Jésus—Sa vie et son message : le divorce et le remariage

octobre 22, 2020

par Peter Amsterdam

[Jesus—His Life and Message: Divorce and Remarriage]

(Les thèmes du divorce et du remariage ont été abordés dans le contexte de l’éthique chrétienne dans la série « Christianisme vivant » ; dans cet article, ils sont traités sous forme de commentaire de l’Évangile).

Les évangiles synoptiques—Matthieu, Marc et Luc—abordent tous les trois les thèmes du divorce et du remariage. L’Évangile de Luc les mentionne dans un seul verset :

Celui qui divorce d’avec sa femme et se remarie commet un adultère, et celui qui épouse une femme divorcée d’avec son mari commet un adultère.[1]

Les évangiles de Matthieu et de Marc traitent de ces sujets de façon plus complète. Dans cet article, nous nous intéresserons au récit de Matthieu.

Après avoir donné ces enseignements, Jésus quitta la Galilée et se rendit dans la partie de la Judée située de l’autre côté du Jourdain. De grandes foules le suivaient et il guérit là les malades.[2] 

Jésus partit de la Galilée au nord d’Israël pour se rendre en Judée au sud, probablement en traversant la région de Pérée, qui était située à l’est du Jourdain. Il est probable que c’était le chemin que de nombreux Juifs empruntaient pour éviter de passer par la Samarie. Au cours de ce voyage, Jésus continua à guérir les malades. L’Évangile de Marc souligne qu’au cours de ce voyage vers le sud, les foules se rassemblèrent autour de lui et, selon son habitude, il se mit à les enseigner.[3]

Des pharisiens s’approchèrent de lui avec l’intention de lui tendre un piège. Ils lui demandèrent : « Un homme a-t-il le droit de divorcer d’avec sa femme pour une raison quelconque ? »[4] 

Il n’est pas surprenant qu’à l’approche de Jérusalem, les Pharisiens se trouvent là pour l’interroger, vu que Jérusalem était leur principal fief. D’après le récit de Matthieu, Il est clair qu’ils ne cherchaient pas vraiment à obtenir une réponse, mais qu’ils soulevaient une question controversée pour piéger Jésus, en espérant qu’il ne puisse pas répondre de manière satisfaisante, ce qui lui causerait alors des problèmes avec ceux qui avaient un point de vue différent.

La question n’était pas de savoir si le divorce était permis, car le judaïsme acceptait qu’un homme ait le droit de divorcer de sa femme, en vertu de Deutéronome 24.1-4. En revanche, une femme n’avait pas le droit de divorcer de son mari. Dans certains cas, la femme pouvait en faire la demande au tribunal, et le tribunal pouvait ordonner à son mari de lui accorder le divorce ; mais même dans ce cas, c’était toujours le mari qui divorçait de la femme. La question posée par les pharisiens est la suivante : pour quels motifs un mari a-t-il le droit de divorcer de sa femme ? Pouvait-il divorcer d’elle pour n’importe quel motif?

Deutéronome 24.1 stipule ceci :

Supposons qu’un homme ait épousé une femme et que, plus tard, il cesse de la considérer avec faveur parce qu’il trouve quelque chose d’infâme à lui reprocher. Alors il rédige une lettre de divorce, il la lui remet et la renvoie de chez lui.

Dans les écoles rabbiniques du judaïsme le débat tournait autour de la clause parce qu’il trouve quelque chose d’infâme à lui reprocher. Il y avait différentes interprétations de ce que cela signifiait, certains rabbis affirmant que cela faisait référence à l’adultère, tandis que d’autres l’interprétaient en disant que la femme avait fait quelque chose qui avait déplu au mari—par exemple, qu’elle avait gâché le dîner de son mari. Comme il y avait des interprétations divergentes concernant les motifs légitimes de divorce, les Pharisiens qui avaient posé la question savaient que quel que soit le camp dans lequel Jésus se rangerait, ceux qui n’étaient pas d’accord avec Lui seraient offensés.

