Christianisme vivant : Les conséquences du péché

septembre 5, 2023

par Peter Amsterdam

[Living Christianity: Consequences of Sin]

Dans l’article précédent, nous avons traité les bénédictions issues de l’obéissance aux commandements de Dieu.[1] Il est tout aussi important d’examiner attentivement les conséquences du péché dans notre vie.[2] Le théologien Wayne Grudem donne du péché la définition suivante:

Le péché est le non-respect de la loi morale de Dieu en acte, en attitude ou en essence.[3]

Cette définition souligne le fait que le péché ne se limite pas à des actes que nous commettons, mais que cela inclut également les attitudes qui vont à l’encontre de ce que Dieu demande, et elle reconnaît que notre nature humaine est pécheresse.

Lorsque nous examinons les dix commandements, nous constatons qu’ils condamnent des actes immoraux tels que le meurtre, l’adultère et le vol. Cependant, nous voyons aussi que les commandements ne se limitent pas aux actes immoraux, mais qu’ils condamnent également les attitudes mauvaises ou immorales.

« Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, tu ne convoiteras ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui lui appartienne. »[4]

Ce commandement nous montre que non seulement Dieu considère le vol ou le meurtre comme des péchés, mais qu’il considère également le désir conscient de faire du mal comme un péché.

Jésus a encore insisté sur ce point lorsqu’Il disait :

« Vous avez appris qu’il a été dit à nos ancêtres : « Tu ne commettras pas de meurtre. Si quelqu’un a commis un meurtre, il en répondra devant le tribunal. » Eh bien, moi, je vous dis : Celui qui se met en colère contre son frère sera traduit en justice. Celui qui lui dit « imbécile » passera devant le tribunal, et celui qui le traite de fou est bon pour le feu de l’enfer. »[5]

« Vous avez appris qu’il a été dit : « Tu ne commettras pas d’adultère. » Eh bien, moi je vous dis : Si quelqu’un jette sur une femme un regard chargé de désir, il a déjà commis adultère avec elle dans son cœur. »[6]

L’apôtre Paul faisait également allusion à des attitudes telles que l’animosité (ou la haine) et la jalousie, lorsqu’il parlait des « œuvres de la nature humaine ».[7] Cela implique que vivre notre foi chrétienne nous met dans l’obligation d’avoir des pensées et des attitudes morales, et pas uniquement des actes moraux.

Péchés plus ou moins graves

Certains se demandent si certains péchés sont plus graves que d’autres. D’un côté, la réponse est non, ce n’est pas le cas ; et d’un autre côté, oui, il y a des degrés dans la gravité des péchés. Si nous considérons le péché du point de vue de notre statut juridique devant Dieu, alors tout péché que nous commettons, qu’il soit petit ou grand, fait de nous un pécheur et donc un coupable devant Dieu. Adam et Ève furent jugés pour avoir commis un seul péché.[8] L’apôtre Paul y fait référence lorsqu’il écrit :

Le jugement intervenant à cause d’un seul homme a entraîné la condamnation.[9]

Paul souligne à nouveau ce point lorsqu’il cite l’Ancien Testament dans son épitre aux Galates.

« Maudit soit l’homme qui n’obéit pas continuellement à tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi. »[10]

Le livre de Jacques contient le même enseignement.

De fait, la personne qui obéit à toute la loi mais qui pèche contre un seul commandement est en faute vis-à-vis de l’ensemble.[11] 

Puisque tout péché commis nous rend coupables d’avoir enfreint la loi de Dieu, nous ne pouvons pas dire ni considérer qu’un péché est plus grand qu’un autre.

Toutefois, certains péchés sont plus graves et d’autres moins graves en ce sens que certains péchés ont des conséquences plus préjudiciables que d’autres. Par exemple, si vous convoitez (désirez ardemment de posséder une chose qui appartient à quelqu’un d’autre) la voiture neuve de votre voisin, vous désobéissez au commandement qui dit : « Tu ne convoiteras…rien de ce qui appartient à ton voisin. »[12] Mais c’est plus grave si votre convoitise vous amène à voler la voiture, causant ainsi un préjudice à votre voisin. De la même façon, c’est un péché de haïr quelqu’un, mais c’est un péché bien plus grave de laisser votre haine vous amener à lui faire du mal physiquement.

