Jésus—sa vie et son message : le Sermon sur la Montagne

juillet 25, 2017

par Peter Amsterdam

 [Jesus—His Life and Message: The Sermon on the Mount -- Anxiety]

 (Vous pouvez lire l’explication et le but de cette série dans cet article d’introduction.)

L’inquiétude

Après avoir parlé de l’importance de s’amasser des trésors, d’être généreux et de servir Dieu plutôt que mammon, Jésus aborde la question de l’inquiétude:

C’est pourquoi Je vous dis : ne vous inquiétez pas en vous demandant : « Qu’allons-nous manger ou boire ? Avec quoi allons-nous nous habiller ? » La vie ne vaut-elle pas bien plus que la nourriture ? Et le corps ne vaut-il pas bien plus que les habits ?[1]

En commençant par les mots C’est pourquoi Je vous dis, Jésus lie cette nouvelle partie de son Sermon à ce qu’Il vient de dire. Ayant choisi de donner la priorité à Dieu plutôt qu’à nos possessions, nous sommes invités à faire confiance à Dieu pour nos besoins élémentaires. Le fait d’admettre et de comprendre que Dieu est notre Père, qu’Il nous aime et qu’Il veut subvenir à nos besoins quotidiens, devrait nous inciter à avoir une grande confiance en Lui—au point de neutraliser notre anxiété ou notre préoccupation pour nos besoins physiques quotidiens. Il y a tout lieu de croire que cet enseignement parlait de façon éloquente aux premiers disciples vu que, comme Jésus, c’étaient des prédicateurs et enseignants itinérants qui ne savaient jamais avec certitude d’où viendrait leur subsistance quotidienne. Aujourd’hui, même si la plupart des chrétiens ne se trouvent pas dans cette situation, le principe selon lequel nous devons faire confiance à la providence de Dieu s’applique toujours.

Le mot grec merimnaō, qui a été traduit par inquiet ou anxieux, signifie être préoccupé, ou être inquiet. Presque toutes les versions contemporaines le traduisent par ne vous inquiétez pas ou ne vous faites pas de souci. Dans ce passage, l’inquiétude est le contraire de la foi. Le message de Jésus nous encourage à avoir foi dans le Père, à croire qu’Il est le créateur et souverain de toutes choses, et à Lui faire confiance pour subvenir aux besoins de ses enfants.  

Jésus emploie de simples analogies tirées de la nature pour nous dire que nous devons placer notre confiance en Dieu plutôt qu’en nos possessions ou d’autres sources de revenus. Il aborde la question de notre crainte et notre inquiétude de ne pas avoir assez pour aujourd’hui et pour le futur.

Voyez ces oiseaux qui volent dans les airs, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent pas de provisions dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’avez-vous pas bien plus de valeur qu’eux ? D’ailleurs, qui de vous peut, à force d’inquiétude, prolonger son existence, ne serait-ce que de quelques instants ? Quant aux vêtements, pourquoi vous inquiéter à leur sujet ? Observez les lis sauvages ! Ils poussent sans se fatiguer à tisser des vêtements. Pourtant, Je vous l’assure, le roi Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été aussi bien vêtu que l’un d’eux ! Si Dieu habille avec tant d’élégance la petite plante des champs, qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, à plus forte raison ne vous vêtira-t-Il pas vous-mêmes ? Ah, votre foi est encore bien petite ![2]

S’il est vrai que les oiseaux ne sèment ni ne moissonnent, cela ne veut pas dire non plus que Dieu leur met la nourriture dans la bouche ; ils doivent se débrouiller pour la trouver. Mais c’est quand même Lui qui leur donne à manger. Il donne leur pâture aux troupeaux de bétail, aux petits du corbeau que la faim fait crier.[3] Jésus emploie un raisonnement « a fortiori »[4] pour donner du poids à son argument : si Dieu nourrit les oiseaux, ne pensez-vous pas qu’Il vous nourrira, vous aussi, qui avez beaucoup plus de valeur que les oiseaux ? La preuve que la création humaine de Dieu a plus d’importance à ses yeux que sa création non humaine se trouve dans le récit de la création,[5] où l’on voit que les êtres humains sont l’acte ultime, le summum de sa création, quand Il leur donne autorité sur les animaux.[6] Jésus déclare également :

N’ayez donc aucune crainte ; car vous, vous avez plus de valeur que toute une volée de moineaux.[7] Eh bien, un homme a beaucoup plus de valeur qu’une brebis ![8]