Au lieu de tomber dans le piège tendu par les Pharisiens, Jésus utilisa une méthode rabbinique de débat qui supposait que « Plus la clause est ancienne, plus elle a de poids. » Jésus évoqua l’époque de la création, quand Dieu avait créé Adam et Eve, homme et femme. Comme ce passage de l’Écriture était antérieur à la loi mosaïque, il avait plus de poids.

Et il leur répondit : « N’avez-vous pas lu que Celui qui créa, au commencement, fit un homme et une femme ; et qu’il dit : À cause de cela l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux seront une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Ce que Dieu a joint, que l’homme ne le sépare donc pas. »[5]

Les mots hébreux traduits par quittera et s’attachera (rendus dans d’autres traductions par se liera/vivra avec/sera uni à) indiquent une action forte et résolue. Lorsque deux personnes se marient, elles s’engagent dans une relation qui supplante toutes les autres relations. À l’époque, cela signifiait quitter la maison des parents pour fonder un nouveau foyer. Le lien qui unit le mari à la femme est plus fort que toutes les autres relations.

L’expression les deux seront une seule chair décrit les relations sexuelles qui unissent intimement un mari et sa femme. Leon Morris a écrit :

Donc, Jésus cite l’Écriture pour insister sur le fait que le mariage est bien plus qu’un simple arrangement de circonstance pour la commodité des deux parties. C’est le plus intime des liens terrestres, et il doit être compris comme tel.[6]

Le mari et la femme ne sont plus deux personnes isolées et distinctes ; ils ont été unis par Dieu.

Jésus n’a pris parti pour aucun des deux camps, car cela aurait offensé les partisans de l’un ou de l’autre, ce qui était exactement ce que les Pharisiens espéraient. Au lieu de cela, il a rejeté les deux positions et a invité les Pharisiens à examiner ce que l’Écriture enseignait réellement, à savoir que l’union conjugale était plus contraignante qu’ils ne la dépeignaient. Ils la présentaient comme une union qui pouvait être dissoute par le mari—soit pour cause infidélité, soit, d’après certains, pour pratiquement n’importe quelle raison ; ce qui était contraire à ce que commandait l’Écriture quand Dieu avait défini le mariage au moment de la création. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.

La réponse de Jésus n’étant pas celle que les Pharisiens attendait, ils Lui posèrent une autre question, en soulignant que c’était Moïse qui avait ordonné le divorce.

Mais les pharisiens objectèrent : « Pourquoi alors Moïse a-t-il commandé à l’homme de remettre à sa femme un certificat de divorce quand il divorce d’avec elle ? Il leur répondit :—C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de divorcer d’avec vos épouses. Mais, au commencement, il n’en était pas ainsi. »[7]

Les Pharisiens prétendait que Moïse avait ordonné le divorce, mais c’était faux. Moïse ne l’avait pas ordonné ; en fait, il avait mis en place des règles parce qu’il y avait déjà des cas de divorce. Moïse a permis de divorcer comme une concession, sous certaines conditions, en raison de la dureté de cœur des gens. Mais le divorce n’était pas l’intention originelle de Dieu. Toutefois, comme il y aurait des divorces, il était important qu’une femme divorcée ait légalement le droit de se remarier. Tant que le mari n’avait pas donné un certificat de divorce à sa femme, elle restait mariée avec lui et ne pouvait donc pas se remarier. Ce certificat indiquait qu’elle n’était plus mariée à son mari, ce qui signifiait qu’il n’avait plus aucun droit légal sur elle et qu’elle était libre d’épouser un autre homme. Cette disposition n’était pas destinée à cautionner le divorce, mais constituait plutôt une concession en raison de la dureté de cœur des gens.

Aussi, je vous déclare que celui qui divorce et se remarie, commet un adultère — sauf en cas d’immoralité sexuelle.[8]

Bien que Moïse ait permis le divorce, Jésus affirme que le mariage est fait pour durer toute une vie, et par conséquent le débat juif sur les raisons pour lesquelles il est permis de divorcer ne reflétait pas la volonté de Dieu concernant le mariage. Jésus a autorisé une exception pour le cas où l’un des conjoints commettrait une immoralité sexuelle, un terme que d’autres versions de la Bible traduisent par infidélité (S21), adultère (Ostervald), et fornication (Darby), des termes qui décrivent tous des relations sexuelles avec une personne autre que le conjoint.