Il y a aussi des péchés qui sont plus ou moins graves suivant le type de commandement qui est enfreint. Jésus a laissé entendre que certains des péchés mentionnés dans l’Ancien Testament étaient plus grands que d’autres lorsqu’Il a dit :

Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire de même sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux.[13]

Il a aussi reproché aux spécialistes de la loi et aux pharisiens d’observer les lois les moins importantes mais de désobéir aux plus importantes.

« Malheur à vous, spécialistes de la Loi et pharisiens hypocrites ! Vous vous acquittez scrupuleusement de la dîme sur la menthe, l’anis et le cumin, mais vous laissez de côté ce qu’il y a de plus important dans la Loi, c’est-à-dire la justice, la bonté et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger le reste. »[14]

Parfois, les circonstances entourant les actes de la personne qui commet le péché peuvent aggraver le péché. Par exemple, un péché commis par une personne en position d’autorité ou de responsabilité, ou par quelqu’un qui sait mieux que d’autres que son acte est répréhensible, peut être considéré comme plus grave par Dieu qu’une personne se trouvant dans une autre situation. Dans le livre de Jacques, nous lisons :

Mes frères, ne soyez pas nombreux à enseigner ; vous le savez : nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement.[15]

Jésus a dit quelque chose de similaire.

Le serviteur qui sait ce que son maître veut de lui, mais qui n’aura rien préparé ou qui n’aura pas agi selon la volonté de son maître, sera sévèrement puni. Mais celui qui n’aura pas su ce que son maître voulait, et qui aura commis des actes méritant une punition, celui-là subira un châtiment peu rigoureux. Si quelqu’un a beaucoup reçu, on exigera beaucoup de lui ; et plus on vous aura confié, plus on demandera de vous.[16]

Le fait de comprendre qu’il existe une distinction entre péchés plus graves et péchés moins graves peut nous aider dans nos rapports et nos relations avec les autres. Il y aura toujours des gens qui commettront des petites offenses mineures sur lesquelles nous devrions passer, car l’amour pardonne une multitude de péchés.[17] Cela devrait également nous aider dans nos relations avec les autres—avec nos enfants, nos collègues de travail, nos employés, nos amis—et même nous aider à nous comprendre nous-mêmes, et savoir que même si les petits péchés sont des péchés, nous en commettons tous, et que nous devrions pardonner aux autres et à nous-mêmes lorsque nous en commettons.

Les conséquences des péchés commis délibérément

Nous, les chrétiens qui avons été sauvés, ne perdrons jamais notre salut. Nous sommes devenus des enfants de Dieu et le resterons éternellement, même si nous péchons délibérément, car nous avons été adoptés dans la famille de Dieu.

Maintenant, par la foi en Jésus-Christ, vous êtes tous fils de Dieu.[18]

Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu.[19]

Voyez combien le Père nous a aimés pour que nous puissions être appelés enfants de Dieu — et nous le sommes ![20]

Certains pourtant l’ont accueilli ; ils ont cru en lui. À tous ceux-là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu.[21]

Même si nous sommes parfois désobéissants, notre Père ne nous repousse pas—nous sommes toujours ses enfants. Cependant, cela ne signifie pas que notre péché commis délibérément en pleine conscience n’aura pas de conséquences néfastes. Voici quelques-unes de ces conséquences.

Notre communion avec Dieu sera interrompue. Lorsque nous péchons volontairement, cela entrave notre communion avec Dieu. L’apôtre Pierre enjoint aux croyants de fuir le mal et faire le bien car le Seigneur s’oppose à ceux qui font le mal.[22]

Nous nous exposerons au mécontentement de notre Père. Notre Père nous aime, et Il nous aimera toujours, mais Il est mécontent lorsque nous péchons, tout comme nous aimons profondément notre enfant, mais que sommes très mécontents lorsqu’il fait quelque chose de mal. Nous devons faire tout notre possible pour ne pas attrister le Saint-Esprit de Dieu.[23]

Nous encourrons la discipline de Dieu. Dans le livre de l’Apocalypse, nous lisons que le Christ ressuscité évoque la discipline qu’Il fera subir à ceux qui ont péché.

