Jésus—Sa vie et son message : Les différences entre les Evangiles
juillet 10, 2015
par span> Peter Amsterdam
Jésus—Sa vie et son message : Les différences entre les Evangiles
[Jesus—His Life and Message: Gospel Differences]
(Vous pouvez lire l’explication et la présentation d’ensemble de cette série dans l’article d’introduction.)
Tous les événements que nous avons commentés jusqu’ici dans cette série – la naissance de Jésus, sa jeunesse, son baptême, et la tentation dans le désert – étaient antérieurs au commencement de son ministère. Avant de nous plonger dans ce que les Evangiles nous révèlent sur la vie de Jésus, sur son ministère et ses enseignements, il peut être utile de se pencher sur les différences qui apparaissent dans les Evangiles.
Quand on lit les quatre Evangiles, il est clair qu’il existe des différences entre les récits, à la fois dans le contenu et dans la présentation. L’Evangile de Jean raconte l’histoire de Jésus d’une manière assez différente des trois Evangiles synoptiques.[1] Il passe sous silence plusieurs histoires mentionnées par les auteurs des synoptiques, alors qu’il documente d’autres aspects et d’autres paroles de Jésus que ceux-ci ne mentionnent pas. En outre, même si les Evangiles synoptiques présentent entre eux de nombreuses similitudes, il existe également des différences entre eux. Par exemple, dans le choix des événements qui sont rapportés, dans l’ordre de présentation des événements, dans les paroles et les actes de Jésus, ainsi que dans la façon dont les auteurs ont structuré leur présentation.
Toutefois, en dépit de ces différences, globalement, le message des quatre Evangiles est le même: Jésus est le Fils de Dieu, le Messie annoncé dans les Ecritures de l’Ancien Testament, envoyé par son Père pour racheter l’humanité et ramener les gens à Dieu, dans une nouvelle relation, à travers son sacrifice ultime et sa résurrection.
Les auteurs des Evangiles ont écrit sous l’inspiration du Saint-Esprit, chacun avec sa personnalité distincte, ses antécédents, son contexte culturel, ses sources, son style narratif, et son auditoire, et tous ces facteurs se reflètent dans chacun des Evangiles. Chacun raconte l’histoire de son point de vue personnel et sur la base de ses souvenirs, ou à partir de ce que leur ont rapporté des témoins oculaires (Matthieu et Jean ont probablement puisé dans leurs souvenirs personnels, tandis que Luc et Marc se sont appuyés sur les récits de témoins oculaires). Avec l’assistance du Saint-Esprit, ils ont présenté la vie et les enseignements de Jésus d’une manière qui convenait à leur style d’écriture et qui intéresserait le public auquel ils s’adressaient. Il est donc logique que les Evangiles présentent entre eux des différences.
Malgré ces différences, il ne faut pas oublier que les auteurs rapportaient les témoignages de témoins oculaires – les leurs ou ceux d’autres témoins – et par conséquent, il faut s’attendre à ce que les récits diffèrent sur certains points de détail, comme c’est souvent le cas pour les récits de témoins oculaires. Dans un tribunal, les différents témoins oculaires sont rarement d’accord sur chaque point de détail; et lorsqu’ils le sont, généralement, on considère que leur témoignage n’est pas fiable ou qu’ils se sont mis d’accord au préalable pour tromper les juges et les jurés. En général, les récits de témoins oculaires diffèrent à des degrés divers et comportent ou, au contraire, passent sous silence, certains aspects mentionnés par d’autres témoins oculaires. Mais, pour autant, ces différences n’invalident pas leur témoignage.
Parfois, il arrive qu’un Evangile contienne un récit partiel ou abrégé d’un événement particulier; mais même s’il ne donne pas tous les détails de cet événement, c’est quand même un récit véridique. Un jour, j’ai entendu quelqu’un raconter une histoire qui illustre parfaitement mon propos : on demandait souvent à un jeune homme dans quelles circonstances il avait rencontré son épouse. Une fois, il raconta qu’il l’avait rencontrée sur un divan, une autre fois il dit qu’il l’avait rencontrée dans un grenier, et une troisième fois, il révéla qu’il l’avait rencontrée au cours d’une étude biblique. Ces trois versions étaient toutes véridiques puisqu’effectivement il l’avait rencontrée en s’asseyant sur un divan dans le grenier d’un ami où se réunissait un groupe d’étude biblique. Donc, lorsque l’on compare les différents récits de l’Evangile, Il faut se rappeler qu’un rapport partiel n’est pas synonyme de rapport mensonger.
