L’influence du christianisme (1ère partie)

mai 9, 2019

par Peter Amsterdam

[The Effects of Christianity, Part 1]

Peter Amsterdam

(Les éléments de cet article sont tirés du livre d’Alvin J. Schmidt, « How Christianity Changed the World ».[1])

À l’approche de Pâques—le jour où l’on célèbre la résurrection de Jésus qui a vaincu la mort pour apporter le salut au monde—il semble opportun d’examiner l’influence positive que la vie, la mort et la résurrection de Jésus ont eues sur l’humanité au cours des deux mille ans passés. Quand Jésus a donné sa vie pour que ceux qui croient en Lui puissent entrer dans une relation éternelle avec Dieu, Il a transformé la vie et la destinée éternelle de milliards de gens. A travers la vie de ceux qui ont cru en Lui et L’ont suivi, Il a amené un formidable changement au monde entier. Cette courte série examinera certaines des façons dont les chrétiens et le christianisme ont fait du monde un endroit meilleur.

Bien entendu, de nombreuses valeurs chrétiennes sont issues de la Torah juive (l’Ancien Testament des bibles chrétiennes), mais le christianisme a été le principal vecteur de diffusion de la culture judéo-chrétienne, et est aussi le moyen par lequel le message du salut par le Christ a été diffusé dans le monde.

La valeur de la vie humaine

Jésus naquit à une époque où l’Empire romain régnait sur une grande partie du monde connu. Il est donc naturel que les valeurs morales de Rome imprégnaient une grande partie de la société. Les Romains n’accordaient que peu de valeur à la vie humaine. La valeur d’une personne se mesurait en fonction de sa contribution au tissu politique de la société. On peut le voir dans bien aspects du monde romain, par exemple dans les pratiques de l’infanticide, des jeux de gladiateurs, et du suicide.

Au contraire, les premiers chrétiens considéraient la vie humaine comme sacrée, car ils croyaient ce que la Bible enseigne sur la valeur de la vie et que les êtres humains ont été créés à l’image de Dieu.

Dieu créa les hommes pour qu’ils soient son image, oui, il les créa pour qu’ils soient l’image de Dieu. Il les créa homme et femme.[2]

Pourtant, tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, tu l’as couronné d’honneur et de gloire.[3]

Ils comprenaient que Dieu honorait la vie humaine en envoyant son Fils s’incarner en tant qu’être humain :

Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. Au commencement, il était avec Dieu.… Celui qui est la Parole est devenu homme et il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité ![4]

Du fait que Dieu accorde une grande valeur à la vie humaine, les premiers chrétiens comprenaient que la vie devait être honorée et protégée.

Infanticide et abandon d’enfants

Le meurtre d’enfants nouveau-nés était chose courante dans le monde gréco-romain. On tuait les nourrissons pour différentes raisons ; par exemple, s’ils étaient nés difformes ou chétifs, non désirés ou parce que les parents estimaient qu’ils n’avaient pas les moyens d’élever l’enfant. Le philosophe et homme d’état romain Sénèque écrivit : « Les chiens fous, nous les frappons sur la tête... la progéniture contre nature, nous la détruisons; nous noyons même les enfants qui, à la naissance, sont faibles et anormaux. »[5] Souvent, le moyen employé pour tuer un enfant non désiré était de l’exposer, c’est-à-dire d’abandonner le nouveau-né sur le bord de la route ou sur un tas d’immondices, parfois même dans un dépotoir.

Pour les chrétiens, l’infanticide était un meurtre, et les premiers écrits chrétiens condamnaient cette pratique. La Didachè (écrite entre 85 et 110 après J.-C.) stipulait : « Tu ne commettras pas d’infanticide. » Au cours des quatre premiers siècles de notre ère, les chrétiens n’avaient pas le pouvoir politique de mettre fin à l’infanticide couramment pratiqué à l’époque romaine, car ils étaient eux-mêmes persécutés et parfois même martyrisés. Toutefois, durant cette période, les chrétiens prenaient souvent des bébés abandonnés chez eux ou les plaçaient chez d’autres croyants qui s’occupaient d’eux et, souvent, les adoptaient. Ce comportement était très différent de celui de beaucoup de non-chrétiens qui vendaient les enfants abandonnés comme esclaves. En 374 après J.-C., l’empereur Valentinien interdit formellement l’infanticide sous l’influence d’un évêque chrétien. Bien que l’infanticide n’ait jamais été complètement éradiqué de l’Empire romain, les chrétiens continuèrent à le condamner. Après la chute de Rome, lorsqu’au fil des siècles, de nouveaux pays se formèrent en Europe, l’infanticide cessa d’être une pratique courante ou légale.