Je réprimande et corrige tous ceux que j’aime. Fais donc preuve de zèle et change de comportement.[24] 

Nous lisons ailleurs que Dieu discipline ses enfants.

Vous avez oublié l’encouragement qui vous est adressé comme à des fils : Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur et ne perds pas courage lorsqu’il te reprend. En effet, le Seigneur corrige celui qu’il aime et il punit tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils. Supportez la correction : c’est comme des fils que Dieu vous traite. Quel est le fils qu’un père ne corrige pas ? … Certes, au premier abord, toute correction semble un sujet de tristesse, et non de joie, mais elle produit plus tard chez ceux qu’elle a ainsi exercés un fruit porteur de paix : la justice.[25]

En tant qu’enfants de Dieu, notre Père nous discipline lorsque nous péchons, afin de nous rendre meilleurs et plus obéissants.

Nous serons affaiblis spirituellement. Paul nous avertissait que lorsque les croyants s’adonnent volontairement au péché, ils courent le risque de devenir esclaves de ce péché.

Ne savez-vous pas qu’en vous mettant au service de quelqu’un comme des esclaves pour lui obéir, vous êtes effectivement les esclaves du maître à qui vous obéissez : ou bien du péché qui entraîne la mort, ou bien de l’obéissance qui conduit à une vie juste ?[26]

L’apôtre Pierre a bien insisté sur le fait que les chrétiens sont une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.[27] Et d’ajouter :

Mes chers amis, vous êtes dans ce monde comme des résidents temporaires, des hôtes de passage ; c’est pourquoi je vous le demande : ne cédez pas aux désirs de l’homme livré à lui-même : ils font la guerre à l’âme.[28]

Le terme grec traduit par « faire la guerre » signifie conduire des soldats à la guerre ou à la bataille, remplir ses devoirs militaires, être un soldat en service actif. Pierre fait valoir que les passions charnelles, les désirs coupables, sont des « soldats ennemis » qui causent du tort à l’âme en affaiblissant les gens spirituellement.

Nous porterons moins de fruit dans notre ministère et dans la vie. Si nous voulons porter du fruit spirituel en abondance, nous devons « demeurer » en Jésus, entretenir une relation personnelle étroite avec lui. Faute de quoi, nous serons des chrétiens moins efficaces.

Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Un sarment ne saurait porter du fruit tout seul, sans demeurer attaché au cep. Il en est de même pour vous : si vous ne demeurez pas en moi, vous ne pouvez porter aucun fruit. Je suis le cep de la vigne, vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, portera du fruit en abondance, car sans moi, vous ne pouvez rien faire.[29]

Nous perdrons une partie de notre récompense céleste. Notre salut est un don de Dieu et on le reçoit uniquement par la foi.

Puisque nous avons été déclarés justes en raison de notre foi, nous sommes en paix avec Dieu grâce à notre Seigneur Jésus-Christ.[30]

Cependant, nous avons compris que l’on est déclaré juste devant Dieu, non parce que l’on accomplit les œuvres que commande la Loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ… Car personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu’il aura accompli ce qu’ordonne la Loi.[31]

S’il est vrai que nous ne sommes pas sauvés par nos actes justes, la Bible nous enseigne qu’il y a un lien direct entre notre conduite ici-bas et les récompenses qui nous attendent au ciel.

Car nous aurons tous à comparaître devant le tribunal du Christ, et chacun recevra ce qui lui revient selon les actes, bons ou mauvais, qu’il aura accomplis par son corps.[32]

Or on peut bâtir sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses ou du bois, du chaume ou du torchis de paille.

Mais le jour du jugement montrera clairement la qualité de l’œuvre de chacun et la rendra évidente. En effet, ce jour sera comme un feu qui éprouvera l’œuvre de chacun pour en révéler la nature. Si la construction édifiée sur le fondement résiste à l’épreuve, son auteur recevra son salaire ; mais si elle est consumée, il en subira les conséquences. Lui, personnellement, sera sauvé, mais tout juste, comme un homme qui réussit à échapper au feu.[33] 

Si nous vivons dans la foi et l’obéissance à Dieu, nous avons la promesse de recevoir des récompenses célestes dans la vie future. Si nous péchons délibérément et continuellement, l’Écriture enseigne que nous perdrons une partie de nos récompenses célestes.

