écriture interdit le meurtre d’un autre être humain, il est logique qu’elle interdise également de se donner la mort, puisque cela revient à commettre un meurtre sur soi-même.
Certains passages de la Bible mentionnent des personnes qui souhaitèrent mourir pour échapper à leur situation, tandis que d’autres passages évoquent le profond et tragique désespoir que peut éprouver l’âme humaine. Jonas priait en ces termes :
Maintenant, Éternel, prends-moi donc la vie, car la mort vaut mieux pour moi que la vie.[6]
Dans le livre de Job, nous lisons des expressions profondément troublantes de l’angoisse, de la détresse, de la douleur, du malheur et du désespoir que certaines personnes peuvent ressentir.
Job prit la parole et se mit à maudire le jour de sa naissance.[7] Pourquoi ne suis-je donc pas mort dans le sein de ma mère ? Pourquoi n’ai-je expiré en sortant de ses flancs ?[8] … Car maintenant je serais couché, et tranquille, je dormirais.[9] Je n’existerais pas tel l’avorton enfoui sous terre, tel un enfant qui n’a pas vu le jour.[10] Pourquoi, oui, pourquoi donc donne-t-il la lumière au pauvre malheureux ? Pourquoi donner la vie aux hommes accablés ? Ils attendent la mort et elle ne vient pas, alors qu’ils la recherchent plus que tous les trésors, ils seraient pleins de joie et ils jubileraient s’ils trouvaient le tombeau.[11] Je n’ai ni paix ni trêve, ni repos ni relâche. Je suis sans cesse en proie à de nouveaux tourments.[12]
On trouve aussi des cas de suicide dans la Bible. À la suite d’une défaite militaire, le roi Saül se suicida en s’empalant sur sa propre épée.
L’effort du combat porta sur Saül. Les archers le touchèrent et le blessèrent grièvement. Saül dit alors à son porteur d’armes : « Tire ton épée et transperce-moi ! Sinon, ce seront ces incirconcis qui viendront le faire et ils me feront subir leurs mauvais traitements. » Son porteur d’armes ne voulut pas le tuer, car il était rempli de peur. Alors Saül prit son épée et se jeta dessus.[13]
Dans un autre cas, Ahithopel, l’un des conseillers les plus proches de David, déserta ce dernier pour se joindre à la rébellion d’Absalom, avant de se rendre compte que ses conseils n’avaient pas été suivis. Comprenant qu’il servait une cause perdue, il se suicida.
Quand Ahitophel vit qu’on ne suivait pas son conseil, il sella son âne et se mit en route pour retourner chez lui dans sa ville. Il mit ses affaires en ordre, puis se pendit et mourut. Il fut enterré dans le tombeau de son père.[14]
Après avoir trahi Jésus en Le livrant aux dirigeants juifs, Judas fut pris de remords.
En voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait trahi, fut pris de remords : il alla rapporter aux chefs des prêtres et aux responsables du peuple les trente pièces d’argent et leur dit : —J’ai péché en livrant un innocent à la mort ! Mais ils lui répliquèrent : —Que nous importe ? Cela te regarde ! Judas jeta les pièces d’argent dans le Temple, partit, et alla se pendre.[15]
D’après ces exemples et les enseignements bibliques qui nous commandent d’honorer et protéger la vie humaine, nous pouvons en déduire que le suicide est contraire au plan de Dieu pour les êtres humains et que c’est mal.
Toutefois, il faut bien faire la distinction entre le suicide et le fait de sacrifier sa vie pour les autres. Jésus disait : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.[16] C’est ce que Jésus a fait lorsqu’Il s’est sacrifié de son plein gré pour toute l’humanité. Il s’est laissé capturer et exécuter pour nos péchés. L’histoire de Samson dans l’Ancien Testament est un exemple de quelqu’un qui donna sa vie pour les autres. Il tua les dirigeants des Philistins qui opprimaient le peuple de Dieu et fut lui-même tué.
Il toucha les deux colonnes centrales qui soutenaient l’édifice et s’arc-bouta contre elles, de la main droite contre l’une et de la main gauche contre l’autre. Puis il dit : —Que je meure avec les Philistins ! Puis il poussa de toutes ses forces, et le bâtiment s’écroula sur les princes et sur toute la foule qui s’y trouvait. Ainsi il fit périr plus de monde par sa mort que de son vivant.[17]
Il y a sans aucun doute des moments dans la vie de certaines personnes où leur situation parait sans issue et si mauvaise qu’elles pensent que la seule façon d’y échapper est de mettre fin à leurs jours. Toutefois, Dieu promet que même si elles ne voient pas d’issue à ce moment-là, il y a toujours une solution.
Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine. Dieu est fidèle, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter.[18]
Du point de vue de l’éthique chrétienne, la question se pose : un chrétien qui commet le péché de suicide peut-il être pardonné par Dieu ? La réponse est oui. Le suicide est un péché, certes, mais chaque chrétien pèche contre Dieu tout au long de sa vie. Tous les chrétiens qui croient en Jésus et Le reçoivent comme leur Sauveur obtiennent le pardon de leurs péchés. Tout ce que l’Écriture enseigne sur la mort de notre Sauveur sur la croix pour nos péchés, sur l’expiation et le pardon de nos péchés, s’applique également au péché du suicide.