Les combats de gladiateurs

Les combats de gladiateurs dans les jeux du cirque sont un autre exemple du peu de valeur accordée à la vie humaine dans l’Antiquité ; les combats de gladiateurs, qui se battaient souvent jusqu’à ce que mort s’ensuive, étaient une forme de divertissement. Ces combats très populaires se déroulèrent dans les arènes de tout l’empire de 105 avant J.-C. à 404 après J.-C., dont le plus grand était le Colisée romain. On a estimé qu’au cours de cette période de 5 siècles, 500 000 personnes trouvèrent la mort dans le seul Colisée. Parfois, 30 000 à 50 000 spectateurs assistaient à ces jeux. L’empereur Trajan (98-117 après J.-C.) organisa des combats de gladiateurs qui durèrent quatre mois, au cours desquels plusieurs milliers de gladiateurs trouvèrent la mort sur les dix mille qui y participèrent – et ce, uniquement pour le divertissement des spectateurs. (Par la suite, les chrétiens persécutés furent martyrisés et mis à mort pour leur foi dans le Colisée.)

Les chrétiens de l’époque étaient consternés par ce mépris flagrant pour la vie humaine et cette absence de respect du commandement de Dieu : « Tu ne commettras pas de meurtre. » Les dirigeants de l’Eglise condamnaient ces jeux qui versaient le sang humain, et ils enjoignaient aux chrétiens de ne pas y assister. Au fil du temps, le christianisme se propagea et finit par devenir religion officielle quand l’empereur Constantin Ier promulgua l’édit de Milan en 313 après J.-C. Les empereurs chrétiens, comme Théodose le Grand et Flavius Honorius, finirent par interdire les combats de gladiateurs dans tout l’Empire romain. Dans son livre sur la vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire, Jérôme Carcopino affirme que les massacres dans les arènes cessèrent sur ordre des empereurs chrétiens.[6]  W. E. H. H. Lecky a écrit :

Il n’y a guère eu de réforme plus importante dans l’histoire morale de l’humanité que la suppression des spectacles de gladiateurs, un exploit qui faut presque exclusivement attribuer à l’Église chrétienne.[7]

Les sacrifices humains

Durant toute la période de l’Ancien Testament, nous lisons l’histoire de sociétés qui pratiquaient les sacrifices humains. Les sacrifices d’enfants étaient courants chez les disciples de Baal dans le pays de Canaan. Dans les environs de l’antique ville de Megiddo, au nord d’Israël, des archéologues ont découvert les restes d’enfants qui avaient été sacrifiés dans le temple d’Astaroth, sous le règne d’Achab et Jézabel.[8] En Israël, certains rois apostats qui s’étaient détournés de Dieu sacrifièrent leurs propres fils au dieu cananéen Moloch.[9] La pratique de ces sacrifices humains n’était pas limitée aux Cananéens ni aux rois  apostats d’Israël. Alors que les sacrifices humains étaient interdits dans tout l’Empire romain à l’époque de Jésus, les chrétiens y furent confrontés des siècles plus tard dans les pays païens. Par exemple, avant que saint Patrick n’apporte l’Evangile aux Irlandais, ceux-ci sacrifiaient leurs prisonniers de guerre aux dieux de la guerre, et leurs nouveau-nés aux dieux de la moisson.[10] Les sacrifices humains étaient chose courante chez les Prussiens et les Lituaniens païens jusqu’au XIIIe siècle. Cette pratique cessa grâce à l’influence chrétienne.

