Les histoires racontées par Jésus : Le Trésor et la Perle—Matthieu 13:44–46

novembre 26, 2015

par Peter Amsterdam

[The Stories Jesus Told: The Treasure and the Pearl, Matthew 13:44–46]

L’Evangile de Matthieu contient deux petites paraboles sur le  royaume qui n’apparaissent pas dans les autres Evangiles : « Le trésor dans le champ » et « La perle d’une grande valeur ». Ces deux paraboles jumelles nous parlent de la valeur du royaume de Dieu et de la joie qu’on éprouve quand on le trouve. Voyons ce qu’elles nous disent :

Matthieu 13:44–46 :

Le royaume des cieux ressemble à un trésor enfoui dans un champ. Un homme le découvre: il le cache de nouveau, s'en va, débordant de joie, vend tout ce qu'il possède et achète ce champ.

Voici à quoi ressemble encore le royaume des cieux : un marchand cherche de belles perles. Quand il en a trouvé une de grande valeur, il s’en va vendre tout ce qu’il possède et achète cette perle précieuse.

De tout temps, il y a toujours eu des banques et des coffres-forts, dans lesquels les gens plaçaient et cachaient leurs objets de valeur, surtout pendant les périodes d’instabilité comme la guerre. Flavius Josèphe, l’historien juif de l’Antiquité, relatait en ces termes ce qui s’était passé à la suite de la destruction de Jérusalem, en 70 après Jésus-Christ:

Mais quand les Romains fouillèrent les ruines de la ville, ils trouvèrent une grande quantité de richesses enfouies … je veux parler d’objets en or et en argent; et du mobilier précieux que leurs propriétaires juifs avaient enfoui et enterré pour les protéger des aléas de la guerre.[1]

L’un des anciens écrits juifs connus sous le nom de Manuscrits de la Mer Morte est le « Rouleau de Cuivre »; il s’agit d’un document datant du premier siècle, qui est une liste de lieux où avaient été enfouis toutes sortes d’objets précieux. Il mentionne de grandes quantités d’or et d’argent, des objets cultuels et des récipients ménagers, qui avaient été cachés dans une soixantaine d’endroits différents. A l’époque, il n’était pas rare que l’on enterre des objets de valeur. Si un individu ou une famille enterraient des objets de valeur et qu’ils mouraient sans que personne ne connaisse l’endroit où était enfoui le trésor, il restait caché jusqu’à ce que quelqu’un d’autre le découvre. De temps en temps, des gens  découvraient par hasard, et à leur grande joie, des trésors qui avaient été enfouis par d’autres personnes.

C’est le cas du personnage principal de cette parabole. Comme c’est souvent le cas dans les paraboles, celle-ci nous donne uniquement les informations dont nous avons besoin pour saisir son message. Nous ne connaissons pas l’identité de l’homme de la parabole, nous ne savons pas ce qu’il faisait dans le champ, ni comment il avait trouvé le trésor, ni la nature du trésor. Tout ce que nous savons c’est qu’il avait découvert un trésor et qu’il l’avait caché à nouveau sans en parler à personne – et qu’ensuite, il avait acheté le champ qui le contenait.

Jésus n’aborde pas la question de savoir s’il était moral ou pas que l’homme cache au propriétaire du champ le fait qu’il contenait un trésor. Il semblerait, d’après les écrits rabbiniques, que comme c’était lui qui avait trouvé le trésor, il avait le droit d’en revendiquer la propriété. En achetant le champ avant d’en extraire le trésor, il s’assurait que personne d’autre ne le revendiquerait. Comme il n’est fait aucune mention d’une faute de la part de l’homme, et comme la parabole n’aborde pas l’aspect éthique de son acte, selon l’interprétation de la plupart des érudits bibliques, ses actes n’auraient pas été perçus comme moralement répréhensibles. La morale de cette parabole, c’est que cet homme était au comble de la joie d’avoir trouvé le trésor et qu’il était prêt à vendre tout ce qu’il avait pour acquérir le champ.

Dans la seconde parabole, un marchand recherche de belles perles. Dans l’Antiquité, les perles étaient considérées comme des pierres précieuses, et elles avaient une grande valeur. Des plongeurs pêchaient les perles dans la Mer Rouge, le Golfe Persique et l’Océan Indien, et seuls les gens riches pouvaient se permettre d’en acheter. Pline l’ancien, l’auteur latin du premier siècle de notre ère, décrivaient les perles comme des articles précieux d’une très grande valeur, au premier rang de toutes les choses précieuses et de grand prix. Dans le Nouveau Testament, les perles appartiennent à la même catégorie que l’or et les pierres précieuses.[2] [3]

Contrairement à l’homme qui trouve un trésor dans le champ, cette parabole nous présente un marchand – d’après le terme grec employé, il s’agissait très probablement d’un grossiste – qui voyageait de ville en ville dans le but d’acheter des perles et de les revendre. Lorsqu’il tomba sur une perle d’une parfaite qualité et d’une très grande valeur, il vendit tout ce qu’il avait pour l’acheter.

Le message de Jésus, contenu dans ces deux illustrations, aurait certainement trouvé un écho favorable auprès de nombreux auditeurs. Beaucoup de gens se seraient facilement identifiés à l’homme qui avait trouvé un trésor dans le champ. Cela aurait pu être un journalier, un éleveur, un laboureur, un métayer, un contremaître, un régisseur, ou un simple passant. Le fait qu’il ait été obligé de vendre tout ce qu’il avait pour pouvoir acquérir le champ montre qu’il n’était pas pauvre, mais qu’il n’était pas non plus très riche. Il ne s’attendait pas à trouver un trésor; ce n’était pas un chasseur de trésor; c’était une journée normale au cours de laquelle il ne se serait jamais attendu à trouver quelque chose d’une telle valeur. Nul doute que tous ceux qui entendaient cette parabole se seraient mis à sa place et auraient aimé se trouver dans la même situation.