Le second exemple tiré de la nature est celui des lis sauvages. Les petites fleurs, qui poussent dans les champs ou les prés, font encore moins d’effort que les oiseaux ; pourtant Jésus les trouve plus belles que les vêtements ou les richesses d’un roi. Ces jolies petites fleurs illuminent les champs de leurs magnifiques couleurs, mais elles ne durent que très peu de temps ; à l’époque de Jésus, on coupait l’herbe et les fleurs des champs, et elles servaient de combustible pour la cuisine. On voit que c’est le même raisonnement « a fortiori » qui est employé ici : si notre Père, le Créateur de tout ce qui est beau dans la nature et dans l’univers, a créé des fleurs éphémères d’une telle beauté, à plus forte raison subviendra-t-Il à tous nos besoins physiques comme les vêtements. 

Entre les exemples des oiseaux et des fleurs se trouve une petite parenthèse, qui montre à quel point il est inutile de s’inquiéter. Les traducteurs bibliques l’ont interprétée diversement, soit en la traduisant par « ajouter une coudée (environ un demi-mètre) à sa taille », soit par « prolonger son existence, ne serait-ce que de quelques instants » ; comme les deux traductions sont correctes, j’ai inclus les deux possibilités ici :

Et qui d'entre vous, par le souci qu'il se donne, peut ajouter une coudée à sa taille ?[9]

D’ailleurs, qui de vous peut, à force d’inquiétude, prolonger son existence, ne serait-ce que de quelques instants ?[10]

Dans les deux cas, la réponse à la question posée est évidente : cela ne sert à rien de s’inquiéter, puisque de toute façon cela ne changera rien.

Après avoir rappelé qu’il ne sert à rien de s’inquiéter, Jésus demande :

Si Dieu habille avec tant d’élégance la petite plante des champs, qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, à plus forte raison ne vous vêtira-t-Il pas vous-mêmes ? Ah, votre foi est encore bien petite ![11]

A plusieurs reprises dans l’Evangile de Matthieu, Jésus a dit votre foi est bien petite à des gens qui avaient peur ou qui s’inquiétaient au lieu de faire confiance à Dieu.[12] Dans cette phrase, le mot foi signifie l’assurance que Dieu peut et veut agir en faveur de son peuple.[13] Après avoir insisté sur le fait que le Dieu qui nourrit les animaux et revêt la terre de la splendeur de la nature est notre Père, qui nous aime et qui subviendra à tous nos besoins, Jésus nous redit : C’est pourquoi (considérant ce qui précède) il est inutile d’être anxieux ou de nous inquiéter :

Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas : « Que mangerons-nous ? » ou : « Que boirons-nous ? Avec quoi nous habillerons-nous ? » Toutes ces choses, les païens s’en préoccupent sans cesse. Mais votre Père, qui est aux cieux, sait que vous en avez besoin.[14]

Comme Il l’a déjà fait deux fois dans son Sermon, Jésus compare ce que font les non croyants à ce que devraient faire les croyants.[15] Le mot grec epizēteō, traduit ici par « s’en préoccupent sans cesse », exprime le concept d’une quête intense, ou d’une envie irrépressible d’acquérir quelque chose.[16] Alors que d’autres gens donnent la priorité aux choses matérielles du monde, les chrétiens doivent mettre l’accent sur le fait que nous avons un Père céleste qui nous aime et qui sait de quoi nous avons besoin, et donc, qui subviendra à ces besoins sans que nous ayons besoin de nous inquiéter ou de nous faire du souci à ce sujet.

Recherchez d'abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus.[17]

Dans ce verset, le mot grec zēteō veut dire rechercher une chose pour la trouver, tenter d’obtenir ou avoir envie de posséder quelque chose. Notre plus cher désir devrait être de voir le royaume de Dieu et sa justice. Nous sommes censés adopter les mêmes valeurs que Dieu, et obéir à l’enseignement de la Bible. Les croyants ne s’orientent pas dans la même direction que les autres du fait que nous cherchons à vivre les enseignements de Jésus. Quand nous le faisons, Il nous dit qu’Il pourvoira à tous nos besoins matériels. R. T. France fait cette remarque intéressante :

Le Père, dont vous désirez suivre l’enseignement et qui connaît vos besoins, pourvoira Lui-même à ces besoins. Remarquons toutefois qu’Il a seulement promis de pourvoir à nos besoins matériels de base. Il a promis au disciple de quoi survivre, pas la prospérité.[18] (Nous reviendrons sur ce point ultérieurement.)