Car le salaire que verse le péché, c’est la mort, mais le don gratuit que Dieu accorde, c’est la vie éternelle dans l’union avec Jésus-Christ notre Seigneur.[19]
Or, celui qui m’a envoyé veut que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.[20]
Oui, j’en ai l’absolue certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni ce qui est en haut ni ce qui est en bas, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous arracher à l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur.[21]
Si quelqu’un vous demande s’il ira quand même au paradis s’il se suicide, il est important de lui demander pourquoi il pose une telle question, car vous ne voudriez pas, sans le vouloir, encourager quelqu’un à se suicider. Les gens qui envisagent de mettre fin à leurs jours sont souvent des personnes qui font face à des situations très difficiles, qui ressentent une profonde tristesse, de la honte, des regrets, de la confusion, de la frustration et un profond désespoir. Dans certains cas, les gens qui souffrent mentalement ou physiquement ou qui sont victimes d’une maladie incurable envisagent de mettre fin à leurs jours. Si quelqu’un se trouvant dans cette situation vous demande conseil, il est important de lui prêter une oreille attentive tout en priant que Dieu vous montre la raison pour laquelle il vous pose cette question et ce que vous pourriez lui dire pour lui redonner de l’espoir. De plus, la sagesse nous dicte d’encourager les personnes qui envisagent de se suicider à demander l’aide d’un professionnel de santé. Dans certaines situations, il sera sans doute nécessaire d’informer la famille de la personne de la teneur de votre conversation sur le suicide.
Si vous parlez avec un autre chrétien se trouvant dans cette situation, vous pouvez citer des passages bibliques pour l’encourager à croire que Dieu est capable de l’aider à surmonter ses difficultés en temps voulu, et que le fait de tenir bon Lui permettra de le faire. Si vous parlez avec quelqu’un qui n’est pas chrétien, il serait sage de prier pour demander au Seigneur de vous donner les mots justes et la sensibilité nécessaire pour lui faire comprendre que Dieu l’aime, qu’il est important pour Lui et qu’Il lui accorde une grande valeur.
Dans une telle situation, il est essentiel de prier que le Saint-Esprit leur transmette l’amour et l’affection de Dieu par votre intermédiaire, et qu’Il vous donne sa sagesse et les paroles de réconfort adéquates pour apaiser leur âme troublée. Il est également très important d’encourager la personne à solliciter une aide médicale ou psychologique professionnelle auprès d’un conseiller qualifié et, si nécessaire, d’intervenir personnellement en appelant le service local d’assistance médicale d’urgence en son nom.
Il existe de nombreux sites en ligne qui donnent des instructions détaillées sur ce qu’il faut faire et dire lorsqu’une personne que vous connaissez envisage de se suicider. Voici deux liens qui redirigent vers plusieurs plateformes d’accueil et d’écoute pour la prévention du suicide en France :
https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/sante-mentale/la-prevention-du-suicide/
Lorsque quelqu’un se donne la mort, ce n’est pas seulement une tragédie qui met fin brutalement à la vie de la personne qui s’est suicidée, mais cela affecte aussi profondément sa famille et ses amis qui l’aimaient, bien souvent pour toute leur vie. Si la Bible approuve et encourage le sacrifice de sa vie, ce n’est absolument pas le cas de l’autodestruction.
Si jamais vous en arrivez au point où vous pensez que le seul moyen d’échapper à vos problèmes est de mettre fin à vos jours, sachez que de telles pensées ne viennent pas de Dieu. Priez pour avoir la force de résister à de telles pensées et demandez de l’aide à quelqu’un. N’essayez pas de vous en sortir tout seul. Parlez-en à quelqu’un. Appelez un numéro de prévention du suicide (le 3114 en France).
Le Seigneur ne vous abandonnera jamais. Il ne vous mettra jamais dans une situation où le suicide serait votre seule option. Vous avez peut-être l’impression que vous n’avez pas le choix, mais c’est faux et ce n’est jamais la solution. Résistez à la tentation, demandez au Seigneur de vous donner sa force, demandez de l’aide à d’autres personnes et soyez assuré qu’Il est avec vous.
Approchons-nous donc du trône du Dieu de grâce avec une pleine assurance. Là, Dieu nous accordera sa bonté et nous donnera sa grâce pour que nous soyons secourus au bon moment.[22]
Note :
Sauf indication contraire, tous les passages bibliques cités sont extraits de la Bible du Semeur, copyright © 1992, 1999 by Biblica, Inc.® L’autre version citée est la Segond 21 (SG21). Avec permission.
[1] Wayne Grudem, Christian Ethics [Éthique chrétienne] (Wheaton: Crossway, 2018).
[2] Grudem, Christian Ethics [Éthique chrétienne], 606.
[5] Exode 20.13; voir aussi Romains 13.9.
[6] Jonas 4.3.
[7] Job 3.1.
[8] Job 3.11
[9] Job 3.13
[10] Job 3.16
[11] Job 3.20–22
[12] Job 3.26
[13] 1 Samuel 31.3–4 SG21.
[14] 2 Samuel 17.23.
[15] Matthieu 27.3–5. Voir le récit d’un autre suicide en 1 Rois 16.18.
[16] Jean 15.13.
[17] Juges 16.29–30.
[18] 1 Corinthiens 10.13 SG21.
[19] Romains 6.23.
[20] Jean 6.39.
[21] Romains 8.38–39.
[22] Hébreux 4.16.