Les histoires racontées par Jésus : Les deux bâtisseurs, Matthieu 7:24–27

juillet 11, 2016

par Peter Amsterdam

[The Stories Jesus Told: The Two Builders, Matthew 7:24–27]

Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus raconte à ses disciples une parabole destinée à souligner l’importance de mettre en pratique ce qu’Il leur enseigne. Les versions de Matthieu et de Luc du Sermon sur la Montagne[1] se terminent toutes deux par la parabole de deux bâtisseurs, celui dont la maison tiendra bon et l’autre, dont la maison s’effondrera.

Matthieu 7:24–27

Celui qui écoute ce que Je dis et qui l'applique, ressemble à un homme sensé qui a bâti sa maison sur le roc. Il a plu à verse, les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé avec violence, ils se sont déchaînés contre cette maison: elle ne s'est pas effondrée, car ses fondations reposaient sur le roc. Mais celui qui écoute mes paroles sans faire ce que Je dis, ressemble à un homme assez fou pour construire sa maison sur le sable. Il a plu à verse, les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé avec violence, ils se sont déchaînés contre cette maison: elle s'est effondrée et sa ruine a été complète.

Le récit de la même parabole, dans l’Evangile de Luc, comporte des différences mineures :

Luc 6:47–49

Savez-vous à qui ressemble celui qui vient à Moi, qui écoute ce que Je dis et l'applique? C'est ce que Je vais vous montrer. Il ressemble à un homme qui a bâti une maison: il a creusé, il est allé profond et il a assis les fondations sur le roc. Quand le fleuve a débordé, les eaux se sont jetées avec violence contre la maison, mais elles n'ont pas pu l'ébranler, parce qu'elle était construite selon les règles de l'art. Mais celui qui écoute mes paroles sans faire ce que Je dis ressemble à un homme qui a construit sa maison directement sur la terre meuble, sans lui donner de fondations; dès que les eaux du fleuve se sont jetées contre elle, la maison s'est effondrée, et il n'en est resté qu'un grand tas de ruines.

Les différences du texte sont mineures, et certains commentateurs expliquent que Luc s’adressait à des chrétiens non Juifs et qu’il a adapté son récit pour que la symbolique de la parabole leur soit plus accessible, tandis que le texte de Matthieu décrit une technique de construction courante dans la Palestine du premier siècle de notre ère. Je me référerai principalement à la version de Matthieu, et je commenterai occasionnellement celle de Luc.

Le bâtisseur sensé de Matthieu veille à ce que sa maison soit solidement établie sur un rocher, et dans le récit de Luc, il creuse profondément pour que les fondations de la maison soient assises sur le roc. Ils disent tous deux la même chose – à savoir que le fait de bâtir sur des fondations stables garantit que la solidité future de la maison. Ceux qui entendent les paroles de Jésus et les mettent en pratique ressemblent à ce bâtisseur.

Le deuxième bâtisseur évite la tâche difficile qui consiste à creuser jusqu’au roc, et choisit la solution de facilité qui est de bâtir la maison à même le sol, sans établir de fondations solides. Luc dit que le second bâtisseur bâtit sa maison directement sur le sol meuble sans lui donner de fondations. Matthieu dit la même chose en précisant qu’il construit sa maison sur le sable.

Une fois les travaux terminés, les deux maisons auraient eu plus ou moins la même apparence, et, dans des conditions normales, personne n’aurait vu la différence. Et pourtant, la différence est de taille! Dans la Palestine du 1er siècle de notre ère, la plupart du temps, on construisait les maisons pendant les mois d’été, pour éviter d’avoir à travailler pendant la saison des pluies. Les étés étaient très chauds et c’était pénible de creuser des fondations pendant les fortes chaleurs. Mais ce travail difficile était nécessaire si l’on voulait que la maison soit solidement établie. 

La différence entre les deux maisons apparaît quand les pluies arrivent. En Israël, la saison des pluies commence vers la mi-octobre, et c’est en janvier que les pluies sont les plus abondantes. Quand il pleut à verse, les pluies provoquent parfois des glissements de terrain qui descendent le long des collines ou des montagnes, en emportant tout sur leur passage.

C’est ce type de situation que Jésus évoque lorsqu’Il dit : « Il a plu à verse, les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé avec violence, ils se sont déchaînés contre cette maison. » Une forte pluie, doublée de vents violents et d’inondations, s’est déchaînée contre la maison bâtie sur le roc, mais elle a tenu bon. Quant à la maison qui n’avait pas de fondations, elle s’est effondrée. Les deux maisons ont subi les assauts de la pluie, du vent, de la tempête et de l’inondation, mais seule la maison bâtie sur de solides fondations a résisté et en est sortie indemne.