La deuxième parabole aurait touché un auditoire différent, comme des négociants ou des hommes d’affaires. Ce genre de personne se serait très certainement rendu dans des villes où on négociait la vente et l’achat de perles. Il recherchait précisément des perles, et il en trouva une qui surpassait en beauté toutes celles qu’il avait eu l’occasion de voir. Etant négociant en perles, il était sûrement riche, et le prix très élevé de cette perle l’obligea à vendre tout ce qu’il avait pour pouvoir l’acquérir. Tous les négociants qui écoutaient Jésus auraient très bien compris que l’on puisse prendre des risques dans une transaction financière, dans l’espoir de s’enrichir.   

L’idée de tomber sur un trésor caché et de prendre les risques nécessaires pour l’acquérir constitue une histoire passionnante. De même que le fait de se rendre dans un lieu exotique et d’y trouver une occasion très prometteuse et de la saisir. Ces histoires stimulaient l’imagination, et suscitaient dans son auditoire l’espoir de découvrir des richesses inouïes.

Même si la façon dont ces objets précieux sont découverts diffère d’une histoire à l’autre – le trésor est découvert par hasard, alors que la découverte de la perle est le résultat d’une recherche délibérée – les deux hommes ont dû prendre des mesures concrètes pour les acquérir. L’histoire ne s’arrête pas à la découverte de ces trésors – ils ont dû vendre tout ce qu’ils avaient, acheter le champ, ou la perle, et c’est seulement ensuite qu’ils ont pu entrer en possession de ces objets de valeur.  Dans ces deux paraboles, les hommes se retrouvent en présence d’une occasion unique qui nécessite qu’ils prennent une décision importante pour ne pas passer à côté de cette formidable aubaine. Leur vie se trouverait transformée par leur décision et leur prise de risque.

Quels sont les enseignements que l’on peut tirer de ces paraboles? Jésus nous dit que le royaume des cieux ressemble à un homme qui a découvert un trésor et qui accepte de prendre un risque pour l’acquérir. La découverte du trésor, la conscience de sa valeur et la compréhension du coût requis pour l’obtenir, contribuent à l’immense joie de sa découverte. Du fait de son immense valeur et de la joie qu’on a de le posséder, il vaut bien la peine qu’on vende tout pour l’acquérir. Le fait de pouvoir entrer dans le royaume de Dieu grâce au sacrifice et à la résurrection de Jésus, d’être un enfant de Dieu et d’avoir son Esprit qui demeure en nous, est un privilège à la fois excitant et inestimable. Trouver le royaume, c’est trouver un trésor qui n’a pas de prix et qui justifie tous les sacrifices. Dans les deux paraboles, les  hommes vendent tout ce qu’ils possèdent pour acquérir le trésor et la perle; mais même s’ils doivent tout vendre pour les obtenir, la joie d’avoir pu les acquérir en vaut largement la peine. De même, le royaume de Dieu vaut la peine que l’on donne tout pour l’obtenir. Le coût élevé n’est rien en comparaison de ce gain inestimable.

Comme le disait l’apôtre Paul :

Mais ces qualités que je regardais comme un gain, je les considère maintenant comme une perte à cause du Christ. Et je considère même toute chose comme une perte en comparaison de ce bien suprême : connaître Jésus–Christ mon Seigneur, pour qui je me suis privé de tout avantage personnel ; je considère tout cela comme des déchets, afin de gagner le Christ et d’être parfaitement uni à Lui.[4]

Nous devons accorder la plus grande valeur au fait de connaître le Christ et de faire partie du royaume de Dieu. L’idée de tout vendre pour pouvoir l’acquérir montre qu’aucun prix à payer n’est trop élevé si l’on veut acquérir le royaume de Dieu ; cela vaut la peine de renoncer à tout le reste pour pouvoir entrer dans le royaume de Dieu. Certes, si l’on veut vivre pour Dieu, cela suppose que l’on fasse des sacrifices, mais la joie éternelle et  le privilège inestimable de faire partie du Royaume de Dieu n’ont pas de prix.


La parabole du trésor dans le champ, Matthieu 13:44

44 Le royaume des cieux ressemble à un trésor enfoui dans un champ. Un homme le découvre : il le cache de nouveau, s'en va, débordant de joie, vend tout ce qu'il possède et achète ce champ.


La parabole de la perle d’une grande valeur, Matthieu 13:45–46

45 Voici à quoi ressemble encore le royaume des cieux : un marchand cherche de belles perles.

46  Quand il en a trouvé une de grande valeur, il s’en va vendre tout ce qu’il possède et achète cette perle précieuse.


NB :       

Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright ©2000 par la Société Biblique Internationale. Tous droits réservés. Avec permission. L’autre version citée est la Bible en Français Courant (BFC).


[1] Flavius Josèphe, Jewish Wars [Guerre des Juifs], 7:114–115.

[2] 1 Timothée 2:9; Apocalypse 17:4; 18:12,16.

[3] Arland J. Hultgren, The Parables of Jesus [Les paraboles de Jésus] (Grand Rapids: William B. Eerdmans Publishing Company, 2000), 420.

[4] Philippiens 3:7–9 BFC.