Est-ce que les différences dans la façon dont les auteurs des Evangiles relatent l’histoire posent problème ? Cela signifie-t-il que le récit des Evangiles est inexact ou fictif ? Absolument pas ! Chacun des Evangélistes a raconté l’histoire de Jésus en ayant à cœur de partager la Bonne Nouvelle de l’identité de Jésus et de diffuser son enseignement, en sorte que les lecteurs puissent comprendre la merveilleuse œuvre que Dieu avait accomplie, et croire en Jésus. Certes, les quatre auteurs des Evangiles ont raconté la même histoire ; cependant, chacun d’eux l’a fait en mettant en avant les aspects particuliers qu’il souhaitait souligner ou mettre en lumière, et chacun d’eux a organisé son récit en conséquence.[2]
Par exemple, Matthieu insiste sur le fait que la venue de Jésus avait été prévue et prédite par Dieu dans les Ecritures saintes juives (l’Ancien Testament), plusieurs siècles avant sa naissance. Les événements entourant la naissance de Jésus, sa vie, ses enseignements, ses miracles et sa mort, ont accompli des prophéties précises documentées dans l’Ancien Testament. A onze reprises dans son Evangile, Matthieu se réfère à ces prophéties et à leur accomplissement.[3] Cela indique que son Evangile fut très probablement rédigé pour un public juif ou chrétien d’origine juive, et c’est dans cette optique qu’il a organisé son récit afin d’amener son public à la foi en Jésus.
L’Evangile de Matthieu est structuré autour de cinq discours majeurs :
1) Le Sermon sur la Montagne, qui concerne la vocation du disciple (5:1–7:29);
2) La mission confiée par Jésus aux apôtres (8:1–11:1);
3) Les paraboles du royaume (13:1–52);
4) Les relations dans le royaume, qui traitent de l’administration de l’église (18:1–19:1);
5) Le discours sur le Mont des Oliviers, qui aborde le jugement. (24:1–25:46).
Dans ces discours, Matthieu présente les enseignements de Jésus à travers le récit de sa vie, de sa mort, et de sa résurrection.
Marc, qui a écrit l’Evangile le plus court, a abordé l’histoire sous un angle différent. Il n’a pas accordé une place très importante aux discours, comme l’a fait Matthieu. Sa présentation est davantage axée sur l’action. Par exemple, le récit du baptême de Jésus, de l’Esprit qui descend sur Lui et des tentations dans le désert, tient en quatre versets. Matthieu a consacré seize versets à la même histoire, tandis que Luc en a consacré quinze. Chez Marc, on a l’impression que tout est intensité et action. Les choses se passent immédiatement. Marc emploie quarante fois le mot grec eutheōs (Yu-thé-os), traduit par immédiatement/dès que/tout de suite. Dans l’Evangile de Marc, les gens courent :
Quand il voit Jésus de loin, il court et se met à genoux devant Lui[4]; de toutes les bourgades, on accourut à pied;[5] les gens coururent alors dans toute la région et se mirent à Lui apporter les malades sur leurs nattes, là où ils entendaient dire qu’Il était;[6] un homme courut imbiber une éponge de vinaigre, la piqua au bout d'un roseau et la présenta à Jésus pour qu'Il boive.[7]
Marc s’attache à présenter Jésus comme le Fils de Dieu. Il commence son Evangile par ces mots : C'est ainsi qu'a commencé la Bonne Nouvelle de Jésus–Christ, le Fils de Dieu,[8] et à la mort de Jésus, il rapporte ces paroles du centurion romain qui se tenait en face de Jésus :
« Cet homme était vraiment Fils de Dieu ! »[9] Les esprits mauvais L’appelaient le Saint envoyé de Dieu[10] et le Fils de Dieu.[11] Au moment de la transfiguration, Dieu dit: « Celui–ci est mon Fils bien–aimé, écoutez–Le. »[12]
Lorsqu’au cours de son procès, on Lui demande s’Il est le Messie, le Fils de Dieu, Jésus répond: « Oui, Je le suis ! Et vous verrez le Fils de l'homme siéger à la droite du Tout–Puissant et venir en gloire avec les nuées du ciel. »[13] Tout au long de l’Evangile de Marc, Jésus est présenté comme le Fils de Dieu qui a autorité et pouvoir sur la maladie, sur les démons, et sur la nature. Les gens qui L’écoutent et viennent voir ce qu’Il accomplit sont frappés d’étonnement, stupéfaits, ébahis, émerveillés.[14]