Demander pardon à Dieu

Nous péchons tous, et parfois (pas souvent, espérons-le) nous péchons délibérément. Certes, nous avons été sauvés par l’amour et la grâce de Dieu, et nous ne perdrons jamais notre salut, mais la Bible nous enjoint de confesser nos péchés et de demander pardon à Dieu.

Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste et, par conséquent, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout le mal que nous avons commis.[34]

Pourquoi sommes-nous tenus de confesser régulièrement nos péchés si nous sommes déjà sauvés et que tous nos péchés—passés, présents et futurs—ont déjà été pardonnés ? La raison en est que le pardon a deux acceptions, toutes deux liées à notre relation avec Dieu. La première acception a trait à la culpabilité ou l’innocence vis-à-vis de la loi et à la punition encourue pour le péché. En tant que pécheurs, nous sommes coupables de désobéissance et nous sommes « légalement » condamnés. Cependant, Jésus est mort pour nos péchés, prenant ainsi notre punition sur lui, de sorte que nous sommes « légalement » pardonnés et que notre condamnation est annulée.

Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.[35]

L’autre sens du pardon a trait au rétablissement de notre communion personnelle avec Dieu, qui a été ébranlée nos péchés. Nous devons régulièrement prier et demander à Dieu de nous pardonner nos fautes, car si nous ne nous les reconnaissons pas et que nous ne demandons pas au Seigneur de nous pardonner, un fossé spirituel s’installera entre Dieu et nous. Si nous voulons rétablir notre communion avec lui, nous devons rechercher son pardon et Lui demander de rétablir notre relation personnelle et étroite avec Lui.

Dans la première acception du pardon, Dieu communique avec nous depuis sa position de juge de l’univers. Dans la seconde acception, sa relation avec nous est celle d’un Père qui nous aime. Lorsque nous recevons le salut éternel en croyant en Jésus, nous sommes pardonnés parce que Dieu, en sa qualité de juge, pardonne tous nos péchés. Lorsque nous nous approchons régulièrement de notre Père céleste pour Lui demander pardon pour les péchés que nous avons commis, Il nous pardonne en sa qualité de Père et renouvelle notre relation avec lui. Parce que le péché a des conséquences, nous avons tout intérêt à confesser régulièrement nos péchés et à implorer le pardon de Dieu.


Note

Sauf indication contraire, toutes les citations bibliques sont extraites de La Sainte Bible, Version du Semeur, copyright © 2000 Société Biblique Internationale. Les autres versions citées sont la Segond 21 (S21) et la Bible en Français Courant (BFC). Tous droits réservés. Avec permission.



[2] Les commentaires suivants sont extraits du chapitre 5 de l’ouvrage de Wayne Grudem’s Christian Ethics [Éthique chrétienne ](Wheaton: Crossway, 2018).

[3] Grudem, Christian Ethics, 138.

[4] Exode 20.17.

[5] Matthieu 5.21–22.

[6] Matthieu 5.27–28.

[7] Galates 5.19–21 S21.

[8] Genèse 3.1–7.

[9] Romains 5.16.

[10] Galates 3.10, citant Deutéronome 27.26.

[11] Jacques 2.10 S21.

[12] Exode 20.17.

[13] Matthieu 5.19 S21.

[14] Matthieu 23.23.

[15] Jacques 3.1.

[16] Luc 12.47–48.

[17] 1 Pierre 4.8.

[18] Galates 3.26.

[19] Galates 4.7 traduction littérale de Strong.

[20] 1 Jean 3.1.

[21] Jean 1.12–13.

[22] 1 Pierre 3.11–12.

[23] Éphésiens 4.30.

[24] Apocalypse 3.19 BFC.

[25] Hébreux 12.5–7, 11 S21.

[26] Romains 6.16.

[27] 1 Pierre 2.9.

[28] 1 Pierre 2.11.

[29] Jean 15.4–5.

[30] Romains 5.1.

[31] Galates 2.16.

[32] 2 Corinthiens 5.10.

[33] 1 Corinthiens 3.12–15.

[34] 1 Jean 1.9.

[35] Romains 8.1 S21.