Le suicide

Dans la Rome antique, le suicide était souvent considéré comme un acte glorieux et c’était une pratique très courante. De fait, de nombreux philosophes et écrivains romains célèbres, ainsi que des empereurs romains, se suicidèrent. C’était également un moyen de punir les gens ; c’est ainsi que les empereurs ordonnaient parfois à des personnes qui étaient tombées en disgrâce de « s’ouvrir les veines. » Bien qu’il n’y eût pour un citoyen romain aucune interdiction de mettre fin à ses jours, les esclaves n’avaient pas le droit de se suicider parce qu’ils avaient un statut de propriété, pas plus que les soldats sauf s’ils étaient encerclés par des ennemis sur le champ de bataille.

Les chrétiens prêchaient que puisque Dieu est le dispensateur et le créateur de la vie, Lui seul est habilité à mettre fin aux jours d’une personne. Les dirigeants chrétiens des IIIe et IVe siècles, comme Clément d’Alexandrie, Grégoire de Naziance et Eusèbe, s’opposèrent à la pratique du suicide. Les conciles ecclésiastiques du IVe au XIVe siècle s’y opposèrent également. Thomas d’Aquin écrivit qu’il était moralement répréhensible de mettre fin à ses jours du fait que c’était un péché contre la nature :

Chacun s’aime naturellement ; le suicide a aussi fait du mal à la communauté dont l’homme fait partie intégrante ; c’était un péché contre le don de la vie que Dieu nous a donné. [11]

Pour une étude plus approfondie du suicide, voir Christianisme vivant : Les dix commandements (La protection de la vie humaine, 3ème partie)

Dans le monde romain de l’époque de Jésus, la vie humaine n’avait pas grande valeur. A notre connaissance, le meurtre et l’abandon d’enfants nouveau-nés ne suscitaient pas de réactions d’indignation. Le suicide n’était généralement pas considéré comme moralement répréhensible. Aller voir des gladiateurs s’entretuer pour se divertir était considéré comme normal. (Bien sûr, de nos jours beaucoup de films et d’émissions de télévision dépeignent la violence, la mort et le meurtre de façon très réaliste ; néanmoins, même si ce n’est pas sain spirituellement de voir ces scènes, la mort est jouée par des acteurs, ce n’est pas une mort réelle).

Dans l’Antiquité, la vie avait très peu de valeur. Toutefois, au fur et à mesure que le christianisme se répandit dans tout l’empire romain, la vie humaine acquit graduellement plus de valeur. L’idée que la vie humaine était sacrée et que le fait de prendre la vie d’un être humain innocent était moralement répréhensible commença à s’enraciner dans la compréhension des gens. L’impact du message chrétien au fil des siècles donna naissance à une compréhension morale de la vie humaine qui se propagea dans le monde entier, et contribua à changer le monde.


Note

Sauf indication contraire, tous les passages bibliques cités sont extraits de la Bible du Semeur, copyright © 1992, 1999 by Biblica, Inc.® Tous droits réservés.



[1] Alvin J. Schmidt, How Christianity Changed the World [Comment le christianisme a transformé le monde] (Grand Rapids: Zondervan, 2004).

[2] Genèse 1.27.

[3] Psaume 8.6.

[4] Jean 1.1–2, 14.

[5] Lucius Annaeus Seneca, De la colère 1.15.2.

[6] Jerome Carcopino, La vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'Empire (Paris ; Libraire Hachette).

[7] W. E. H. Lecky, History of European Morals: From Augustus to Charlemagne [Histoire de la morale européenne, d’Octave Auguste à Charlemagne] (New York: D. Appleton, 1927), 73.

[8] H. H. Halley, Halley’s Bible Handbook [Manuel biblique de Halley](Grand Rapids: Zondervan, 1965), 198, 206.

[9] 2 Rois 16.3, 21.6.

[10] Thomas Cahill, “Ending Human Sacrifice,” Christian History [“La fin des sacrifices humains”, Histoire chrétienne]60 (1998): 16.

[11] Thomas Aquinas, Somme Théologique (Westminster, MD: Christian Classics, 1948), 2:1463