Luc insiste sur le fait que Jésus est venu pour tout le monde, y compris les non juifs. A la naissance de Jésus, les anges annoncent la paix sur la terre aux hommes que Dieu aime.[15] Siméon appelle Jésus « la lumière pour éclairer les nations ».[16] Luc nous rapporte la fois où Jésus a évoqué des non-juifs de l’Ancien Testament qui avaient bénéficié de la grâce de Dieu—la veuve de Sarepta et Naaman le Syrien.[17] Il nous montre un Jésus sympathisant avec des Samaritains[18] et un centurion romain.[19]
Luc met également l’accent sur le Saint-Esprit : l’Esprit Saint descend sur Marie[20] ; Jean Baptiste est rempli du Saint-Esprit[21], tout comme sa mère[22]et son père[23]; même chose pour Siméon dans le temple[24]. Jésus est rempli de l’Esprit d’une manière tout à fait unique, au moment de son baptême par Jean, et toute sa vie sera imprégnée de la présence du Saint-Esprit.[25]
Après avoir relaté la naissance de Jésus et le ministère de Jean le Baptiste, Luc nous retrace le ministère galiléen de Jésus (4:14–9:50). Il termine ce passage en nous montrant Pierre déclarant que Jésus est le Messie, Jésus expliquant qu’Il devra beaucoup souffrir et qu’Il sera mis à mort, et enfin, par une description de la transfiguration. Puis, dans les dix chapitres suivants, il raconte le voyage de Jésus vers Jérusalem (9:51–19:27). C’est au cours de ce voyage que Luc situe la plupart des paraboles de Jésus, dont certaines apparaissent uniquement dans l’Evangile de Luc. Contrairement à l’Evangile de Marc, Luc insère une grande partie des enseignements de Jésus dans son Evangile.
L’Evangile de Jean est divisé en deux parties principales, précédées d’un prologue (1:1–18) et suivies d’un épilogue (chapitre 21). La première partie (1:19–12:50) est souvent appelée le « Livre des Signes ». Tous les miracles (signes) de Jésus sont inclus dans cette partie. La seconde partie, qu’on appelle « le Livre de Gloire », débute par la Cène (chapitre 13), se poursuit par le Discours d’Adieux (chapitres 14–17), et s’achève par le récit de la Passion et de la résurrection. (Chapitres 18 à 20).
L’Evangile de Jean présente Jésus comme Dieu incarné. Il est l’incarnation de la vie :
En Lui résidait la vie, et cette vie était la lumière des hommes.[26] Le Père qui M'a envoyé a la vie en Lui–même, et c'est Lui qui Me fait vivre ; ainsi, celui qui se nourrit de Moi vivra lui aussi par Moi.[27] Il incarne la lumière : « Je suis la lumière du monde, dit–Il. Celui qui Me suit ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière de la vie. »[28] Il incarne la vérité: « Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par Moi. »[29]
Dans cet Evangile, Jésus est aussi l’expression personnelle de Dieu en tant que Fils.
« Reconnaissez et comprenez que le Père est en Moi et que Je suis dans le Père. »[30] « Moi et le Père, nous ne sommes qu’un. »[31] Cette remarque fut pour eux une raison de plus pour chercher à Le faire mourir car, non content de violer la loi sur le sabbat, Il appelait encore Dieu son propre Père et se faisait ainsi l’égal de Dieu.[32]
Certes, tous les Evangiles racontent essentiellement la même histoire ; cependant, chacun des auteurs raconte l’histoire à sa manière ; c’est pourquoi nous avons quatre versions différentes de l’histoire de Jésus. D’ailleurs, même entre les Evangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc, qui présentent de nombreuses similitudes, il existe des différences dans l’ordre de narration des événements et dans les lieux. Par exemple, Matthieu nous parle d’un sermon donné sur une colline[33], tandis que Luc nous parle du même sermon donné dans un endroit plat.[34] La façon dont le sermon est formulé, bien que similaire, n’est pas tout à fait la même. Lorsque nous lisons les Evangiles, nous devrions garder à l’esprit que les paroles prononcées par Jésus et les sermons qu’Il a prêchés, n’ont pas été enregistrés avant d’être transcrits. Par contre, il est plus que probable qu’ils ont été répétés à différents moments, dans différents endroits.