Cette partie du Sermon se termine sur ces phrases :

Ne vous inquiétez pas pour le lendemain ; le lendemain se souciera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.[19]

Nous ne sommes pas censés nous inquiéter des problèmes potentiels de demain, mais nous devons faire confiance à Dieu pour les défis d’aujourd’hui et de laisser le lendemain entre ses mains. Chaque jour amène son lot de « peines » mais à la lumière de ce que nous enseigne Jésus dans ce passage, nous sommes assurés que, par la grâce de Dieu, Il va tout arranger. Jésus ne dit pas que nous n’aurons jamais de problèmes, mais Il nous demande d’affronter les difficultés avec la foi dans notre Père au lieu de nous inquiéter.

Dieu est notre Père et nous, les croyants, sommes ses enfants. En tant qu’enfants de Dieu qui recherchons son royaume et sa justice, nous pouvons faire confiance au Père pour subvenir à nos besoins alimentaires et vestimentaires. Il nous donne souvent bien plus que le strict nécessaire, mais ce passage promet le nécessaire. La manière dont Il y pourvoit n’est pas précisée mais, comme dans l’exemple des oiseaux cité par Jésus, on comprend que nous devrons travailler pour nous nourrir et nous vêtir ainsi que notre famille. Cela ne veut pas toujours dire que nous aurons un emploi salarié ; en effet, de nombreux missionnaires servent le Seigneur sans être salariés par une église ou une organisation missionnaire particulière. Mais, comme n’importe quel missionnaire se trouvant dans cette situation vous le dira, ils travaillent avec beaucoup d’abnégation au service du Seigneur et des autres, et ils font confiance à Dieu pour qu’Il pourvoie à leurs besoins. —Et Il le fait.

De nombreux chrétiens, qui cherchent à suivre la direction de Dieu dans leur vie, sont amenés à employer les dons que Dieu leur a donnés en prenant un emploi rémunéré ; ils exercent une influence chrétienne sur leur lieu de travail et inculquent l’amour et la connaissance de Dieu à leurs enfants. Ils s’efforcent, eux aussi, de servir Dieu à l’endroit où Il les a placés. Dans leur cas, ils reçoivent un salaire régulier. Mais le fait de recevoir une paie ne veut pas dire que Dieu ne pourvoit pas à leurs besoins. Ils ont sans doute prié pour que Dieu les aide à trouver un emploi et, en bons chrétiens, ils honorent leur Dieu en faisant leur travail honnêtement et fidèlement, et en montrant un bon exemple de chrétien autour d’eux. Dieu pourvoit à leurs besoins par l’intermédiaire de leur emploi, tout comme Il subvient aux besoins des oiseaux. C’est souvent grâce aux dons et aux dîmes des chrétiens salariés que les églises, les organisations missionnaires et les missionnaires eux-mêmes peuvent faire leur travail qui est d’annoncer l’Evangile.

Quand Dieu bénit les chrétiens avec des richesses, ils deviennent des intendants de ses bénédictions et sont censés être généreux envers les autres. Le danger qui guette les chrétiens riches, c’est qu’ils risquent de reporter leurs priorités ou leur allégeance envers Dieu sur les richesses matérielles, un danger contre lequel Jésus nous a clairement mis en garde dans ce passage de son Sermon. Dans un autre passage, Jésus disait:

Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.[20]

Comme les richesses matérielles peuvent rivaliser avec la loyauté d’une personne envers Dieu, ceux qui sont riches ont beaucoup plus de mal à laisser Dieu gouverner leur vie. C’est un constat que l’on retrouve dans la Parabole du Semeur :

D’autres encore reçoivent la semence parmi des plantes épineuses : ils ont entendu la parole, mais les préoccupations de ce monde et l’attrait trompeur de la richesse étouffent la parole, et elle ne produit rien.[21] 

Bien que le fait d’être riche constitue un défi supplémentaire pour le chrétien, on peut à la fois être disciple et être riche, l’un n’empêche pas l’autre.

