Christianisme vivant : Les Dix Commandements (L’homosexualité)

octobre 22, 2024

par Peter Amsterdam

[The Ten Commandments (Homosexuality)]

Peter Amsterdam

(Les principaux points de cet article sont tirés de Christian Ethics de Wayne Grudem[1] et Christian Ethics: Contemporary Issues and Options de Norman Geisler.[2])

Au cours de notre étude du septième commandement, « Tu ne commettras pas d’adultère »[3], les sujets que nous avons abordés jusqu’à présent dans cette série étaient le mariage, la sexualité, le divorce et le remariage, le contrôle des naissances, la stérilité, l’adoption et la pornographie. Le dernier sujet que nous abordons ici est l’homosexualité.

Comme nous l’avons expliqué dans de précédents articles[4], le plan de Dieu concernant les relations sexuelles entre êtres humains est que les rapports sexuels doivent être pratiqués entre un homme et une femme mariés l’un à l’autre. Dans le mariage, le mari et la femme deviennent une seule chair.[5] Jésus a cité ces versets :

Mais, au commencement de la création, Dieu a créé l’être humain homme et femme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme et les deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, ils font un.[6]

L’union d’un homme et d’une femme dans le mariage est l’union « d’une seule chair » dont il est question dans la Genèse.

Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, les relations sexuelles en dehors du mariage entre un homme et une femme sont interdites, en vertu du commandement Tu ne commettras pas d’adultère.[7] Dans les Écritures, d’autres formes de rapports sexuels sont également interdites, notamment les suivantes :

La prostitution. Alors que certaines formes de prostitution n’étaient pas interdites dans l’Ancien Testament, le Nouveau Testament condamne expressément le fait d’avoir recours aux services d’une prostituée.

Ignorez-vous que vos corps sont des membres du Christ ? Vais-je donc arracher les membres du Christ pour en faire ceux d’une prostituée ? Sûrement pas ! Ou bien, ignorez-vous qu’un homme qui s’unit à une prostituée devient un seul corps avec elle ? Car il est écrit : Les deux ne feront plus qu’un.”[8]

L’inceste (les rapports sexuels entre des personnes qui ont un lien de parenté et auxquelles la loi interdit de se marier).

On entend généralement dire qu’il y a de l’immoralité sexuelle parmi vous, et une immoralité telle qu’on ne la mentionne même pas chez les non-croyants ; c’est au point que l’un de vous a pris la femme de son père. Et vous êtes enflés d’orgueil ! Vous auriez dû plutôt prendre le deuil, de sorte que l’auteur de cet acte soit exclu du milieu de vous ![9] (Voir aussi Lévitique 20.11–21.)

La bestialité.

Tu n’auras pas de rapports sexuels avec une bête pour te rendre impur avec elle. Une femme n’ira pas s’accoupler avec un animal ; c’est une dépravation.[10] (Voir aussi Lévitique 20.15–16.)

Une autre activité sexuelle interdite est le rapport homosexuel, lequel fait l’objet du présent article. Ce qui est présenté ici est l’interprétation chrétienne habituelle de l’enseignement de la Bible concernant l’homosexualité. Certains auteurs chrétiens considèrent que l’Écriture ne condamne pas catégoriquement l’homosexualité, mais seulement lorsqu’elle est pratiquée dans la promiscuité ; ils estiment que les mariages homosexuels monogames sont conformes à l’enseignement biblique.[11] Toutefois, la majorité des confessions chrétiennes considèrent que l’homosexualité, qu’elle soit masculine, entre deux hommes, ou féminine, entre deux femmes, est un péché, conformément à l’enseignement des Écritures.

Le premier texte biblique qui aborde l’homosexualité est Genèse 19. Ce passage décrit la visite de deux anges dans la ville de Sodome. Loth, le neveu d’Abraham, vivait à Sodome, et comme c’était le soir, il invita les deux visiteurs à passer la nuit chez lui. « Non, lui répondirent-ils, nous passerons la nuit sur la place. » Mais Loth insista tant qu’ils finirent par accepter de se rendre dans sa maison.[12] Les visiteurs acceptèrent l’invitation de Loth. Plus tard dans la soirée, tous les hommes de la ville, les jeunes comme les vieux, encerclèrent la maison de Loth et lui dirent : « Amène-les-nous pour que nous couchions avec eux ! »[13] D’autres versions de la Bible traduisent cette phrase par « Nous voulons prendre notre plaisir avec eux » (BFC), ou afin que nous les connaissions (Darby). Loth et sa famille immédiate quittèrent la ville, après quoi on nous dit que l’Éternel fit tomber sur Sodome et sur Gomorrhe une pluie de soufre enflammé par un feu qui venait du ciel, de l’Éternel. Il fit venir une catastrophe sur ces villes ainsi que sur toute la région. Toute la population de ces villes périt ainsi que la végétation.[14]