Comme les autres enseignants juifs de son époque, Jésus était un maître itinérant. Il voyageait de ville en ville en compagnie de ses disciples. Il prêchait et enseignait partout où l’occasion se présentait. Nul doute qu’Il a répété les mêmes sermons et enseigné les mêmes choses à maintes reprises et devant différents auditoires ; et même si c’était les mêmes sermons et les mêmes enseignements, il est peu probable qu’Il employait chaque fois exactement les mêmes paroles dans chaque endroit où Il allait. Ses disciples connaissaient probablement par cœur ce qu’Il disait, du fait qu’ils l’avaient entendu à maintes reprises, et il est probable qu’ils étaient capables de répéter très exactement ce qu’Il enseignait, même s’Il ne le formulait pas toujours de la même façon. Ce sont ces différences de formulation qui apparaissent dans les Evangiles.
Les auteurs des Evangiles, qui se conformaient au genre des biographies antiques, ont mis l’accent sur différents aspects de la vie de Jésus et de son ministère, et ils ont ordonné le récit des événements de la manière qui se prêtait le mieux à leur présentation de l’Evangile. Souvent, ils arrangeaient leur récit par thèmes plutôt que chronologiquement. C’est pour cette raison que l’ordre chronologique de certains événements diffère d’un Evangile à l’autre.[35] Au fur et à mesure de notre progression dans l’étude des Evangiles, je n’essaierai pas de synchroniser ou d’harmoniser l’ordre des événements ou les variations entre les formulations employées dans les Evangiles, mais je m’efforcerai de mettre l’accent sur le sens des enseignements de Jésus et sur le message de sa vie.
S’il est vrai que chacun des auteurs des Evangiles a mis l’accent sur différents aspects de l’enseignement de Jésus, ou a rapporté dans son Evangile des faits et des témoignages uniques, il reste qu’ils ont tous écrit de merveilleux récits de la vie de Jésus qui ont inspiré des milliards d’êtres humains à entrer dans le royaume de Dieu. Puissions-nous apprécier à sa juste valeur chacun de ces récits qui ont transformé nos vies et puissions-nous les partager avec ceux dont Dieu nous amènera à croiser la route.
NB :
Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright ©2000 par Société Biblique Internationale. Tous droits réservés. Avec permission. Les autres versions citées sont la Bible en français courant (BFC), la Parole de Vie (PDV).
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[1] Pour en savoir davantage sur les Evangiles synoptiques et sur les Evangiles en général, reportez-vous à Jésus—sa vie et son message: Les quatre Evangiles
[2] Les remarques sur les quatre Evangiles sont tirées d’Elwell and Yarbrough, Encountering the New Testament [A la Rencontre du Nouveau Testament].
[3] Matthieu 1:22–23; 2:15,17, 23; 4:14–16; 8:17; 12:17–18; 13:35; 21:4–5; 26:53–54; 27:9–10.
[4] Marc 5:6 PDV.
[5] Marc 6:33.
[6] Marc 6:54–55 BFC.
[7] Marc 15:36.
[8] Marc 1:1.
[9] Marc 15:39.
[10] Marc 1:24 BFC.
[11] Marc 3:11.
[12] Marc 9:7.
[13] Marc 14:62.
[14] Marc 6:2, 6:51, 10:24, 12:17.
[15] Luc 2:14.
[16] Luc 2:32.
[17] Luc 4:26–27.
[18] Luc 10:30–37.
[19] Luc 7:2–10.
[20] Luc 1:35.
[21] Luc 1:15.
[22] Luc 1:41.
[23] Luc 1:67.
[24] Luc 2:25.
[25] Luc 3:22, 4:1, 4:14.
[26] Jean 1:4.
[27] Jean 6:57; voir aussi 5:21, 11:25, 14:6.
[28] Jean 8:12; voir aussi 3:19.
[29] Jean 14:6; voir aussi 1:14.
[30] Jean 10:38.
[31] Jean 10:30.
[32] Jean 5:18.
[33] Matthieu 5:1.
[34] Luc 6:17.
[35] Pour en savoir davantage sur les anciennes biographies, reportez-vous à : Jésus—sa vie et son message: Les quatre Evangiles.