Quand le soir fut venu, un homme riche, qui était d’Arimathée, arriva. Il s’appelait Joseph et était, lui aussi, disciple de Jésus.[22]

De nombreux chrétiens riches tiennent compte de la mise en garde de Jésus concernant les richesses et font preuve de générosité envers ceux qui sont dans le besoin, en bons intendants de la bénédiction de Dieu. La plupart d’entre nous ne sommes pas riches, mais nous aussi sommes censés avoir les bonnes priorités concernant l’argent et les biens matériels. Nous sommes censés subvenir aux besoins de notre famille, et faire tout notre possible pour leur assurer la sécurité financière, tout en veillant à ne pas laisser nos objectifs financiers prendre le dessus sur notre relation avec le Seigneur et sur notre vocation à Le servir. En tant que croyants, nous avons la responsabilité de nous servir de notre argent pour la gloire de Dieu, de nous occuper de nos bien-aimés et aussi d’aider les autres; nous sommes censés être généreux, et redonner une partie de notre argent à Dieu, sous forme de dîmes et d’offrandes, sans oublier de partager nos bénédictions financières avec ceux qui sont dans le besoin.

Lorsque nous lisons la promesse de Jésus où Il nous dit que Dieu pourvoira à nos besoins alimentaires et vestimentaires, n’oublions pas de la replacer dans le contexte du moment : Il enseignait ses disciples, qui voyageaient avec Lui et qu’Il envoyait deux par deux, pour aller de ville en ville, sans argent, sans vêtements de rechange et sans provisions de bouche. Il leur disait de ne pas se faire de souci pour leurs besoins physiques mais de faire confiance à Dieu pour y pourvoir. Par ailleurs, Jésus n’a jamais promis qu’aucun croyant ne manquerait jamais de nourriture, de boisson, ou de vêtements. Au cours des siècles, il est évident que de nombreux chrétiens sont morts de faim pendant une famine, ou en prison, ou qu’ils ont perdu tous leurs biens matériels pour une raison ou une autre. 

Le message contenu dans ce passage n’est pas que les chrétiens n’auront jamais de difficultés financières ou de périodes de « vaches maigres » ; cela ne veut pas dire non plus que notre vie sera exempte de problèmes et que nous pouvons nous attendre à ce que Dieu pourvoie abondamment à tous nos besoins, tout le temps et en tout lieu ; ni que nous n’aurons pas besoin de travailler pour obtenir notre subsistance. Le message de ce passage c’est que, en tant que croyants, nous sommes censés faire confiance à notre Père pour tout et ne pas nous inquiéter. Nous sommes entre ses mains. Il nous aime, Il nous donne à manger, Il prend soin de nous et Il subvient à nos besoins—parfois même en abondance. Il arrive parfois que des chrétiens ne soient pas protégés ou secourus dans des situations extrêmement difficiles, voire tragiques; mais même dans ce type de situation, nous sommes quand même censés faire entièrement confiance à Dieu, sachant qu’Il nous aime, que nous sommes ses enfants, et que nous vivrons avec Lui pour toujours.


NB:

Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright ©2000 par la Société Biblique Internationale. Les autres traductions citées sont la Darby ; la Segond 21 (SEG21) ; la Bible en Français Courant (BFC). Tous droits réservés. Avec permission.


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[1] Matthieu 6.25.

[2] Matthieu 6.26–30.

[3] Psaume 147.9.

[4] L’élargissement d'une conclusion limitée à une autre plus vaste, connu sous le nom d’argument « a fortiori ». Ces raisonnements sont structurés ainsi : Si …. , à plus forte raison …! Si Dieu habille avec tant d’élégance la petite plante des champs, ….. à plus forte raison ne vous vêtira-t-Il pas vous-mêmes ?

[5] Genèse 1.26–28.

[6] France, The Gospel of Matthew [L’Evangile de Matthieu], 268.

[7] Matthieu 10.31; Voir aussi Luc 12.7.

[8] Matthieu 12.12.

[9] Matthieu 6.27 Darby.

[10] Matthieu 6.27.

[11] Matthieu 6.30.

[12] Matthieu 8.26, 14.31, 16.8.

[13] France, The Gospel of Matthew [L’Evangile de Matthieu], 270.

[14] Matthieu 6.31–32.

[15] Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, allez-vous prétendre à une récompense pour cela ? Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’agissent-ils pas de même ? (Matthieu 5.46–47)

Dans vos prières, ne rabâchez pas des tas de paroles, à la manière des païens ; ils s’imaginent qu’à force de paroles, Dieu les entendra. Ne les imitez pas, car votre Père sait ce qu’il vous faut, avant que vous le Lui demandiez. (Matthieu 6.7–8)

[16] Morris, The Gospel According to Matthew [L’Evangile selon Matthieu], 161 no. 103.

[17] Matthieu 6.33 SEG21.

[18] France, The Gospel of Matthew [L’Evangile de Matthieu], 272.

[19] Matthieu 6.34.

[20] Marc 10.25.

[21] Matthieu 13.22 BFC.

[22] Matthieu 27.57.