Certains auteurs affirment que le jugement de Dieu sur Sodome et Gomorrhe n’avait pas de rapport avec l’homosexualité, mais était plutôt lié au fait que les habitants de ces villes avaient manqué au devoir d’hospitalité. Toutefois, dans le livre d’Ézéchiel, nous trouvons la référence suivante aux péchés de Sodome :

Voici quel était le crime de Sodome, ta sœur : elle et ses filles étaient devenues orgueilleuses parce qu’elles vivaient dans l’abondance et dans une tranquille insouciance. Elles n’ont pas secouru les pauvres et les malheureux. Elles sont devenues hautaines et se sont mises à commettre sous mes yeux des actes abominables. C’est pourquoi je les ai fait disparaître comme tu l’as vu.[15]

Le mot traduit par abominables est le même mot hébreu utilisé pour dire que c’est une « abomination » devant Dieu. Si deux hommes ont des relations homosexuelles, ils ont commis un acte abominable (Lévitique 20.13).[16] On interprète donc généralement ce passage en disant que Sodome a été jugée non seulement pour son homosexualité, mais également à cause de son orgueil, de son arrogance et de son refus d’aider les pauvres.

La loi de Moïse traite de l’homosexualité.

Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme ; c’est une abomination.[17]

D’autres versions de la Bible le rendent par c’est une pratique monstrueuse ou c’est une conduite horrible.

Le livre du Deutéronome aborde la question de la prostitution sacrée. (Prostitution sacrée, prostitution au temple, culte de prostitution et prostitution religieuse sont autant de termes désignant un rite sexuel consistant en des rapports sexuels ou d’autres activités sexuelles pratiquées dans le cadre d’un culte religieux. Ce type de prostitution était pratiquée par les Cananéens qui habitaient le pays avant les Israélites).

Il n’y aura pas de prostituées sacrées parmi les filles d’Israël, ni d’homme qui se livre à la prostitution sacrée parmi les Israélites. Vous n’apporterez jamais dans la maison de l’Éternel votre Dieu, pour l’accomplissement d’un vœu, le salaire de la prostitution d’une femme ou d’un homme, car l’un et l’autre sont en horreur à l’Éternel votre Dieu.[18]

Certains commentateurs affirment que les prostitués sacrés masculins participaient à des actes homosexuels. Le premier livre des Rois mentionne la prostitution sacrée masculine pratiquée en Israël et la compare aux pratiques abominables des peuples qui avaient été chassés d’Israël.

Les gens de Juda firent ce que l’Éternel considère comme mal ; par les péchés qu’ils commirent, ils provoquèrent la colère de son amour bafoué plus que ne l’avaient jamais fait leurs ancêtres. Eux aussi, ils se construisirent des hauts-lieux et ils dressèrent des stèles et des poteaux pour la déesse Achéra sur toute colline élevée, sous les arbres verdoyants qui y poussaient. Il y eut même, dans le pays, des hommes et des femmes se livrant à la prostitution sacrée. Le peuple reprit toutes les pratiques abominables des nations païennes que l’Éternel avait dépossédées en faveur des Israélites.[19]

Dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul mentionne l’homosexualité dans une longue liste de péchés :

Voilà pourquoi Dieu les a abandonnés à des passions avilissantes : leurs femmes ont renoncé aux relations sexuelles naturelles pour se livrer à des pratiques contre nature. Les hommes, de même, délaissant les rapports naturels avec le sexe féminin, se sont enflammés de désir les uns pour les autres ; ils ont commis entre hommes des actes honteux et ont reçu en leur personne le salaire que méritaient leurs égarements.[20]

L’expression « contre nature » indique que les relations homosexuelles sont contraires à l’intention de Dieu en matière de sexualité, Lequel a créé des hommes et des femmes dotés d’un corps physique qui leur permet d’avoir des rapports sexuels naturels.

Dans ce même verset, l’apôtre Paul considère les passions homosexuelles, c’est-à-dire les désirs, comme des passions avilissantes. Il les considère comme contraires à l’objectif et à l’intention déclarés de Dieu, à savoir que les relations sexuelles devraient se limiter au mariage et être pratiquées uniquement entre un homme et une femme. Paul inclut d’ailleurs toutes les formes d’homosexualité, qu’elle soit masculine ou féminine, comme étant contraires à l’intention de Dieu pour la sexualité humaine, lorsqu’il déclare : leurs femmes ont renoncé aux relations sexuelles naturelles pour se livrer à des pratiques contre nature.

L’apôtre Paul a également inclus l’homosexualité dans une liste de péchés qu’il a dressée dans la première épitre aux Corinthiens.  

Ne savez-vous pas que ceux qui pratiquent l’injustice n’auront aucune part au royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : il n’y aura point de part dans l’héritage de ce royaume pour les débauchés, les idolâtres, les adultères, les pervers ou les homosexuels, ni pour les voleurs, les avares, pas plus que pour les ivrognes, les calomniateurs ou les malhonnêtes.[21]

Les termes grecs employés par Paul pour dire les homosexuels sont malakos et arsenokoites. Le mot Malakos signifie « mou » ou « efféminé » ; dans le monde gréco-romain on l’employait pour désigner le partenaire « passif » dans les rapports homosexuels. Le mot Arsenokoites est une combinaison des mots arsen (« homme ») et koite (« rapport sexuel »). Paul a utilisé ces mots pour désigner les « hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes ».