Luc se concentre sur l’inondation et les eaux qui assaillent la maison et la font s’écrouler. Cette description imagée a probablement trouvé un écho parmi son public, c’est-à-dire ceux qui vivaient dans des régions en dehors d’Israël et qui auraient été plus familiers avec des rivières qui débordent et provoquent des inondations. Dans les deux cas, la maison qui n’avait pas de fondations s’effondre.

En racontant cette parabole, Jésus met ses auditeurs devant un choix : écouter et ignorer, ou bien écouter et mettre en pratique ce qu’ils ont entendu. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus parlait de l’appel du disciple et des critères du royaume de Dieu. Ensuite, Il nous met au défi d’appliquer ce qu’Il a enseigné. Les Juifs auxquels Il s’adressait étaient familiers avec ce concept d’écouter et de faire ce que la Torah enseignait, mais là, Jésus leur demandait d’écouter « ce que Je dis » et de l’appliquer. Il expliquait que ceux qui entendent et appliquent ses enseignements font preuve de sagesse et ceux qui ne le font pas sont stupides. Il faisait valoir que ses enseignements étaient à mettre sur un pied d’égalité avec ceux des écrits juifs.

Il dira plus tard : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront jamais.[2]

L’Ancien Testament parle d’inondations et de tempêtes pour désigner les difficultés de la vie[3] et les jugements de Dieu.[4] En fin de compte, l’effondrement de la maison est un symbole de jugement. En même temps, cette parabole est symbolique des épreuves que les croyants doivent affronter dans la vie.

Cette parabole, figurant à la fin du Sermon sur la Montagne, était adressée aux disciples de Jésus[5], et elle s’adresse également à tous ceux d’entre nous qui croyons en Lui et Le suivons. Les chrétiens sont censés mettre en pratique les enseignements de Jésus, et si nous ne le faisons pas, nous sommes comme le bâtisseur insensé dont la foi et l’endurance ne seront pas suffisamment fortes pour supporter l’épreuve. Le vrai test du disciple et la sincérité de ses convictions se révèlent dans ses actes. Ce n’est pas suffisant d’écouter la Parole de Dieu, si on ne l’applique pas et qu’on ne lui obéit pas. Jésus disait que celui qui ne met pas en pratique ce qu’Il a enseigné est comme l’homme insensé qui a bâti sa maison sur du sable.

Notre foi, notre vocation de disciple, doit être solide et durable, elle est censée grandir et mûrir. Tout comme le fait de creuser jusqu’à la roche pour établir des fondations était une tâche pénible dans la Palestine du premier siècle de notre ère, cela demande beaucoup d’efforts d’écouter et d’appliquer, jour après jour, les enseignements de Jésus. Ce n’est pas une tâche facile de vivre l’enseignement de Jésus, mais c’est nécessaire si nous voulons que notre foi soit solide et adulte, et si nous voulons endurer les tempêtes de la vie. Si nous prenons l’engagement et faisons l’effort d’écouter et de faire ce qu’Il enseigne, alors nous serons comme le bâtisseur sensé dont la maison a tenu bon.

Pour reprendre les paroles de Jacques, le frère de Jésus : Ne vous contentez pas d'écouter [la Parole], traduisez-la en actes.[6]


Les Deux Bâtisseurs, Matthieu 7:24–27                                                     

24  « C'est pourquoi, celui qui écoute ce que Je dis et qui l'applique, ressemble à un homme sensé qui a bâti sa maison sur le roc.

25 Il a plu à verse, les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé avec violence, ils se sont déchaînés contre cette maison: elle ne s'est pas effondrée, car ses fondations reposaient sur le roc.

26 Mais celui qui écoute mes paroles sans faire ce que Je dis, ressemble à un homme assez fou pour construire sa maison sur le sable.

27 Il a plu à verse, les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé avec violence, ils se sont déchaînés contre cette maison: elle s'est effondrée et sa ruine a été complète. »


NB :

Sauf indication contraire, les passages bibliques cités sont extraits de la Sainte Bible, version du Semeur, copyright ©2000 par la Société Biblique Internationale. Tous droits réservés. Avec permission. L’autre version citée est la Bible Segond 21 (SEG21).


[1] Matthieu 5:1–7:27; Luc 6:20–49.

[2] Marc 13:31. Voir aussi Matthieu 24:35; Luc 21:33.

[3] Psaume 69:2.

[4] Esaïe 8:7–8; Ezéchiel 38:22.

[5] A la vue de ces foules, Jésus monta sur la montagne. Il s'assit et ses disciples s'approchèrent de Lui. Puis Il prit la parole pour les enseigner. (Matthieu 5:1–2 SEG21).

[6] Jacques 1:22.