Ses disciples lui dirent : « Si telle est la condition de l'homme vis-à-vis de la femme, il vaut mieux ne pas se marier. »[9]

Sans doute plus tard, les disciples commentèrent l’enseignement de Jésus ; leur compréhension étant qu’à la lumière de ce que Jésus avait dit, il valait mieux ne pas se marier plutôt que de se retrouver engagé dans un mariage problématique que l’on ne pourrait pas quitter.

La déclaration de Jésus concernant la permanence du mariage est exprimée sans équivoque, surtout à une époque où un mariage pouvait être dissous par le mari qui était seulement tenu d’écrire la formule nécessaire, de la signer devant témoins et la remettre à sa femme. Il faisait valoir que ce n’était pas une façon de traiter l’institution du mariage ordonnée par Dieu. Il ne précisait pas dans quels cas de figure un divorce pouvait ou non avoir lieu.

Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. »[10]

En mentionnant cette parole, Jésus faisait peut-être allusion à ce que les disciples avaient dit, à savoir qu’il valait mieux ne pas se marier. Si c’est le cas, Jésus disait que c’est seulement vrai pour certaines personnes et que ce n’est pas un mode de vie que tous sont capables d’adopter. Puis Il a parlé de ceux qui choisissent de ne pas se marier.

En effet, il y a ceux qui ne peuvent pas se marier parce que, de naissance, ils en sont incapables ; d’autres le sont devenus par une intervention humaine. D’autres, enfin, renoncent à se marier à cause du royaume des cieux. Que celui qui est capable d’accepter cet enseignement, l’accepte ![11]

Lorsque Jésus faisait référence dans ce passage à ceux qui ne peuvent pas se marier parce que, de naissance, ils en sont incapables (ou, comme le traduisent d’autres versions à des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère), il faisait probablement allusion aux personnes qui avaient un défaut génétique. Dans le cas de ceux qui le sont devenus par une intervention humaine, Il faisait allusion à ceux qui avaient été castrés physiquement. Leon Morris a écrit :

Dans le monde du premier siècle, un grand nombre d’hommes avaient été émasculés par des gens haut placés. Cela pouvait être fait en guise de punition, ou pour disposer de personnes sûres pour travailler dans des harems et d’autres lieux similaires.[12]

Puis Jésus parle de ceux qui renoncent à se marier à cause du royaume des cieux. Tout au long de l’histoire chrétienne, il y a toujours eu des gens qui ont choisi de renoncer au mariage pour pouvoir consacrer tous leurs efforts à l’œuvre de Dieu, en poursuivant leur vocation particulière au service de Dieu. Jésus ne s’est jamais marié, pas plus que Jean-Baptiste.

Jésus ne disait pas qu’être eunuque était une sorte de vocation supérieure, ni que tous ses disciples devraient rester célibataires. Au contraire, certains sont appelés à servir en tant que personnes mariées, tandis que d’autres sont appelés à servir en tant que célibataires. Chacun a un chemin personnel à suivre, chacun a un appel différent. Notre but, en tant que croyants, est d’aimer et de servir le Seigneur du mieux que nous pouvons, quelle que soit la condition à laquelle Il nous a appelés.


Note :

Sauf indication contraire, les versets cités sont tirés de La Bible du Semeur. Les autres versions citées sont la Ostervald et la Segond 21. Tous les droits sont réservés.


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Note :

Sauf indication contraire, les versets cités sont tirés de La Bible du Semeur. Les autres versions citées sont la Ostervald et la Segond 21. Tous les droits sont réservés.



[1] Luc 16.18.

[2] Matthieu 19.1–2.

[3] Marc 10.1.

[4] Matthieu 19.3.

[5] Matthieu 19.4–6 Ostervald.

[6] Morris, L’Evangile selon Matthieu, 481.

[7] Matthieu 19.7–8.

[8] Matthieu 19.9.

[9] Matthieu 19.10 S21.

[10] Matthieu 19.11 S21.

[11] Matthew 19.12.

[12] Morris, L’Evangile selon Matthieu, 485.