Dans sa première épitre à Timothée, l’apôtre Paul emploie le mot grec arsenokoites dans une liste de vices basée sur les Dix Commandements.

Il faut savoir ceci : la Loi n’est pas faite pour ceux qui font le bien, mais pour les malfaiteurs et les rebelles, pour les gens qui méprisent Dieu et les pécheurs, pour ceux qui n’ont ni respect ni scrupule à l’égard de ce qui est sacré, ceux qui tueraient père et mère, les assassins, les débauchés, les homosexuels.[22] 

Paul fait remarquer que l’interdiction de l’homosexualité est conforme à la « loi » de l’Ancien Testament qui condamne l’homosexualité.

L’épitre de Jude contient des commentaires sur le jugement de Sodome et Gomorrhe.

Les habitants de Sodome, de Gomorrhe et des villes voisines se sont livrés de la même manière à la débauche et ont recherché des relations sexuelles contre nature. C’est pourquoi ces villes ont été condamnées à un feu éternel, elles aussi, et servent ainsi d’exemple.[23]

La phrase se sont livrés de la même manière à la débauche désigne l’immoralité hétérosexuelle, c’est-à-dire les relations sexuelles entre des hommes et des femmes qui ne sont pas mariés l’un à l’autre. Quant à la phrase ont recherché des relations sexuelles contre nature, c’est une référence au désir des hommes de Sodome d’avoir des relations sexuelles avec les visiteurs de Loth.

L’Ancien et le Nouveau Testament considèrent tous les types d’activité homosexuelle comme contraires à la volonté morale de Dieu et donc comme des péchés. En tant que telle, l’activité homosexuelle est une forme de relation sexuelle qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu. Cela ne signifie pas que les personnes homosexuelles ne peuvent pas être chrétiennes, ni qu’elles doivent être méprisées, frappées d’ostracisme, persécutées ou être victimes de discrimination. Nous devons reconnaître et ne pas oublier que tous les êtres humains sont faits à l’image de Dieu et qu’ils sont aimés de Lui.

Comme l’ont écrit les auteurs de l’Éthique du Royaume :

Les homosexuels ont de la valeur car ils ont été créés à l’image de Dieu et sont porteurs de toute la dignité que Dieu accorde à l’ensemble de l’humanité. Rien n’autorise les disciples du Christ à traiter les homosexuels comme si Dieu leur accordait moins de valeur qu’aux autres hommes et femmes. Partir en croisade contre les homosexuels, comme le font certains chrétiens, est contraire aux vertus d’amour, de bonté, d’humilité, de paix et de patience qui doivent caractériser les disciples du Christ. ... Nous devons aimer les personnes homosexuelles tout en restant fermes dans nos convictions sur les intentions de Dieu concernant la sexualité humaine—et bien garder à l’esprit que nous sommes tous coupables et qu’en tant que tels, nous avons tous besoin de rédemption.[24] Tous ont péché et tous sont privés de la gloire de Dieu.[25]


Note

Sauf indication contraire, tous les passages bibliques cités sont extraits de la Bible du Semeur, copyright © 1992, 1999 by Biblica, Inc.® L’autre version citée est la Segond 21 (S21). Avec permission.



[1] Wayne Grudem, Christian Ethics [Éthique chrétienne] (Wheaton: Crossway, 2018).

[2] Norman L. Geisler, Christian Ethics: Contemporary Issues and Options [Éthique chrétienne : questions et options contemporaines] (Baker Academic, 2010).

[3] Exode 20.14.

[4] Cf. « Christianisme vivant : Mariage et sexualité. 1ère partie et 2ème partie.

[5] Genèse 2.24

[6] Marc 10.6–8.

[7] Exode 20.14.

[8] 1 Corinthiens 6.15–16.

[9] 1 Corinthiens 5.1–2 S21.

[10] Lévitique 18.23.

[11] Matthew Vines, God and the Gay Christian |Dieu et les chrétiens homosexuels](New York: Convergent Books, 2014).

[12] Genèse 19.2–3.

[13] Genèse 19.5.

[14] Genèse 19.24–25.

[15] Ezéchiel 16.49–50.

[16] Lévitique 20.13. Voir aussi 18.22.

[17] Lévitique 18.22.

[18] Deutéronome 23.17–18.

[19] 1 Rois 14.22–24.

[20] Romains 1.26–27.

[21] 1 Corinthiens 6.9.

[22] 1 Timothée 1.8–10.

[23] Jude 1.7.

[24] Glen H. Stassen & David P. Gushee, Kingdom Ethics [Éthique du Royaume (Downers Grove: InterVarsity Press, 2003), 311.

[25] Romains 3.23 PDV.